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"Le masque protège de la Covid mais pas du VIH" : baisse importante des dépistages du Sida dans l'Yonne

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Le Sidaction s'ouvre dans des conditions particulières cette année. Le VIH a été complètement éclipsé par le Covid. Les dépistages ont chuté dans l'Yonne, pourtant le Sida circule toujours. Entretien avec le Docteur Hughes Barthélémy.

Le Covid a éclipsé le VIH depuis un an, pourtant il est toujours aussi important d'aller se faire dépister. (Photo d'illustration) Le Covid a éclipsé le VIH depuis un an, pourtant il est toujours aussi important d'aller se faire dépister. (Photo d'illustration)
Le Covid a éclipsé le VIH depuis un an, pourtant il est toujours aussi important d'aller se faire dépister. (Photo d'illustration) © Radio France - Guillemette Franquet

Une nouvelle édition du Sidaction s'ouvre aujourd'hui dans des conditions plus que particulières en raison du Covid. La campagne de dons se poursuit jusqu'à dimanche pour financer la recherche contre le Sida qui sévit depuis plus de 40 ans en France. Complètement éclipsé par le coronavirus, les dépistages sont en chute libre depuis plus d'un ans alors que le VIH est pourtant toujours là. Le Docteur Hugues Barthélémy, médecin responsable du CEGIDD, le centre de dépistage des Infections Sexuellement Transmissibles au centre hospitalier d'Auxerre, alerte face à cette situation. Pour rappel, le dépistage au CEGIDD est anonyme gratuit et sans limite d'âge.

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Depuis un an, on va moins se faire dépister pour le VIH ? 

On a vu une diminution très, très importante, voire même un arrêt total du nombre de personnes qui se rendaient au centre pour effectuer des dépistages. Déjà, à cause des confinement. Et puis, le fait que le CEGIDD est au sein du centre hospitalier, donc avec toutes les consignes sanitaires qu'il y a eu jusqu'à présent et qui, malheureusement, on a eu une baisse conséquente du nombre de consultants et pourtant, c'est toujours aussi important d'aller se faire dépister. Le masque protège de la Covid, mais il protège pas du VIH. En pourcentage, même s'il y a eu peu de dépistages, les positifs sont toujours aussi nombreux. Les échanges sociaux ont quand même énormément diminué ces derniers mois. Donc, on aurait pu espérer une baisse de la contagion. C'est difficile à apprécier au bout d'un an. C'est un peu tôt, peut-être.

Et aujourd'hui, peut-on se faire dépister normalement à l'hôpital ? 

Complètement. On est à nouveau ouvert, sur rendez-vous comme avant. Le personnel déplacé sur les Covid est revenu sur le Cegidd. Là on fonctionne à 100% sans aucun aucun souci. 

Est-ce qu'une population est plus exposée qu'une autre ? 

Là, on a pas assez de statistiques. Mais avant le Covid, là où il y avait le plus de VIH concerne quand même les gens relativement jeunes. Je dirais les moins de 30 ans. Parce que dans cette génération là, qui n'a pas connu le sida, allez à la grande époque j'oserais dire des années 86. C'est une maladie qui touche plutôt les veux et donc on n'a pas besoin de se protéger parce que nous, on est jeune. On entend un peu la même chose d'ailleurs avec la Covid. Ceux qui ont connu le sida dans les milieux, par exemple homosexuels, qui ont perdu des copains, des compagnons, y sont beaucoup plus vigilants, beaucoup plus prudents. Mais les jeunes qui n'ont pas été touchés dans leur chair propre. Pour eux, c'est de l'histoire de vieux.

24% des jeunes pensent toujours qu'on peut attraper le sida avec un bisou, selon un sondage Ipsos paru le mois dernier. Il faut continuer la prévention. 

Complètement. Malheureusement, là aussi, l'habitude s'est installée. C'est quand même moins qu'avant. Mais c'est vrai que la partie est loin d'être gagnée. 

On peut aussi s'étonner d'avoir trouvé un vaccin contre le Covid aussi rapidement, alors que le Sida sévit en France depuis 40 ans et que les recherches n'ont pas encore permis de trouver de vaccin.

Non, c'est pas étonnant. On n'est pas du tout dans la même famille de virus. On est dans des virus qui sont beaucoup plus mutagènes au niveau du sida, qui n'ont pas du tout la même toxicité, qui s'accroche pas de la même façon et qui ne se reproduisent pas du tout de la même façon. C'est-à-dire qu'il ne faut jamais oublier que dans le Sida - pour schématiser - le virus entraîne un déficit immunitaire et c'est le déficit immunitaire qui tue les gens. Et ce n'est pas le virus qui tue les gens. Dans la Covid c'est quand même le virus qui est pratiquement directement responsable d'hyper réactivité immunitaire et qui tue les gens très rapidement. 

Quand vous attrapez le VIH, vous pouvez avoir une salve d'infection dans laquelle il y a quelques petits signes cliniques comme une éruption cutanée, un petit train de fièvre, mais pas grand chose. Et c'est 6 mois, 10 ans, 5 ans après que les dégâts sur le système immunitaire se feront ressentir et qu'apparaissent les co-infestations. Dans la Covid, vous êtes tout de suite malade. C'est l'effet direct du virus. Donc cela déjà explique les choses. 

Et en plus, on est pas du tout dans le même type de virus. Et donc, l'argument qui dit "la Covid on a su faire quelques chose, le sida on ne fait rien parce que c'est une population à part" je pense que c'est un très, très mauvais argument, fallacieux parce qu'on est en présence d'un virus qui est vraiment très complexe et surtout, qui est très résistant par rapport au coronavirus. Si on parle sous, le marché du vaccin contre le sida rapporterait sûrement plus d'argent que le coronavirus. Parce que comme il ne s'adresse pas à 100% de la population, je pense que le vaccin se vendrait plus cher. Donc l'histoire que l'industrie met des sous là où ça l'intéresse, je crois que c'est c'est un mauvais procès d'intention.

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