Utiliser des chiens pour dépister le coronavirus : une expérimentation est lancée à Maisons-Alfort
La région Ile-de-France a officiellement lancé une étude concernant la détection du coronavirus par des chiens, ce mercredi à Maisons-Alfort (Val-de-Marne). Si les résultats sont concluants, ces tests pourraient développer et s'étendre, jusqu'à être démocratisés.
L'Ecole nationale vétérinaire d'Alfort, située à Maisons-Alfort (Val-de-Marne), a lancé officiellement ce mercredi avec la région Ile-de-France une expérimentation : faire dépister le coronavirus par des chiens. Au total 2.000 jeunes, des étudiants, des lycéens, des collégiens et des apprentis vont être testés. Pour cela, un chien doit renifler une compresse imbibée de leur sueur à travers un cône.
À la tête de l'expérimentation, le professeur Dominique Grandjean, qui enseigne à l'École nationale vétérinaire d'Alfort. Tout est en passe de s'accélérer : la présidente de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse, était ce mercredi sur place pour lancer officiellement l'expérimentation, en partenariat avec l'AP-HP, qui de son côté mène actuellement une recherche clinique pour évaluer si le dépistage des substances olfactives présentes dans la sueur reniflées par les chiens est plus sensible que le dépistage PCR de référence.
Prochaine étape : sentir les masques ?
Les résultats seront connus dans "15 jours, trois semaines", explique Constance Delaugerre, professeur de virologie à l'hôpital Saint-Louis. Et s'ils sont probants, ils pourraient être démocratisés. Puisque c'est bien le dépistage de masse que vétérinaires et médecins veulent mettre en avant avec cette méthode : "Comme le chien détecte une compresse de transpiration positive au Covid-19 en moins de 60 secondes, on peut imaginer du dépistage dans des situations où il y a un grand nombre de personnes, les aéroports d'une part, mais aussi les universités, où les chiens dépisteraient et où les seules personnes négatives pourraient entrer, on a besoin d'élargir les tests, quoi qu'il arrive", affirme la virologue.
Si ça fonctionne, ça allègerait considérablement les procédures de tests, il suffira de se mettre une compresse dans la nuque ou sous le bras et de la faire renifler, ça serait vraiment révolutionnaire - Valérie Pécresse, présidente de la région Ile-de-France
Le professeur Grandjean veut aller plus loin et former les chiens à reconnaître l'odeur du virus sur un masque. "C'est grâce à l'étude sur l'air exhalés des patients positifs et négatifs intubés de l'hôpital Foch de Suresnes qu'on a eu cette idée. Ils ont remarqué que sur les positifs on retrouvait toujours les mêmes molécules spécifiques à la maladie. Ils se sont dit que c'était peut-être les mêmes qu'il y a dans la sueur. Et quand on teste des masques positifs, les chiens marquent, donc ça voudrait dire que ce sont bien ces molécules-là qui sont en cause, et si on arrive à confirmer ça, ça pourrait nous donner une nouvelle voie d'investigation", affirme le professeur Grandjean.
2.000 personnes testées
Pour se faire tester, les volontaires vont devoir se passer une compresse dans la nuque ou sous l'aisselle, compresse qui sera ensuite mise dans un pot et fixée à l'arrière de cônes d'olfaction, dans lesquelles les chiens vont venir mettre leur tête pour tenter de reconnaître et "marquer" l'odeur du virus. "On le rentre dans la bibliothèque olfactive du chien, et quand il le sent, ça va déclencher une réaction de sa part", affirme le professeur.
Si chaque département formait une dizaine de chiens, ça ferait un millier de chiens formés sur tout le territoire, et ça peut permettre de faire 400.000 dépistages par jour
Des pré-tests
Le pari est assez ambitieux, d'autant qu'on ne sait pas pour l'instant si ça marche. La virologue Constance Delaugerre, qui représente l'AP-HP dans ce projet, ne veut pas s'avancer tout de suite : "On ne peut pas du jour au lendemain décider qu'un chien va remplacer des marqueurs biologiques qui ont été validés. Et le développement d'un test a un cahier des charges extrêmement lourd. Le chien peut être une nouvelle opportunité mais pour rentrer dans ce dispositif réglementaire de diagnostic, c'est tout un procédé", souligne la virologue Constance Delaugerre.
Elle envisage plutôt cette méthode de dépistage comme un pré-test, "pour écarter les patients positifs et qu'ils aillent effectuer un test PCR ensuite dans un laboratoire".
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