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Présidentielle 2022 : des gilets jaunes amiénois "sonnés" après le passage d'Emmanuel Macron au second tour

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C'est la douche froide pour des gilets jaunes après la qualification d'Emmanuel Macron pour le second tour des présidentielles après des mois et des mois de lutte contre son gouvernement.

Marine Le Pen et Emmanuel Macron sont au deuxième tour de la présidentielle de 2022. Marine Le Pen et Emmanuel Macron sont au deuxième tour de la présidentielle de 2022.
Marine Le Pen et Emmanuel Macron sont au deuxième tour de la présidentielle de 2022. © Maxppp - PHOTOPQR/LE PARISIEN/LP / Arnaud Journois

L'incompréhension et le choc pour les gilets jaunes amiénois. Ce dimanche soir, à 20h, c'est le visage d'Emmanuel Macron qui s'est affiché sur leur écran de télévision. C'est pourtant cet homme, sa politique qu'ils ont combattu dès le 17 novembre 2018 au nom du pouvoir d'achat et pour la justice sociale. Un passage qui ne passe pas chez certains. 

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Il faut dire qu'avec le report de voix et l'appel de nombreux candidats perdants à faire barrage à l'extrême-droite et donc à Marine Le Pen, la possibilité de voir le président sortant reprendre le costume de chef d'Etat pendant cinq ans n'est pas une possibilité à écarter. "On est extrêmement frustré car c'est vraiment tout ce monde contre lequel on s'est battu qui triomphe à nouveau. C'est rageant car la vie ne s'améliorera pas et qu'on en a urgemment besoin", déplore Isaac, un gilet jaune amiénois encore mobilisé après 4 ans de lutte. 

Chez lui, il n'y a pas de colère, seulement de la déception. Mais hors de question de s'avouer vaincu. "Ce que l'on a fait n'a pas servi à rien. Les gilets jaunes sont une révolution. Alors, oui, elle a échoué pour la société. Mais c'est une révolution pour nous au niveau personnel et individuel. Nos vies ont changé avec et pas parce qu'on s'est pris des coups de matraque, pas parce qu'on a fait de la prison ou que l'on est passé devant les tribunaux, mais parce qu'on a découvert des nouvelles façons de vivre. On s'est rendu compte que nous n'étions pas seuls, que nous avions beaucoup de force quand nous étions solidaires. Et que nous n'avions pas forcément besoin des organisations politiques traditionnelles pour peser dans la vie politique et ce seront peut-être encore ces choses-là qui feront qu'on fera renverser la tendance", assure Isaac qui s'attend à une possible redémarrage d'une lutte sous une autre forme si Emmanuel Macron passe une nouvelle fois.

Lui en tout cas ne votera pas pour le second tour, refusant ce barrage anti-extrême droite. "Ce sont les mêmes. Il ne faut s'attendre à rien de ces deux candidats", déplore-t-il.

J'ai du mal à retrouver du souffle

Mélanie ne s'attend elle, qu'au pire. Pour cette autre gilet jaune, devenue malgré elle le symbole des violences policières après avoir reçue en avril 2019 un coup de matraque dans le dos, "nous sommes face à deux extrêmes droites au second tour". Elle aussi défend l'utilité d'un mouvement qui a su montrer, revendiquer ses difficultés du quotidien. Mais face à ce résultat du premier tour et la victoire possible d'Emmanuel Macron, elle confie un regret : "on aurait dû s'impliquer plus". Elle, avait trouvé chez la France Insoumise et Jean-Luc Mélenchon, un espoir. "On avait un parti assez fort pour porter nos revendications comme le RIC. Après cela n'allait pas assez loin et on aurait continuer d'aller dans les rues pour aller plus loin dans son programme", précise Mélanie. "En tout cas cela nous laissait souffler un petit peu. Aujourd'hui on ne va pas souffler. J'ai du mal à retrouver du souffle depuis les résultats du premier tour. J'ai peur."

Chez Whirpool, on ne veut plus d'Emmanuel Macron

Pas de peur chez Patrice Sinoquet, syndicaliste CFDT à Whirpool et l'un des trois salariés encore en poste sur les 286 salariés. Lui non plus n'a pas vraiment envie de voir le président de nouveau élu. Il le connaît bien. Du moins, il la pas mal côtoyé durant ce quinquennat.  Il faut dire que l'usine amiénoise était devenue, il y a 5 ans jour pour jour le symbole de la désindustrialisation de la France. 

La première rencontre avec Emmanuel Macron, c'était le jour de la visite surprise de Marine Le Pen devant le site voué à la fermeture, en avril 2017. "Ce n'est pas forcément un bon souvenir ce jour-là. Les deux ont profité de cela pour grapiller des points avant le second tour. Ce que je retiens, c'est qu'il ne nous a pas fait de promesses. La seule peut-être, c'est d'essayer de trouver une solution", raconte le syndicaliste. Un engagement tenu avec l'arrivée quelque mois après avec de cet repreneur picard Nicolas Decayeux.

On a l'impression qu'il y a eu un acharnement sur cette classe populaire

"Mais un an après, cela à fermer. Mais bon au final, il a fait plus de mal que de bien aux salariés. On aurait préféré qu'il ne nous reprenne pas car certains salariés ont connu au final trois licenciements en 3 ans." Le syndicaliste est amer pour ses 44 collègues toujours sans emploi. Lui ne s'attendait pas à un miracle et n'en veut pas au candidat. Ce sont les crises successives qui ont fini par le décevoir et de vouloir fermer le chapitre Macron. "C'est un quinquennat catastrophique. On a l'impression qu'il y a eu un acharnement sur cette classe populaire. On a été pénaliser sur notre pouvoir d'achat. Il faut passer à autre chose". Il fera donc un vote anti-Macron, même si ce lepéniste assure être aussi déçu par sa candidate.

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