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VIDEO - Le nouveau plan algues vertes de la Région Bretagne ne convient pas au groupe écologiste

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La session plénière du conseil régional de Bretagne a lieu jeudi et vendredi à Rennes avec notamment pour ordre du jour le nouveau plan Algues Vertes. Un plan dénoncé déjà par le groupe écologiste.

La session plénière du conseil régional de Bretagne s'ouvre ce jeudi à Rennes, avec notamment pour ordre du jour vendredi, le plan algues vertes pour la période de 2022/2027. C'est le troisième plan consécutif piloté avec l'Etat, les précédents ayant été critiqué par la Cour des comptes. Pour en parler, Claire Desmares, conseillère régionale et présidente du groupe écologiste à la Région Bretagne était l'invitée de France Bleu Armorique.. 

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Selon le président de la région Bretagne, Loïg Chesnais-Girard, ce nouveau plan algues vertes est plus volontariste que les précédents. Pourtant, votre groupe Europe Ecologie Les Verts à la région, n'est pas satisfait de ce troisième plan algues vertes? 

Claire Desmares : Non, évidemment. Je pense que déjà, symboliquement, le fait qu'il soit aujourd'hui porté par la vice-présidence à l'Agriculture, alors qu'avant il l'était par la vice présidence à l'eau et l'environnement, c'était un message qui pouvait nous indiquer le chemin qui avait été pris. On n'avance pas assez. Ce plan n'est pas du tout à la hauteur de ce qu'il devrait être si on voulait vraiment avoir un impact sur à la fois le taux de nitrates qu'on trouve dans l'eau, mais évidemment sur en aval, la quantité d'algues vertes qu'on va trouver sur les plages. On ne peut pas se satisfaire d'attendre la sécheresse pour qu'il y ait moins d'algues vertes. 

Il y a eu moins d'algues vertes cet été. C'est pour ça que vous dites ça?

Oui, parce que moins il y a de ruissellement sur les parcelles, parce qu'il n'y a pas de pluie, moins on va avoir d'azote, de nitrates dans l'eau et donc moins on va avoir d'algues vertes. Mais bon, en l'occurrence, ce n'est pas vraiment comme ça qu'on envisage de régler le problème de notre côté. 

C'est la vice-présidence à l'agriculture qui va porter ce plan à la Région. Et justement, ce sont les agriculteurs qui sont invités à changer leurs pratiques pour qu'il y ait moins de nitrates. Ce n'est pas ce que vous voulez? 

Si, c'est absolument ce qu'on souhaite, c'est qu'il y ait une vraie réflexion. Et c'est cette réflexion qui manque aujourd'hui dans le plan algues vertes puisqu'on fonctionne seulement sur la base du volontariat. Or, nous, on pense qu'il faut avoir des plans ambitieux et contraints. 

Justement, dans ce troisième plan algues vertes, il y a des contraintes pour les agriculteurs... 

Pour nous c'est anecdotique, c'est extrêmement insuffisant. Surtout qu'il n'y a absolument aucun contrôle aujourd'hui.

Le président de Région Bretagne dit quand même que les aides seront seulement données s'il y a un engagement vers une transition agroécologique.... 

Non, la réalité, c'est que matériellement, aujourd'hui, l'éco-conditionnalité des aides que l'on appelle de nos vœux dont Loïg Chesnais-Girard parle en continu, elle n'est pas matérialisée sur le terrain la plupart du temps. Ces aides, elles vont être et elles ont été dans le passé dévoyées. On disait "on va mettre aux normes" par exemple, et en fait, on a augmenté le nombre d'animaux qui pouvaient être mis dans les élevages grâce à ces mises aux normes. Donc la réalité, c'est qu'aujourd'hui on a besoin d'un vrai système de contrôle, qu'on a vraiment besoin d'une politique ambitieuse et puis on se doit de mettre des objectifs. Aujourd'hui, la Région signe encore des contrats locaux avec des collectivités où on met comme objectif 0.40 milligrammes de nitrates par litre d'eau alors qu'on sait que c'est 0.10 qu'il faudrait pour avoir un effet. Donc on ne peut pas mettre des objectifs qui sont si peu élevés, qui ne sont pas des objectifs en fait, et espérer qu'à la fin on va avoir un effet réel et surtout à court terme sur les algues vertes. On ne peut pas s'en satisfaire. Cela fait déjà 50 ans qu'on a des échouages, il faut agir maintenant fortement et il faut poser la vraie question. Est-ce que pour diviser par deux la quantité de nitrates par litre d'eau, il ne faudrait pas diviser par deux le cheptel? Et ça, ça me paraît la question essentielle à poser. 

A laquelle vous dites oui...

Oui bien sûr. D'ailleurs, il y a une. 

Mais est-ce que cela ne menacerait pas des emplois dans l'agriculture qui est pourtant un des secteurs clés en Bretagne? 

Oui, mais en fait, la question, elle n'est pas là aujourd'hui. Diviser par deux le cheptel, ce n'est pas diviser par deux les emplois, parce que la concentration du cheptel, c'est aussi des emplois qui disparaissent. Ce sont des fermes qui sont absorbées et qui arrivent à 300 hectares pour une personne qui y travaille. Donc en fait, ça, ce n'est pas souhaitable et ce n'est pas un argument. L'enjeu d'ailleurs du débat démocratique, c'est que cette diminution du cheptel, elle se fasse de manière démocratique, elle se fasse de manière coordonnée, elle se fasse aujourd'hui. En gros, ce qui disparaît et c'est ça se fait naturellement c'est à cause de la crise dans le bovin et le laitier. Je pense réellement qu'on doit avoir une vision stratégique et qu'on ne doit plus avoir de spécialisation de certains territoires comme le bassin de Lamballe ou des zones du Finistère, où on sait qu'on a une sur concentration d'élevages de porcs.

Mais alors la Bretagne ne nourrirait plus la France si elle diminue son cheptel... 

Aujourd'hui, c'est un objectif absurde que de dire qu'on va nourrir le monde. En fait, aujourd'hui on affame l'Afrique avec les poulets qui sont produits en Bretagne. Donc non, la Bretagne n'a pas vocation à nourrir la France. En fait, il doit y avoir une politique nationale d'équilibre à l'échelle de tous les territoires de la production agricole. Aujourd'hui, c'est clair, c'est la Bretagne qui prend toutes les pollutions, c'est la Bretagne qui prend tous les impacts négatifs sur l'environnement. Et la question se pose aussi, à l'échelle de la France, d'une solidarité territoriale et d'une meilleure répartition de la pression en élevage, parce qu'on est une région à vocation agricole et je le souhaite de tout mon cœur. Je suis moi même agricultrice. J'espère que ça continuera. Mais je veux une agriculture qui soit plus respectueuse de ceux qui cultivent la terre et plus respectueuse de la planète. 

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