L’IA peut-elle à terme remplacer le médecin ? Le point de vue du Professeur Dominique Barbolosi

Les cours de mathématiques ne sont pas un bon souvenir pour tout le monde. Combien d'élèves se sont demandés à quoi leur servirait de savoir résoudre des équations complexes dans leur vie ? Pour les professeurs et les scientifiques réunis depuis ce jeudi 25 janvier à Ajaccio, dans le cadre de la Fête de la Science, la réponse est pourtant évidente : Les mathématiques sont au service de la médecine et permettent des avancées énormes dans la détection et les soins des maladies. Jusqu'à ce soir des conférences –ouverte au grand public et aux scolaires– ont lieu sur ce thème à l'hôtel Campo dell'Oro, à l'initiative de la ligue contre le cancer. Le Dr Sauveur Merlenghi, président du comité départementale de Corse-du-Sud, le rappelle, « les mathématiques sont indispensables aux médecins ».

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"Passer de l'abstrait au concret"

« Que ce soit le scanner, que ce soit l'échographie, l'IRM, que ce soit le pet-scan... tous les moyens d'investigation actuels vont faire appel à des mathématiques et, en particulier, à l'intelligence artificielle, parce qu’elles sont la source de quelque chose qui permet de passer de l'abstrait au concret », explique-t-il.

"Aider les médecins à aller plus loin"

« L'IA c'est une terminologie qui est très mauvaise, ça n'a rien à voir avec l'intelligence », précise Dominique Barbolosi, professeur de mathématiques à l’université d’Aix-Marseille qui a donné une conférence sur la thématique "Intelligence artificielle en médecine : Mythes et réalités". « Le terme le plus exact serait "intelligence assistée par ordinateur" ou "intelligence augmentée". Il s'agit d'utiliser un ordinateur pour renforcer notre intelligence et surtout pas pour la remplacer. Cela ne va donc certainement pas remplacer les médecins, ça va les aider à aller plus loin ».

Pour ce spécialiste du sujet, invité de la rédaction de France Bleu RCFM ce vendredi 26 janvier, « dans certains domaines comme pour l’imagerie, il est clair que l'intelligence artificielle est prépondérante », reconnaît-il. « Elle va être encore plus prépondérante à l'avenir mais en aucune manière cela pourra remplacer l'interprétation faite par un radiologue, ça va simplement l'aider à mieux interpréter les images, à en avoir une utilisation plus fine. Cela ne va pas faire des choses automatiques. En tout cas, pas pour le choix d'un traitement qui va suivre, ou pour la prévention, etc… ».

Des avantages et des limites

D’où la nécessité de l’appréhender comme un outil d’aide à la recherche. « Si vous prenez par exemple un livre qui fait 10 000 pages et que vous y cherchez un détail. Si vous n’avez pas un moyen d'aller chercher ce détail, vous allez vous noyer » souligne le Professeur Dominique Barbolosi. « C'est là que l'outil mathématique, en particulier l'intelligence artificielle, peut faire gagner beaucoup de temps et permet d'éliminer les choses qui ne sont pas prépondérantes de celles qui le sont ».

Et d’ajouter : « L'intelligence artificielle est tout à fait liée à la quantité de données. Aussi si je prends par exemple un domaine dans lequel je travaille beaucoup avec le Dr Xavier Muracciole, à savoir la population des cancers pédiatriques. Là justement, la population est petite, ça c'est la bonne nouvelle : peu d'enfants ont le cancer. La mauvaise nouvelle, c'est que l’on dispose de peu de données. Dans ce cas-là, faire tourner des algorithmes d'intelligence artificielle sur peu de données ne donnerait rien du tout. Par conséquent, ce sont d'autres types de mathématiques qui vont être mobilisées et intervenir ».

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