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Hôpital Châteauroux-Le Blanc : finances, baisse d'activité, personnel, la Cour des comptes fait son rapport

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Un rapport de la Cour régionale des comptes, sur l'hôpital de Châteauroux-Le Blanc, est rendu public ce mercredi 25 octobre. Il évoque et chiffre plusieurs problématiques : le manque d'attractivité, qui entraîne une difficulté de recrutement, le déficit important, ou encore la baisse d'activité.

(image d'illustration) (image d'illustration)
(image d'illustration) © Radio France - Manon Klein

Déficit, organisation, intérim, fermetures de lits... La Cour régionale des comptes en Centre-Val de Loire passe à la loupe le centre hospitalier de Châteauroux-Le Blanc. Un rapport qui couvre la période 2017-2022 est publié ce mercredi 25 octobre. Ce document de près de 70 pages étudie des problématiques récurrentes ces dernières années au sein de l'établissement hospitalier : le déficit financier, la baisse d'activité dans plusieurs services, ou encore les difficultés de recrutement, qui entraînent un fort usage de l'intérim. Des problématiques communes à la majorité des hôpitaux en France. Il y est également question du service des Urgences, régulièrement engorgé à Châteauroux.

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Moins de passages aux Urgences mais un temps d'attente qui s'allonge

C'est peut-être la principal surprise que l'on peut avoir à la lecture du rapport de la Chambre régionale des comptes. Les experts notent qu'il y a une réduction du nombre de passages aux Urgences significative en 2019. Une diminution des venues notamment pour les cas les moins graves, permise par la mise en place du SAS (le service d'accès aux soins), qui a permis d'éviter ainsi 164 venues aux urgences pour les cas les moins graves. Pour autant, le délai d'attente des patients accueillis dans ce service, lui, augmente. "Le centre hospitalier n'explique pas l'augmentation du délai moyen d'attente" précise le rapport de la Cour régionale des comptes. Précisons qu'il s'agit d'une moyenne, et que le temps d'attente évidement est variable d'un jour à l'autre.

L'entrée des Urgences à l'hôpital de Châteauroux
L'entrée des Urgences à l'hôpital de Châteauroux © Radio France - Manon Klein

Comment expliquer alors ce paradoxe ? Faut-il y voir une mauvaise organisation ? Ce qui est certain, c'est qu'un grand nombre d'intérimaires se trouvent au sein du service des Urgences. Ils ont pu représenter jusqu'à la moitié des effectifs de ce service. Mais cela n'explique pas en soi le temps d'attente qui s'allonge. Cela peut être dû également aux pathologies de ceux qui sont accueillis.

Beaucoup d'intérimaires au centre hospitalier de Châteauroux-Le Blanc

Malgré une augmentation de l'effectif global de 9,3% entre 2017 et 2021, l'hôpital de Châteauroux a encore massivement recours à des contractuels et intérimaires. Il a des difficultés à recruter, liés selon la Cour régionale des comptes à des facteurs "exogènes". "En 2021, ces contractuels représentent près de 55% des effectifs médicaux de l’établissement (hors internes)" note ainsi le rapport de la Cour régionale des comptes en Centre-Val de Loire. Du côté des intérimaires, là-aussi ils sont nombreux pour pallier les difficultés à recruter dans certains services. La Cour régionale des comptes souligne leur coût important pour l'établissement. Il est passé de 4.270.631 euros en 2017, à 6.670.376 euros en 2022. Le nombre de praticiens hospitaliers titulaires a baissé lui de 14,7% entre 2017 et 2021.

Le plafond maximal autorisé pour rémunérer un intérimaire est désormais fixé par la loi Rist à 1.390 euros bruts  maximum pour une garde de 24 heures. Or, à l'hôpital de Châteauroux, cette garde était en moyenne payée 1.500 euros nets en décembre 2022, jusqu'à 2.000 euros la garde sur les dates du réveillon (la loi est entrée en vigueur après, en avril 2023). "L’établissement estime néanmoins que le recours au personnel intérimaire est nécessaire pour assurer la continuité des soins. Renoncer à ce personnel conduirait, au regard du manque chronique de médecins, à fermer ponctuellement des lits, voire des unités médicales." précise le rapport de la Cour régionale des comptes.

Outre le coût financier que représente le recours à l'intérim médical, c'est "un facteur fort de désorganisation des services" peut-on lire dans le rapport.

Pour attirer ou faire rester des professionnels de santé, l'hôpital déploie toute une série de mesures, listées dans le rapport : l'hôpital est adhérent de l'Agence d'attractivité de l'Indre, qui aide les internes et nouveaux praticiens à s'installer (recherche de logements, recherche de travail pour le conjoint, accueil des enfants dans les écoles...). Le centre hospitalier de Châteauroux-Le Blanc, par ailleurs, œuvre pour que ses praticiens en reconversion puissent continuer une activité au sein de l'établissement. Ainsi, six anciens urgentistes sont désormais responsables en addictologie, angiologie, rééducation, consultation douleur, département d’information médicale, soins palliatifs.

Une baisse d'activité

Le rapport aborde aussi la question de la baisse d'activité dans certains services du centre hospitalier, en notant la fermeture d'un certain nombre de lits en médecine-chirurgie-obstétrique. On en comptait 462, tous sites confondus, en 2017, contre 449 en 2021. Une baisse qui s'explique notamment par la fermeture de la maternité du Blanc, en 2018. L'activité "se dégrade de manière continue" résume le rapport de la Chambre régionale des comptes. Si le nombre lits a diminué, le nombre de places lui augmente, avec par exemple l'ouverture d'un nouveau bâtiment de chirurgie ambulatoire à Châteauroux en 2018.

Plus globalement, les séjours seraient en baisse de 16,3% entre 2017 et 2022 (au Blanc, c'est encore accentué, avec une diminution de 39% environ). La durée moyenne des séjours, elle, augmente globalement dans plusieurs services : +47% aux Urgences par exemple. Pour la Cour régionale des comptes, cette baisse de l'activité est dommageable pour les finances de l'établissement.

Une situation financière qui se dégrade

Le rapport de la Cour régionale des comptes de Centre-Val de Loire se montre critique concernant les finances de l'hôpital. À l'hôpital du Blanc, cela a commencé en 2006, et la fusion avec l'hôpital de Châteauroux en 2017 n'a pas permis de combler la dette**, même si la fusion a eu par ailleurs d'autres effets positifs (des investissements, ou encore la venue de praticiens de Châteauroux au Blanc). La fermeture de la maternité du Blanc a 2018, elle non plus, n'a pas permis de résorber le déficit. La Cour régionale des comptes préconise pour le site hospitalier de la Brenne de développer l'ambulatoire, estimant que 50% de l'activité de chirurgie avec hospitalisation complète réalisée actuellement pourrait basculer vers ce mode. "Si une éventuelle fermeture du service de chirurgie en hospitalisation complète est abordée lors des différentes instances de l'établissement, aucun calendrier de fermeture n'est à ce jour arrêté" ajoute dans son rapport. En effet, il ne serait pas question pour le moment de fermer ce service au Blanc.

Plus globalement, le rapport de la Cour des comptes conclue que "malgré une gestion satisfaisante, la santé financière du centre hospitalier (...) s'est sensiblement dégradée depuis 2017".

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