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PORTRAIT - Remaniement : l'ascension fulgurante de Gabriel Attal, le plus jeune Premier ministre de l'histoire

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Nommé ce mardi à la tête du gouvernement après un passage éclair à l'Éducation, Gabriel Attal, 34 ans, poursuit son ascension et s'impose encore plus comme un incontournable de l'exécutif. Retour sur le parcours express de ce macroniste de la première heure.

Gabriel Attal a été chargé de former le nouveau gouvernement par Emmanuel Macron Gabriel Attal a été chargé de former le nouveau gouvernement par Emmanuel Macron
Gabriel Attal a été chargé de former le nouveau gouvernement par Emmanuel Macron © AFP - Xose Bouzas / Hans Lucas

Fidèle député macroniste, porte-parole du gouvernement, à la tête du Budget puis de l'Éducation nationale : en six ans, Gabriel Attal a gravi les échelons jusqu'à s'installer dans le fauteuil de Premier ministre à Matignon. Désormais plus jeune chef du gouvernement de l'histoire de la République, il bat le record du socialiste Laurent Fabius, nommé à 37 ans en 1984. Récit de l'ascension fulgurante de cet ancien socialiste devenu incontournable dans le camp présidentiel.

Déferlement de haine au collège

Originaire de Clamart (Hauts-de-Seine), Gabriel Attal grandit à Paris, entouré de son père, producteur de cinéma, de sa mère, salariée d'une société de production et de ses trois sœurs. À la fin du collège, il subit "un déferlement d'insultes et d'injures". "C'était un élève de l'établissement qui avait ouvert ce site sur lequel il fallait mettre des commentaires sur le physique des élèves", avait-il raconté sur TF1 en novembre dernier. "Les commentaires qui étaient postés, c'était 'pédale, tafiole, tarlouze', donc je pense que c'était sur une orientation sexuelle supposée à l'époque puisque je n'en parlais pas autour de moi", avait-il poursuivi. Il avait alors assuré que ce harcèlement scolaire, dont il fera son combat quelques années plus tard, avait "duré plusieurs mois" et avait "été très violent".

Aujourd'hui, Gabriel Attal, qui a fait sa scolarité dans la réputée École alsacienne à Paris avant d'être diplômé de Sciences Po, est le premier Premier ministre à assumer publiquement son homosexualité. En 1998, France 3 avait interrogé le jeune Gabriel, 9 ans. À l'époque, il rêvait de devenir un acteur célèbre.

"Fils spirituel de Marisol Touraine"

Militant socialiste, issu de la mouvance strauss-kahnienne, ce "fils spirituel de Marisol Touraine" passe par le cabinet de la ministre de la Santé (2012-2017) de François Hollande. Depuis 2014, il est aussi conseiller municipal de Vanves. Sa biographie mentionne également une expérience professionnelle d'un an à la Villa Medicis à Rome et une activité de quatre mois de consultant en auto-entrepreneur en 2017.

En 2016, il fait partie des premiers socialistes à suivre Emmanuel Macron lors de la création de son mouvement "En Marche !". Après la victoire de 2017, Gabriel Attal se fait élire député dans un fief de droite des Hauts-de-Seine, où il a été reconduit en juin 2022. Ses ambitions politiques sont nettes dès 2018 lorsqu'il annonce sa candidature à la présidence du groupe à l'Assemblée, avant de la retirer.

Quelques jours plus tard, à 29 ans, il entre pour la première fois au gouvernement, dépossédant François Baroin du record de précocité de la Ve République. "Il y a deux ans, je ne m’imaginais pas député et là me voilà secrétaire d’État" avait-il déclaré lors de sa prise de fonction. À l'époque chargé du modeste secrétariat d'État à la Jeunesse, son entente était déplorable avec son ministre de tutelle, Jean-Michel Blanquer. Cinq ans plus tard, il prendra sa place.

Gabriel Attal à son entrée au gouvernement en 2018
Gabriel Attal à son entrée au gouvernement en 2018 © AFP - Bertrand GUAY

Aplomb et médiatisation

En juillet 2020, lorsqu'il arrive à Matignon, le nouveau Premier ministre Jean Castex s'interroge : "A-t-on trouvé un os à ronger supplémentaire pour le jeune Gabriel ?" Pour se faire les dents, Attal hérite finalement du porte-parolat du gouvernement, un premier poste exposé qui peut autant révéler les talents que trahir les faiblesses. Tous ceux qui l'ont précédé dans l'ère Macron - Christophe Castaner, Benjamin Griveaux, Sibeth Ndiaye - ont disparu du champ politique. Sa remplaçante Olivia Grégoire a tenu un mois et demi avant de retourner à Bercy.

Gabriel Attal lorsqu'il prend ses fonctions de porte-parole du gouvernement en juillet 2020
Gabriel Attal lorsqu'il prend ses fonctions de porte-parole du gouvernement en juillet 2020 © AFP - Ian LANGSDON / POOL

De plateaux de télévision en conférences de presse à l'issue du conseil des ministres, Gabriel Attal se révèle dans cet exercice de service après-vente de la deuxième partie du quinquennat, marquée par la crise du Covid, même si son aplomb le trahit parfois : il doit ainsi faire son mea culpa quand il assure qu'aucun prof ne gagnera moins de 2.000 euros par mois en 2022, alors que la mesure ne doit s'appliquer que... deux ans plus tard. Reste qu'il s'impose au fil des mois comme l'un des rares membres du gouvernement à se faire un nom dans l'opinion publique.

De quoi gagner de nouveaux galons après la réélection d'Emmanuel Macron, qui le nomme ministre délégué aux Comptes publics au printemps 2022. À ce poste aussi austère que stratégique, il s'est surtout attelé à en découdre avec l'extrême droite, revêtant sa cape de défenseur des classes moyennes pour tenter de reconquérir un électorat désabusé. Son aisance médiatique certaine lui permet par ailleurs d'être l'un des ministres envoyés en première ligne pour défendre la réforme des retraites. "Les choix budgétaires, c'est avant tout des choix politiques" qui tiennent compte de "ce qui se passe" dans le pays, confiait début juin à l'AFP celui décrit par son entourage comme "un bosseur qui s'empare rapidement des sujets". Avant de pointer une faiblesse de l'ambitieux : un dosage difficile entre "la communication et le fond".

En mai 2022, Gabriel Attal devient ministre délégué chargé des Comptes publics
En mai 2022, Gabriel Attal devient ministre délégué chargé des Comptes publics © AFP - Xose Bouzas / Hans Lucas

Passage éclair à l'Éducation nationale

Gabriel Attal continue son ascension fulgurante en juillet 2023. Il est nommé à la tête du ministère de l'Éducation et est le plus jeune sous la Vᵉ République à s'occuper de ce premier budget de l'État - où il succède à Pap Ndiaye. Il choisit alors de déminer deux reproches dès son entrée en fonction : son jeune âge et son passage dans une école privée ultra-élitiste. "On peut avoir 34 ans et de lourdes responsabilités. Un professeur sur trois a moins de 40 ans", a-t-il mis en avant. "Oui j'ai été à l'école privée. Je n'ai pas à renier et à m'excuser", a-t-il ajouté, appelant à ne "pas critiquer les parents qui font ce choix". Ses partisans louent sa "capacité de travail" et son "sens politique", autant qu'une ambition assumée : "Si je m'étais interdit des choses, je ne serais probablement pas là où j'en suis aujourd'hui", admettait-il en juin sur Europe 1. Ses détracteurs se désespèrent ainsi d'"un côté tête à claques du premier de la classe".

Gabriel Attal prend les commandes du ministère de l'Éducation en juillet 2023
Gabriel Attal prend les commandes du ministère de l'Éducation en juillet 2023 © AFP - Emmanuel DUNAND

Pour sa première rentrée scolaire rue de Grenelle, Gabriel Attal est omniprésent. Il présente un plan contre le harcèlement scolaire et annonce la mise en place de cours d'empathie sur le modèle du Danemark. Il interdit l'abaya à l'école (une décision saluée par la droite) au nom de la "laïcité", décide de renvoyer les épreuves de spécialité du bac de mars à juin et annonce une "expérimentation à grande échelle" sur l'uniforme à l'école en assumant être "partagé sur la question". Il est aussi en première ligne lors de l'attaque terroriste d'Arras, pendant laquelle un professeur de français, Dominique Bernard, est assassiné. Avec sa nomination au poste de Premier ministre, il ne sera resté que six mois à ce poste. Ce qui fait dire aux syndicats enseignants qu'il s'est servi de la rue de Grenelle comme marchepied.

Gabriel Attal se recueille après l'assassinat de Dominique Bernard à Arras
Gabriel Attal se recueille après l'assassinat de Dominique Bernard à Arras © AFP - DENIS CHARLET

Au cours des derniers mois, la cote de popularité du médiatique ministre de l'Éducation Gabriel Attal est monté en flèche. Il a même fait son entrée dans le top 3 du "beer test" : 34 % des Français aimeraient boire un verre avec lui, derrière Édouard Philippe et Marine Le Pen. Il "incarne un élan, une dynamique, une audace dont on a sûrement besoin", résume un cadre de la majorité. Mais cette popularité pourra-t-elle résister à son passage par Matignon ?

Gabriel Attal : sa carrière, sa popularité
Gabriel Attal : sa carrière, sa popularité © Visactu

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