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"Montre-moi tes morts et je te dirai qui tu es", à Morlaix, le couvent des Jacobins dévoile ses secrets

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L'Institut de recherches archéologiques préventives (Inrap) finit la première phase de ses fouilles dans l'église du couvent des Jacobins à Morlaix. Plus de 250 tombes ont été mises à jour et des objets remarquables retrouvés. Ce qui va permettre de mieux connaître l'histoire de la commune.

Jeanne Delahaye, technicienne à l'Inrap et morlaisienne, participe aux fouilles dans le couvent des Jacobins Jeanne Delahaye, technicienne à l'Inrap et morlaisienne, participe aux fouilles dans le couvent des Jacobins
Jeanne Delahaye, technicienne à l'Inrap et morlaisienne, participe aux fouilles dans le couvent des Jacobins © Radio France - Thomas Biet

La campagne de fouilles menées par l'Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) se termine dans l'église du couvent des Jacobins dans le centre de Morlaix.

Menée depuis le 11 septembre, elle a permis de mettre au jour plus de 250 tombes datant du XIIIe au XVIIIe siècle et de nombreux objets. "On est à 260 ou 270 tombes avec un nombre d'individus beaucoup plus important que les structures funéraires", indique Elodie Cabot, archéo-anthropologue à l'Inrap. Ce sont pour la plupart des tombes familiales où l'on peut retrouver jusqu'à 17 individus.

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Plusieurs dizaines de sépultures ont été mises à jour, dans une sorte de mille-feuille funéraire complexe
Plusieurs dizaines de sépultures ont été mises à jour, dans une sorte de mille-feuille funéraire complexe © Radio France - Thomas Biet

Le site ressemble à une scène de crime géante avec des éclairages qui font apparaître des dizaines de trous, des tombes et des ossements. Jeanne Delahaye est à genoux dans la terre, elle manipule un outil de dentiste. "On va passer de la pelle mécanique à la pioche, à l'outil de dentiste, c'est très variable, on s'adapte, explique la technicienne en archéologie. "Là, on est sur de la fouille fine puisqu'on dégage des squelettes, quand on arrive sur les zones sensibles, on change d'outil. On est sur un mur avec une tranchée de fondation qui semble recouper des sépultures avec des ossements qui apparaissent". Jeanne Delahaye travaille à la maison, puisqu'elle est Morlaisienne, une rareté dans son quotidien. "La plupart du temps, on est en déplacement. Là, je suis à deux minutes à pied de chez moi, c'est plus qu'agréable. Et participer à des fouilles d'ampleur, ça permet de répondre à des questions inexplorées, c'est passionnant".

Quelques cas suspects de maladies infectieuses

L'œil qui n'est pas averti ne voit pas tout de suite l'os, sans doute un tibia, se dégager sur la terre du couvent : "Ils sont plus ou moins bien conservés en fonction du sédiment et plus ou moins visible en fonction de la couleur". Cette terre a un avantage, sa forte humidité conserve bien les matières organiques, mais moins les ossements. Or, pour mener les études ADN, il faut que le collagène reste en bon état. "On va mener des études plus poussées sur quelques cas suspects de maladies infectieuses, avec la présence de chaux dans les tombes, mais les analyses d'ADN anciens ne marchent pas à tous les coups" explique Élodie Cabot. Tous les ossements vont en revanche être analysés à Rennes pour déterminer l'âge, le sexe et des éléments d'infection ou de traumatisme. "L'idée est de faire une sorte de carte d'identité de chaque défunt".

En savoir plus sur la population de Morlaix à travers les siècles

Des recherches qui vont permettre aussi d'en savoir plus sur la population morlaisienne à travers les siècles : "Comprendre comment on enterrait nos morts du XIIIe au XVIIIe siècle, avec quels types de structures funéraires, le type de sépultures, etc, en sachant que l'échantillon est biaisé puisque ce n'est pas le commun des mortels qui se faisaient enterrer ici, mais plutôt la petite noblesse ou la grande bourgeoisie". Il faut donc s'attendre à trouver des malades du diabète ou de la goutte, signe d'opulence réservé aux plus riches à l'époque.

Des objets ont également été retrouvés et vont être analysés, notamment un grain de chapelet très particulier, en forme de tête de mort. "Il n'y a que quelques exemplaires en France et on n'en avait jamais retrouvé dans le Grand Ouest, on aime bien ce qui est inédit en archéologie, ça fait toujours plaisir", sourit Élodie Cabot.

Il va maintenant faire place nette. Une dalle drainante va être coulée à l'endroit des fouilles. À l'automne prochain, l'Inrap va mener une deuxième phase d'étude pour étudier le bâti de l'église qui n'a donc pas fini de dévoiler tous ses secrets.

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