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Hémorragie de médecins aux urgences de l'hôpital d'Évreux-Vernon

Le centre hospitalier Eure-Seine, qui regroupe les hôpitaux d'Évreux et de Vernon, peine à recruter des urgentistes. La situation n'est pas nouvelle mais depuis que le chef des urgences n'a pas été renouvelé dans son poste et a préféré partir dans un hôpital parisien, ça devient compliqué.

Au moins six médecins urgentistes pourraient quitter les urgences du CHI Eure Seine avant la fin de l'année Au moins six médecins urgentistes pourraient quitter les urgences du CHI Eure Seine avant la fin de l'année
Au moins six médecins urgentistes pourraient quitter les urgences du CHI Eure Seine avant la fin de l'année © Radio France - Laurent Philippot

"On rencontre depuis de nombreuses années des difficultés à recruter des médecins urgentistes" explique Laurent Charbois. Après avoir pris la décision de ne pas renouveler le médecin dans son poste de chef de service, le directeur du Centre hospitalier intercommunal Eure-Seine doit gérer la crise et il le reconnaît " le départ du docteur Depil-Duval est une source de difficultés en juillet- août". Pour faire face, les urgentistes font des heures supplémentaires, jusqu'à 60 à 70 heures par mois pour certains d'entre eux et des intérimaires ont été recrutés. Un engagement de tous les personnels "médecins, infirmières, aide-soignantes ou secrétaires" que salue le directeur du centre hospitalier. 

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Le désormais ancien chef de service, le docteur Arnaud Depil-Duval ( en chemise à carreaux) est passé vendredi 2 août à l'hôpital pour faire ses cartons avant de rejoindre Paris (archives)
Le désormais ancien chef de service, le docteur Arnaud Depil-Duval ( en chemise à carreaux) est passé vendredi 2 août à l'hôpital pour faire ses cartons avant de rejoindre Paris (archives) © Radio France - Laurent Philippot

Trois médecins ont déjà quitté les urgences

Sur les deux sites d'Évreux et de Vernon, les médecins urgentistes, c'est une petite vingtaine de postes et après le départ d'Arnaud Depil-Duval qui deviendra au 1er septembre le numéro 2 des urgences de l'hôpital Lariboisière à Paris, trois d'entre eux ont déjà remis leur démission. Deux praticiens contractuels vont rejoindre un service d'urgences dans un hôpital dans les Alpes et le troisième, un praticien hospitalier a demandé une mise à disposition immédiate. Trois départs "c'est beaucoup" reconnaît Laurent Charbois, "dans un service qui ne compte pas pléthore de médecins"

Des départs qui déstabilisent le service" - Jérôme Pineau, secrétaire général CGT CHI Eure-Seine

"Est-ce que dans ce contexte, des gens vont avoir envie de venir travailler chez nous ?" s'inquiète le syndicaliste, également assistant de régulation médicale qui n'exclut pas une grève prochaine pour obtenir la même prime que les infirmiers et les aide-soignants qui effectuent des tâches médicales. Des infirmiers, qui, à peine sortis d'école, ne sont plus tentés par la fonction publique hospitalière. Difficultés de recrutement de personnels paramédicaux et de médecins. Un assistant devait rejoindre le CHI Eure-Seine, il ne viendra pas.  

Selon nos sources, trois médecins ont prévenu qu'ils quitteront les urgences en novembre, "à ce jour, je n'ai pas connaissance de ces départs" explique Laurent Charbois qui s'empresse d'ajouter qu'au 1er novembre, "l'hôpital accueillera deux assistants spécialistes régionaux, dans le cadre d'un partenariat avec le CHU Charles-Nicolle de Rouen"

Assurer la continuité médicale, surtout à Vernon

C'est la première priorité de Laurent Charbois, que cela soit pour l'activité des urgences ou pour l'activité du SMUR, mais la CGT s'interroge,"c'est une grosse inquiétude si des médecins ne reviennent pas" et craint que les urgences de Vernon ne fassent les frais de la pénurie de médecins urgentistes. 

On fera tout pour que l'accueil aux urgences de Vernon soit maintenu  " - Laurent Charbois, directeur du CHI Eure-Seine

Car avec 26.000 passages par an, le service des urgences de Vernon est le deuxième plus fréquenté du département de l'Eure, après celui d'Évreux (65.000 passages/an), mais "aujourd'hui, la variable d'ajustement, c'est le SMUR de Vernon" reconnaît Laurent Charbois qui, depuis le début de l'année, a déjà été amené à fermer provisoirement la ligne du SMUR, la nuit, reportant le travail sur les deux équipes du SMUR d'Évreux. Le service a donc fait appel à des médecins intérimaires. Une situation qui se poursuivra à la rentrée, puisque le site d'Évreux recherche un médecin remplaçant pour tous les jours de septembre et d'octobre. 

À Vernon, le compteur explose, puisque ce sont 87 vacations (urgences et SMUR) pour la même période (contre 30% habituellement). Pour répondre à cette situation exceptionnelle et pour attirer des médecins intérimaires, le directeur de l'hôpital serait peut-être prêt à dépasser le tarif fixé par décret et plafonné à 1207,05 € pour 24 heures de travail, comme le font déjà certains hôpitaux de la région. 

Recruter un nouveau chef des urgences

L'autre urgence, c'est reconstituer l'équipe et trouver un nouveau chef de service, parce qu'"un chef de service, c'est celui qui porte les projets et qui rend attractif son service pour les personnels médicaux et non médicaux" selon les mots de Laurent Charbois. Un nouveau chef qui  pourrait être recruté à l'extérieur ou en interne. Des discussions sont en cours avec plusieurs praticiens du CHI Eure-Seine (l'un d'entre eux a déjà refusé). Si un des praticiens de l'hôpital était promu chef de service, cela réglerait le problème du capitaine à bord du navire, mais pas de l'équipage, qui sera toujours en sous-effectif. 

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