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Contre la montée des violences aux urgences, comment protéger les soignants de l'hôpital de Guéret ?

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Une convention vient d'être signée pour garantir la sécurité à l'hôpital de Guéret. La police, la gendarmerie, le parquet et la direction de l'hôpital se sont mis d'accord pour faciliter le dépôt de plaintes des soignants victimes d'injures ou de violences.

Les urgences de l'hôpital sont particulièrement exposées à l'agressivité et aux violences. Les urgences de l'hôpital sont particulièrement exposées à l'agressivité et aux violences.
Les urgences de l'hôpital sont particulièrement exposées à l'agressivité et aux violences. © Radio France - Marie-Jeanne Delepaul

Chaque année, dix à quinze soignants de l'hôpital de Guéret portent plainte pour des violences. "Les injures et les insultes sont récurrentes", témoigne Valérie Teinturier, la cadre des urgences. L'une de ses collègues infirmière est en arrêt de travail depuis trois mois : "Un jeune mineur agité lui a donné des coups de pied dans le genou, une autre a pris des coups dans le thorax. Il y a une recrudescence de l'agressivité verbale, heureusement les agressions physiques ne sont pas quotidiennes."

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"Les délais d'attente font monter les tensions"

"Les délais d'attente font monter les tensions et les violences. Ca arrive régulièrement que des patients nous demandent pourquoi ils ne passent pas alors qu'un autre malade est passé devant eux", soupire Bruno Bazin, le cadre du Samu de la Creuse.

Pour protéger les personnels, l'hôpital a signé une convention mardi 20 février avec police, gendarmerie et procureure de la République. Il s'agit notamment de faciliter le dépôt de plainte des soignants. Ils peuvent être reçus rapidement au commissariat ou à la gendarmerie après une agression. Les forces de l'ordre peuvent même se rendre eux-mêmes à l'hôpital : "On les prend tout de suite sans attente à l'accueil, ou éventuellement on envoie l'enquêteur sur place avec son ordinateur, prêt à lui faire signer sa plainte sur son lieu de travail", détaille le commissaire Xavier Badier.

"Des plaintes qui ne restent plus lettre morte"

"Il y a quelques années, les personnels ne déposaient plainte, ils avaient l'impression que rien n'était fait par la suite, raconte Valérie Teinturier. Avec cette nouvelle convention, ils savent que ça ne restera pas lettre morte, que ce n'est pas anodin et que c'est vraiment pris en compte par le parquet."

La justice est en effet mobilisée sur ce dossier. "Il y a un phénomène de violences dans la société, en Creuse comme ailleurs, notamment envers l'autorité en général : les gendarmes, les policiers, les surveillants pénitentiaires, les personnels de santé" , explique Alexandra Pethieu, la procureure de Guéret. Or s'en prendre à un soignant, chargé de mission de service public, est une circonstance aggravante. "De simples violences qui sont une contravention, quand elles sont portées par exemple sur un aide-soignant, deviennent un délit passible de trois ans d'emprisonnement."

La convention a été signée mardi 20 février à l'hôpital de Guéret en Creuse.
La convention a été signée mardi 20 février à l'hôpital de Guéret en Creuse. © Radio France - Valérie Menut

"Notre réponse est rapide et ferme"

Par exemple début février, un jeune de 20 ans a frappé et craché sur des policiers et un infirmier. Jugé au tribunal de Guéret pour outrage, il est condamné et doit passer huit mois derrière les barreaux. "Le parquet est investi. Notre réponse est rapide et ferme", souligne Alexandra Pethieu.

Cette convention "santé-sécurité-justice" permet d'inscrire noir sur blanc ces engagements et ces pratiques, mises en place depuis plusieurs années. La procureure envisage de l'étendre à d'autres hôpitaux de la Creuse.

En parallèle, depuis deux ans, l'hôpital de Guéret organise des formations pour le personnel des urgences. Un tiers environ ont été formés. Il s'agit en quelque sorte de self-défense pour maîtriser les personnes agressives et de communication non-violente pour apprendre à apaiser les situations.

"Eviter de passer une demi-journée à l'hôpital"

Cette convention prévoit aussi un autre volet : encadrer la prise en charge médicale des personnes en garde à vue. Chaque année, policiers et gendarmes amènent environ 230 personnes à l'hôpital de Guéret pour des examens médicaux. Ils passent par un circuit à part, sans se mélanger au reste des patients. Ils sont examinés le plus rapidement possible, pour éviter aux enquêteurs de perdre du temps, en laissant bien sûr la priorité aux urgences vitales.

"L'arrivée des gardés à vue est toujours un moment important car ils sont souvent menottés, entourés par des policiers, témoigne le cadre du Samu Bruno Bazin. On a fait un circuit à part pour les protéger et éviter qu'ils soient vus par tout le monde, et aussi pour protéger les autres patients car aux urgences on a des enfants, des femmes, des personnes âgées..." Ce circuit à part leur permet de voir un médecin plus rapidement quand c'est possible : "On essaie de les passer vite, mais pas avant les urgences vitales !"

Cette convention facilite le travail des forces de l'ordre explique le patron des gendarmes Bruno Graffouillère : "Le but est que l'examen médical soit fait le plus rapidement possible, pour qu'on ne passe pas une demi-journée à l'hôpital, car le temps de la garde à vue est compté. Ce circuit à part permet aussi de ne pas embêter les soignants et les autres malades."

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