Passer au contenu
Publicité

Réforme des retraites : pourtant dans la majorité, le député de Brest Jean-Charles Larsonneur va s'abstenir

Par

Le député du Finistère Jean-Charles Larsonneur (Horizons) va s'abstenir, jeudi après-midi, lors du vote sur la réforme des retraites. Ce n'est pas donner "un blanc-seing", mais ce n'est pas non plus "un contre". Il s'explique.

Jean-Charles Larsonneur, député (Horizons) du Finistère Jean-Charles Larsonneur, député (Horizons) du Finistère
Jean-Charles Larsonneur, député (Horizons) du Finistère © Maxppp - Vincent Isore

Les sénateurs votent ce jeudi matin le projet de loi de réforme des retraites, le texte de consensus trouvé mercredi par les sénateurs et les députés de la Commission mixte paritaire (CMP).

Publicité

Le vote devrait être beaucoup plus serré dans l'après-midi, avec le vote des députés. Le gouvernement tente d'éviter de recourir à l'adoption sans vote du texte (par le biais de l'article 49.3 de la Constitution). Alors, il faut convaincre, notamment les députés LR, mais jusque dans la majorité présidentielle.

Jean-Charles Larsonneur a réservé jusqu'à ce jeudi matin sa décision. Dans la semaine, l'intersyndicale avait organisé un sit-in de 8 heures devant sa permanence à Brest. Le député - pourtant sortant -n'avait pas obtenu l'investiture du groupe Renaissance lors des dernières législatives, mais il avait remporté les élections.

Il siège désormais dans la majorité, mais au sein du groupe Horizons emmené par l'ancien premier ministre Edouard Philippe.

France Bleu Breizh Izel : Que votez-vous cet après-midi ?

J'ai toujours été en faveur d'une réforme des retraites parce que c'est nécessaire pour le pays, c'est nécessaire pour nos retraités actuels et futurs et que nous avons de facto un problème de financement. Mais j'ai toujours plaidé pour une réforme porteuse de sens, une réforme ambitieuse, une réforme de justice aussi. En faisant le choix de cette réforme, le gouvernement place au fond la réforme financière avant la réforme de justice. Il est difficile aujourd'hui de demander aux Français des efforts dans le contexte tendu de notre pays avant de faire une réforme de justice, ou tout au moins en ne faisant pas une réforme qui porte à la fois du sens pour le concret dans nos vies.

Dans les quartiers à Brest et dans la métropole et alentour, et pour tous les Français, c'est compliqué d'envisager pour certains, de se projeter dans une fin de carrière difficile, dans des métiers difficiles, parfois pénibles. Cette réforme, avec toutes les améliorations qui ont pu être portées (et j'y ai contribué), n'arrive pas opportunément.

"Je m'abstiendrai"

Donc, vous ne votez pas, vous vous abstenez ?

Je ne donnerai pas un blanc-seing au gouvernement dans cette approche et donc je m'abstiendrai puisque je rappelle que je suis membre de la majorité présidentielle, que je me pose en constructif. J'ai travaillé sur cette réforme dont je n'approuve pas le principe initial. Nous avons obtenu des avancées sur les carrières longues, ce sont les grands gagnants de cette réforme. Pour les femmes, les mères de famille, il y a quelques petits gestes sur la question, les trimestres pour enfants, une bonification de 5 %, c'est un geste. Pour les aidants aussi, les personnes font le choix de s'occuper d'un proche âgé ou d'un enfant handicapé. Je suis satisfait des avancées que j'ai obtenues.

C'était une négociation âpre, difficile, dans le cadre parlementaire, même si les débats à l'Assemblée nationale, n'ont pas été satisfaisants, les partis d'extrême gauche en sont largement responsables. C'était beaucoup de négociations et la CMP (commission mixte paritaire) en a été l'étape conclusive. Ce sont des satisfactions sur les avancées par rapport à ce texte, mais avec l'impression que dans le moment que nous vivons dans ce pays, cette réforme est difficilement acceptable.

Quelle est la vraiment la différence entre s'abstenir et voter contre ?

Arithmétiquement, ça fait 50/50. Je considère que cette réforme n'est pas mauvaise en soi, mais qu'elle porte des éléments d'amélioration pour certaines catégories, mais qu'elle est assez inopportune et que, en l'état du pays, je doute qu'elle soit la priorité, et qu'elle parvienne à dérouler ensuite un programme positif pour le pays.

"Ce n'est pas un contre"

À voter contre, on ne risque d'être exclu d'Horizons par exemple ?

S'abstenir aussi, peut-être, je n'en sais rien, mais le régime d'aujourd'hui, est injuste. En travaillant deux ans de plus, en bougeant des paramètres, on ne transforme pas un régime injuste en un régime juste. On fait une réforme financière. Là-dessus, il y a eu quelques correctifs, pour les sapeurs-pompiers, les trimestres dans l'Éducation nationale, des petites choses intéressantes. On ne peut pas dire que ce projet est mauvais, je ne suis pas contre mais je dis qu'il faut aller plus loin. J'aurais souhaité d'ailleurs qu'on le fasse plus vite et autrement. C'est ce que ça veut dire, cette abstention. Ce n'est pas un contre.

Cette réforme n'est pas mauvaise, mais c'est une incitation pour le gouvernement, pour dire que c'est une première étape, mais ce n'est pas un blanc-seing. Il faut aller plus loin, aller vers la réforme à points que j'avais soutenu et voté en 2020 dans le précédent quinquennat. Il faut imaginer peut-être d'autres solutions. Pourquoi pas un socle de réformes universel avec plus de libertés pour les uns et les autres, quelque chose de plus moderne, plus en adéquation aussi avec le monde du travail aujourd'hui. Ou pourquoi pas imaginer un socle effectivement par répartition et un socle où chacun cotiserait pour lui-même dans un fonds souverain. Il y a des solutions qui, je pense, sont plus en phase avec la réalité du marché du travail d'aujourd'hui et surtout celui de demain.

loading

Ma France : Améliorer le logement des Français

Quelles sont vos solutions pour aider les Français à bien se loger ? En partenariat avec Make.org, France Bleu mène une consultation citoyenne à laquelle vous pouvez participer ci-dessous.

Publicité

undefined