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Covid-19 : à l'hôpital de Valence, les soignants ne voient pas le bout du tunnel

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Le variant Omicron va-t-il laisser un peu de répit aux hôpitaux? A Valence dans la Drôme, le nombre de patients Covid-19 hospitalisés semble se tasser. Mais les équipes, fatiguées, restent prudentes.

Dans le service médecine polyvalente de l'hôpital de Valence (Drôme) transformé pour la cinquième fois en unité Covid-19 Dans le service médecine polyvalente de l'hôpital de Valence (Drôme) transformé pour la cinquième fois en unité Covid-19
Dans le service médecine polyvalente de l'hôpital de Valence (Drôme) transformé pour la cinquième fois en unité Covid-19 © Radio France - Nathalie Rodrigues

A l'hôpital de Valence, on ne parle pas encore de décrue : la vague Delta "semble se tasser" depuis une dizaine de jours. Selon les derniers chiffres disponibles, 70 patients étaient hospitalisés en fin de semaine dernière, dont 16 en réanimation. Le variant Omicron, aux symptômes moins sévères, fera-t-il vraiment baisser la pression ? "Si on en croit tout ce qui se dit dans la littérature scientifique" explique le Dr Didier Noël, président de la Commission Médicale d'Etablissement, "Omicron serait moins générateur d'hospitalisations, même si il se transmet beaucoup plus rapidement. On a plutôt le sentiment que la situation est en phase de tassement, malgré un nombre de dépistages explosif et un taux d'incidence extrêmement élevé. On reste attentif, et on espère bien qu'Omicron ne va pas nous déborder."

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Les services "d'hospitalisation conventionnelle" très sollicités

Les services de réanimation et d'urgences ne sont pas les seuls à être éprouvés par les vagues successives de Covid-19. Les services dit "d'hospitalisation conventionnelle" sont aussi très sollicités. A l'hôpital de Valence, pour cette cinquième vague comme pour les précédentes, le service "médecine polyvalente" a été transformé en unité Covid : les 25 lits sont occupés par des patients Covid, envoyés par les urgences ou à leur sortie de réanimation. 

Il y a des chariots avec le kit masques, gants, surblouses, charlottes, gel hydroalcoolique devant chaque porte, et beaucoup de stress pour Myriam Sabatin, infirmière dans le service depuis 17 ans : "ce sont des patients dont l'état peut s'aggraver en une dizaine de minutes à peine. Il faut les surveiller de très près. C'est stressant et fatiguant. C'est plus que de la fatigue, c'est même un épuisement. Je sais qu'on l'entend beaucoup, mais c'est ça...épuisement physique et surtout moral. On nous parle de la lumière au bout du tunnel, mais nous on a l'impression qu'elle est très très très loin. Et on se demande où sont les patients que l'on traite habituellement. On se dit qu'ils sont peut-être moins bien pris en charge."

Les soignants du service médecine polyvalente devenu unité Covid-19 expriment fatigue et lassitude
Les soignants du service médecine polyvalente devenu unité Covid-19 expriment fatigue et lassitude © Radio France - Nathalie Rodrigues

Myriam n'écoute plus ce qui se dit dans les journaux_, "on se fie à ce qu'on voit au jour le jour...et nous, à ce jour dans le service, on est plein de patients Covid"._ La cadre de santé de médecine polyvalente, Déborah Engel, n'écoute plus non plus les informations : "depuis longtemps...on s'est un peu renfermés sur nous-mêmes, pour se protéger, parce que ce que l'on entend nous fatigue. L'équipe est lassée. On ne peut pas se projeter sur les objectifs du service, on est sans cesse rattrapé par une vague." Son quotidien à elle, c'est aussi remplir les tableaux de service, avec des équipes qui ne sont pas non plus à l'abri de l'épidémie : "il y a ceux qui sont malades, ceux qui ont un enfant à faire tester, ou un enfant dont la classe a fermé. Et trouver des renforts dans ce contexte, c'est très compliqué."

Comme pour toutes les vagues précédentes, le service médecine polyvalente de l'hôpital de Valence (Drôme) s'est réorganisé en unité Covid-19
Comme pour toutes les vagues précédentes, le service médecine polyvalente de l'hôpital de Valence (Drôme) s'est réorganisé en unité Covid-19 © Radio France - Nathalie Rodrigues

80% de patients non vaccinés

La moyenne d'âge des patients accueillis dans ce service est de 60 ans. 80% ne sont pas vaccinés. C'est le cas de Fateh, 50 ans. Cet habitant de Tournon-sur-Rhône sort de sept jours de réanimation : "je me suis vu ne plus pouvoir respirer, ne plus avoir la force de faire rien du tout. J'ai perdu 12 kilos...ça fait réfléchir." Pourquoi ne s'est-il pas vacciné ? Fateh, en France depuis un an et demi, cite le cas d'un ami qui a fait une complication en Espagne après le vaccin, nous parle de deux médecins aux avis contradictoires, et semble s'être perdu dans les débats : "le débat partout...vacciné, pas vacciné? Faut-il faire confiance? En tout cas, j'ai décidé désormais de me faire vacciner... plus tard. Là, les médecins m'ont dit d'attendre puisque je viens d'avoir le Covid."

L'infirmière Myriam Sabatin ne rentre pas dans ce débat avec les patients : "Je n'ai pas à rentrer dans cette discussion-là avec eux. Je les soigne. Mais, intérieurement, ça nous fait poser des questions. On se dit qu'ils ont perdu des chances." Le Dr Didier Noël, chef du service médecine polyvalente, ajoute : "dans le service, on a fait le choix de ne pas rentrer dans cette polémique. Ce qui nous importe, c'est de les sortir de ce mauvais pas. On n'est pas là pour juger leur choix. Les patients se rendent compte quand même qu'ils ont peut-être joué avec le feu."

Maëlys, elle, démarre sa carrière d'infirmière en plein Covid-19. Tout juste diplômée cet été, en rien découragée. "On s'adapte" dit-elle dans un sourire. "Avec les patients Covid, on surveille l'oxygène, et le moral aussi. Ils n'ont pas tous des visites, ils ne comprennent pas tout ce qui leur arrive. Il y a beaucoup d'anxiété chez ces patients." Du stress, de chaque côté de la porte des chambres du service.

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