L'ancien ministre de la Culture et homme de télévision Frédéric Mitterrand est mort

Frédéric Mitterrand, ancien ministre de la Culture et neveu de l'ancien président de la République, est mort après une lutte de "plusieurs mois contre un cancer agressif", a annoncé sa famille à l'AFP ce jeudi. Il était âgé de 76 ans. En avril 2023, il avait indiqué être "malade" sur un plateau télévisé, sans préciser la nature du mal qui le rongeait. "Tout le monde sait que c'est un combat qui est très rude. Mais il n'y a pas d'autre solution : c'est marche ou crève. On me dit que j'ai beaucoup de courage, mais non. Si on aime la vie, on continue", disait-il alors.

Né le 21 août 1947 dans les beaux quartiers de Paris, Frédéric Mitterrand s'était fait un nom grâce au petit écran. Dans "Étoiles et toiles", première émission qu'il anima sur la Une à partir de 1981, il ressuscitait avec flamboyance les stars, surtout les actrices, et décortiquait les grands films, communiquant sa passion pour le cinéma. Il animera ensuite Ciné-Fêtes, Acteur Studio, Permission de minuit, Destins, Étoile Palace, C'est votre vie, Les Amants du siècle, Caravane de nuit ou encore Le Ciné Club.

De la télévision à la politique

Après avoir adhéré au Mouvement des radicaux de gauche (MRG) en 1993, il apporta son soutien à Jacques Chirac, candidat à la présidence, en 1995. Nommé à la tête de la Villa Médicis à Rome par le président Nicolas Sarkozy en 2008, il rentra à Paris quelques mois plus tard pour prendre le ministère de la Culture, jusqu'à l'élection présidentielle de 2012, perdue par la droite. À ce poste, il affronta notamment les intermittents du spectacle, fit adopter la loi Hadopi et conduisit de grands chantiers, lancés pour certains avant son arrivée : le Mucem à Marseille ou la Philharmonie à Paris.

Également écrivain, Frédéric Mitterrand n'hésitait pas à confesser sa "mauvaise vie". En 2005, il avait ainsi raconté ses errances sexuelles et tarifées en Thaïlande et au Maghreb. D'abord salué, le livre suscitera ensuite la polémique, l'obligeant à se défendre de toute relation avec des mineurs ou d'apologie de la pédocriminalité.

Un "serviteur" de la Culture

Cette disparition "me bouleverse", a réagi Jack Lang, sur le réseau social X, ce jeudi. "Une amitié de plus de 60 ans nous liait d'une affection inaltérable. Il a tout au long de sa vie servi les arts avec passion, érudition et amour", a poursuivi l'ancien ministre socialiste de la Culture. "Par dessus tout, j'appréciais son intelligence vive, son humour décapant, sa tendresse infinie, sa bonté rare. Frédéric était tout à la fois l'élégance et la passion".

"Je suis d'une très grande tristesse", a commenté sur franceinfo l'écrivain et académicien Erik Orsenna. "J'étais proche de lui. Je l'aimais beaucoup, je l'admirais dans tous ses différents parcours", a-t-il poursuivi, évoquant "un grand visage de la télévision, une voix" reconnaissable entre toutes, et un homme qui "plonge dans la vie des gens. Il voit quelle est la logique, il essaie d'être est toujours soi-même, plus courtois, plus ouvert, plus généreux. Un immense personnage".

L'ancien président de la République, Nicolas Sarkozy, a pour sa part salué la mémoire "d'un homme profondément cultivé et délicat, un être à part, sensible et attachant, une personnalité inclassable si loin de la vie partisane", sur le réseau social X.