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CARTE - Pourquoi les centrales d’enrobés se multiplient dans le Tarn

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Aujourd'hui, il y a une seule centrale d'enrobage dans le Tarn. Elle va être agrandie et trois autres vont être construites. Des projets liés à la future A69, mais aussi nés de la volonté de dévier une partie de la circulation toulousaine via le Tarn pensent les associations écologistes.

Dans quelques mois, quatre centrales d'enrobés seront en fonction dans le Tarn. Dans quelques mois, quatre centrales d'enrobés seront en fonction dans le Tarn.
Dans quelques mois, quatre centrales d'enrobés seront en fonction dans le Tarn. © Maxppp - Alexandre Marchi

Une nouvelle étape dans la lutte contre les centrales d'enrobés dans le Tarn. Ce mardi, le collectif tarnais Stop Enrobé 81 assigne en justice la société Tarn Enrobés. Les défenseurs de l’environnement (qui se battent contre ce qu'ils appellent des usines à bitume) demandent réparation après le rejet de poussières toxiques dans la rivière le Dadou.

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En cause cette fois, l’usine d’enrobés de Terre-de-Bancalié dans le centre du Tarn, près de Réalmont. Les services de l'État (via la DREAL, Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement) avaient constaté ces rejets en février 2023. Mais selon les associations, la pollution a duré pendant au moins deux ans

Dans la rivière Dadou

Ce que la DREAL découvre en février dernier, c’est que le séparateur d’eau est défectueux dans l’usine. Résultat, les poussières toxiques en suspension sont lessivées par les eaux de pluie et se retrouvent dans le cours d’eau à proximité : le Dadou.

Les analyses permettent de dire que la machine était cassée depuis au moins avril 2021, mais pour les associations de défense de l’environnement ça devait remonter à bien plus longtemps. "L’exploitant en avait connaissance, puisqu’il disposait d’analyses annuelles de ces rejets", insiste le collectif Stop Enrobé 81. L’audience sur le site prévue dans la matinée devrait être reportée. L’entreprise a demandé un délai pour poursuivre la préparation de sa défense.

Des agrandissements et des constructions

Et si les associations ne veulent pas laisser passer cette pollution, c’est que de nombreux projets d’usines à bitume sont en train de se monter dans le Tarn : quatre en tout, sans compter le projet Haut-Garonnais de Gragnague. Il y a évidemment les deux projets provisoires pour l’A69 : à Puylaurens et Villeneuve-les-Lavaur.

Mais deux autres projets sont aussi en train d’être lancés de manière pérenne dans le département. Le premier à Montans, près de Gaillac. La préfecture a dit oui, mais les recours juridiques repoussent l’ouverture de ce site conçu pour produire 220.000 tonnes de bitume par an. Et puis, l’usine d’enrobés de Terre-de-Bancalié (celle visée par le procès aujourd’hui) doit être reconstruite et agrandie. Pour les collectifs, ce n’est pas un hasard, mais bien un schéma régional qui est en train de se mettre en place.

Réseau routier d'intérêt régional

Voté en 2022, le SRADDET (schéma régional d'aménagement de développement durable, et d'égalité des territoires), vise à mettre en place un RRIR (réseau routier d'intérêt régional). L’idée est d’agrandir, élargir et sécuriser notamment les routes tarnaises pour dévier une partie du trafic toulousain. Grosso modo, inciter à l’horizon 2040, les camions à passer plutôt par Castres pour traverser l’Occitanie de Montauban à Béziers.

Laurent Oxaran fait partie du collectif No Bitume contre la future centrale d'enrobés de Montans. Et pour lui, la multiplication des centrales d'enrobés s'explique par une volonté de dévier d'ici 2040 une partie du trafic de Toulouse via des départementales tarnaises.

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Pour le moment, les autorités ne confirment pas le lien entre le schéma régional et la construction des usines qui appartiennent à des privées (Vinci/NGE). Pour la préfecture du Tarn, ces centrales vont simplement permettre de couvrir les besoins routiers du département.

Les centrales d'enrobés dans le Tarn

Centrales d’enrobés pérennes

  • Usine d’enrobés de Terre-de-Bancalié - centre Tarn. Création en 1988, calibrée pour 160.000 tonnes par an. Le site doit être abandonné et reconstruit et agrandi dans la commune voisine de Montredon-Labessonnié. La nouvelle usine pourrait produire 200.000 tonnes par an.
  • Usine d’enrobés de Montans, près de Gaillac, dans le nord-ouest du Tarn. Elle aurait dû ouvrir en 2023. Calibrée pour une production 220.000 tonnes par an.

Centrales d’enrobés provisoires

  • Usine d’enrobés de Villeneuve-lès-Lavaur, à la frontière du Tarn et de la Haute-Garonne. Elle est conçue spécifiquement pour les besoins de l’A69.
  • Usine d’enrobés de Puylaurens dans le nord du Tarn. Les deux sites qui bordent l’A69 sont calibrés pour produire 500.000 tonnes de bitume en tout.
  • Usine d’enrobés de Gragnague (en Haute-Garonne à la frontière avec le Tarn.) Fermée par Eurovia après un incendie en août 2023, mais elle était destinée à être fermée. Elle était calibrée pour produire 200.000 tonnes par an uniquement pour les besoins de réfection de la chaussée de l'A68. Pour les associations des industriels envisageraient de la rouvrir de manière provisoire. Faux répond Vinci qui précise que "cette usine a été démontée depuis plusieurs mois qu'il n'est pas envisagé de réinstaller d’usine à cet endroit".

Il y a 600 usines d’enrobés en France. Quelque 200 projets nouveaux sont dans les cartons. Depuis 2019, la réglementation a changé. Il est plus facile d’ouvrir des usines d’enrobés. Elles ne nécessitent plus d’études d’impact mais juste une déclaration préfectorale.

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