Coronavirus : mise en cause pour ses TGV "clusters ambulants", la SNCF se défend

Les TGV sont-ils des "clusters ambulants" du Covid-19 ? L'inspection du travail du Rhône pointe en tout cas "un renouvellement d'air insuffisant" dans les trains, dans un rapport dévoilé jeudi par Mediapart. La SNCF a réagi vendredi, affirmant qu'elle applique "avec la plus grande rigueur" les consignes sanitaires. Le rapport a été réalisé après le "droit d'alerte pour danger grave et imminent" exercé par le syndicat SUD-Rail.

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Selon ce document, les niveaux de C02, indicateur du renouvellement et de la qualité de l'air, atteignaient le 12 mai à l'étage d'une voiture d'un TGV Lyon-Montpellier en moyenne 1.380 parties par million (unité de mesure du taux de pollution dans l'air), avec un pic à 4.200 ppm après un arrêt. D'après l'inspection du travail, "les relevés indiquent des valeurs supérieures à 880 ppm sur la totalité du trajet".

Mediapart souligne que le Haut conseil de la santé publique a fixé à 880 ppm en C02 le seuil à ne pas dépasser dans les espaces clos recevant du public. 

La SNCF "applique avec la plus grande rigueur toutes les consignes sanitaires"

La SNCF se défend ce vendredi en expliquant que les recommandations du Haut conseil ne concernent pas le transport ferroviaire. La réglementation fixe le niveau à 5.000 ppm. "Les matériels TGV sont conçus pour maintenir un niveau de CO2 compris entre 1.000 et 1.500 ppm", souligne l'entreprise ferroviaire, qui rappelle que "l'air recyclé subit en permanence un traitement mécanique, hygrométrique et thermique qui permet de diminuer le taux de particules virales diffusées par aérosolisation". 

La SNCF assure également appliquer "avec la plus grande rigueur toutes les consignes et règles des autorités sanitaires, en matière de ventilation ou de filtration de l'air à bord des trains, comme elle fait respecter le port du masque". Mais les TGV ne sont pas équipés de filtres à haute performance, contrairement aux avions, révèle Mediapart. 

Un problème de désinfection

Le rapport pointe également "l'absence de traçabilité de la désinfection effectuée à bord". L'inspection du travail souligne qu'un siège peut être "réattribué à un autre passager" après le départ du précédent client "sans aucune désinfection" entre les deux. Selon elle, les voyageurs portent aussi peu ou mal leur masque.

Elle conclut donc en retenant "un risque d'exposition des agents à bord" et des clients au coronavirus, "en l'absence de mesures effectives permettant le respect des gestes barrières" et d'"un renouvellement de l'air efficace".

Le secrétaire fédéral de SUD-Rail dit ne "pas faire du catastrophique, ni vider les TGV", où "il n'y a pas de clusters, pas plus de risques que dans un RER ou un supermarché". "Le cœur de notre démarche, c'est la santé des salariés à bord", a souligné Erik Meyer, car selon lui, "la direction ne prend pas les mesures nécessaires de prévention". Le syndicat réclame notamment des masques FFP2 pour les contrôleurs.

Interrogé sur CNews, Jean-Baptiste Djebarri se veut lui rassurant : "Les chiffres que nous avons, sur maintenant plus d'un an et demi, montrent que les transports en commun (...) ne sont pas des lieux de propagation prioritaires". Des études sont tout de même en cours.