Auxerre : après l'agression d'un docteur, quel avenir pour SOS Médecins ?

Le cabinet de SOS Médecins à Auxerre réfléchit aux mesures à prendre, suite à l'agression d'un des docteurs ce vendredi 16 décembre 2023. Une réflexion qui pourrait mener à l'arrêt des consultations. Ce médecin s'est pris des coups par le mari d'une patiente, énervé par le temps d'attente pour recevoir sa femme. Une agression traumatisante pour le soignant et ses collègues. Un exemple, des tensions de plus en plus importantes dans les salles d'attentes à cause du manque d'offres de soin dans l'Yonne.

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"Une ligne rouge a été franchie"

Au cabinet de SOS Médecins d'Auxerre, cette agression, c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. "Une ligne rouge a été franchie", martèle Philippe Mifsud, le président de SOS Médecins à Auxerre. Cette attaque remet carrément en question la façon de fonctionner du cabinet, dit-il, jusqu'à même envisager l'arrêt des consultations. Cette solution "fait partie des options", répète le médecin.

Aucune décision n'a été prise pour l'instant, une réflexion est néanmoins menée car les soignants veulent se laisser le temps de réfléchir au calme, après le traumatisme de cette agression, la première depuis l'ouverture des locaux, il y a 34 ans. Un acte extrême et la conséquence "d'une offre de soins dramatiquement insuffisante" dans le département, estime Philippe Mifsud.

L'Yonne manque en effet de médecins généralistes, mais aussi de spécialistes, ce qui pousse des patients atteints de cancer ou de maladies chroniques à venir consulter à SOS Médecins, à défaut de trouver un médecin traitant. Or, ces rendez-vous durent plus longtemps que des urgences classiques, et forcément l'attente s'allonge ce qui génère un mécontentement légitime des patients, selon Philippe Mifsud, mais aussi de l'agressivité, qui elle, est inacceptable.

Une hausse des tensions globale envers les soignants

Le manque d'offres de soins rend les patients à fleur de peau, mais aussi les soignants. Une situation que constate Lionel Vincent, infirmier libéral à Joigny et référent violences au Conseil de l'Ordre des Infirmiers pour la région. "J'ai très souvent des collègues qui me disent avoir des très grandes difficultés avec des patients atteints de troubles psychologiques", rapporte l'élu. Des troubles révélés pendant les périodes de confinement par le manque de soins, et l'isolement à la maison. "J'ai plusieurs exemples de ce type, certains collègues ont interdiction d'intervenir dans certains domiciles, tellement c'était devenu dangereux." L'infirmier estime même que des confrères sont "en grande difficulté".