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À Claix, Paul Chabloz façonne les prothèses de Cléo, 12 ans, et de sa maman, Delphine, amputées chacune d'une jambe

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Tous les six mois, Cléo, 12 ans, et Delphine, sa maman, viennent à Claix, chez Paul Chabloz, leur orthoprothésiste, pour refaire leurs prothèses. Percutées par une conductrice âgée, sur le marché de Croix, dans le Nord, il y a plus de neuf ans, elles ont dû être amputées chacune d'une jambe.

Cléo, entourée de son papa, Samuel, à sa droite, et de Paul Chabloz, son orthoprothésiste qui est aussi celui de sa maman, Delphine. Cléo, entourée de son papa, Samuel, à sa droite, et de Paul Chabloz, son orthoprothésiste qui est aussi celui de sa maman, Delphine.
Cléo, entourée de son papa, Samuel, à sa droite, et de Paul Chabloz, son orthoprothésiste qui est aussi celui de sa maman, Delphine. © Radio France - Véronique Pueyo

Tous les six mois, la famille Ginterdaele, qui habite dans le Nord, vient passer une semaine en Isère, chez Paul Chabloz, leur orthoprothésiste. Car, il y a près de 10 ans, Delphine, la maman, et sa fille Cléo, qui avait trois ans et demi, à l'époque, ont été victimes d'un terrible accident. Elles étaient sur un marché, en train d'acheter des fleurs quand une conductrice très âgée les a percutées à pleine vitesse, confondant la pédale de frein avec celle de l'accélérateur.

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Delphine et Cléo, très gravement blessées, ont dû être amputées toutes les deux d'une jambe. Mère et fille sont donc appareillées et doivent régulièrement refaire leurs prothèses.

Cléo rêve de participer aux Jeux paralympiques de Los Angeles, dans 4 ans, en tennis-fauteuil, pour la plus grande joie de Delphine
Cléo rêve de participer aux Jeux paralympiques de Los Angeles, dans 4 ans, en tennis-fauteuil, pour la plus grande joie de Delphine © Radio France - Véronique Pueyo

Lors d'un stage de ski que l'entreprise Chabloz organisait, il y a quelques années, à Chamrousse pour les personnes amputées, la famille Ginterdaele s'est liée d'amitié avec la famille Chabloz. "C'est grâce à ces stages que Delphine a pu reskier et que Cléo a appris à skier sur une jambe, car aucune prothèse n'existait pour elle" explique Samuel.

Un lien très fort avec l'orthoprothésiste isérois, Paul Chabloz

Pierre Chabloz est désormais à la retraite mais Paul, son fils, a créé sa propre entreprise, baptisée : la fabrique à prothèses, basée à Claix. Samuel, le papa de Cléo et l'époux de Delphine, est du voyage, à chaque fois, dans l'Isère : "J'assure l'intendance de Cléo et Delphine, pour qu'elles n'aient qu'à se concentrer sur leurs prothèses et le travail à faire avec Paul. Cela prend la semaine. Je suis médecin, je pose des questions, mais je laisse Paul faire son travail. Pour moi, c'est le meilleur et on ne changerait d'orthoprothésiste pour rien au monde !"

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Paul Chabloz sourit, modeste : "C'est une semaine importante pour tout le monde. On fait d'abord un point, quand Cléo et Delphine arrivent, sur l'objectif de la semaine, pour être tous en phase. On travaille 3 à 4 heures par jour. Elles testent la prothèse avec des coques d'essai que l'on peut modifier, en allant se promener ou faire des courses. Et une fois qu'on valide ces coques d'essai, on fabrique la prothèse dans un matériau plus léger et plus résistant."

Une semaine d'essai pour une nouvelle prothèse

Assise sur le canapé, Cléo, qui est en 5e au collège, fait ses devoirs : "Comme je manque le collège, je dois travailler toute seule. Mes parents m'aident. Ca me stresse un peu de devoir rattraper les cours !" Les séances d'essayage de prothèse aussi stressent un peu Cléo, qui, à 12 ans, est en pleine croissance. Ce n'est pas un partie de plaisir pour l'adolescente mais elle sait qu'elle doit passer par cette étape. Cléo continue de faire aussi deux séances de kiné par semaine.

Delphine, la maman de Cléo, poursuit : "Moi, je ne grandis plus ! Mais mon moignon change de volume assez souvent. Je souffre de grosses douleurs neuropathiques qui s'aggravent malheureusement avec le temps et cela m'oblige à refaire régulièrement ma prothèse. Cette semaine, par exemple, on a dû faire un nouveau moulage, pour faire une nouvelle emboiture. L'idée est de trouver des subtilités pour avoir une prothèse plus souple à certains endroits, pour ne pas avoir de frottements à d'autres."

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Paul Chabloz reprend la parole : "J'ai deux filles, dont une de l'âge de Cléo. Entre nous, il n'y a pas de problème de communication. C'est important, la confiance mutuelle, car il faut être conscient qu'il y a une relation assez intime entre l'orthoprothésiste et son patient."

Paul est soucieux de toujours trouver des solutions pour Cléo : "Cléo a découvert un sport qui la motive, le tennis-fauteuil. Et d'aider à çà, oui, c'est très valorisant !"

Cléo et Pauline Déroulède, ensemble pour la campagne privée de sécurité routière contre le permis à vie
Cléo et Pauline Déroulède, ensemble pour la campagne privée de sécurité routière contre le permis à vie

En effet, la vie de Cléo a été transformée par une rencontre, à Grenoble, lors d'un tournoi de tennis-fauteuil : "J'ai fait la connaissance de Pauline Déroulède, championne de France de la discipline. Elle m'a fait découvrir ce sport, j'ai essayé, cela m'a plu et depuis, je m'entraine trois fois par semaine"

Au niveau national, Cléo est actuellement 2e junior et 20e mondiale : "Mon rêve, c'est de faire les Jeux de Los Angeles dans quatre ans !" confie-t-elle. Comme sa grande sœur de cœur, Pauline Déroulède, qui est sélectionnée pour Paris 2024.

Pauline Déroulède, la grande sœur de cœur de Cléo

Samuel et Delphine, qui sont aussi parents de deux garçons, de 22 et 17 ans, sont fiers de leur petite dernière : "Le tennis-fauteuil a transformé ma fille. Je la vois avec beaucoup de passion, de courage, dans ce qu'elle fait, avec un esprit compétitif qui lui permet de se mettre en avant. Elle s'épanouit dans ce sport et nous aussi, avec elle" explique Delphine.

Cléo a participé avec Pauline Déroulède à une campagne privée de sécurité routière pour mettre fin au permis à vie. Car Pauline a perdu une jambe dans le mêmes circonstances que Cléo et sa maman. Elle attendait une amie devant un magasin de fleurs quand un conducteur âgé a perdu le contrôle de son véhicule et est venu la percuter de plein fouet.

En première lecture, en février dernier, le Parlement Européen a rejeté le projet d'une visite médicale tous les 15 ans, qui restera donc à la discrétion de chaque état membre.

Mais Cléo garde en ligne de mire son objectif : faire les Jeux dans 4 ans. En attendant, elle disputera les Championnats de France juniors de tennis-fauteuil, en juin prochain à Honfleur.

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