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Emmanuel Macron à Vassieux-en-Vercors : "c'est très important" pour les descendants de victimes de l'Allemagne nazie

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La venue d'Emmanuel Macron à Vassieux-en-Vercors ce mardi satisfait les descendants des victimes de l'assaut allemand dans la commune en 1944. C'est la première visite présidentielle depuis 1963 et Charles de Gaulle.

Paul Jallifier (à gauche) salue la venue d'Emmanuel Macron, premier Président en visite à Vassieux-en-Vercors depuis Charles De Gaulle Paul Jallifier (à gauche) salue la venue d'Emmanuel Macron, premier Président en visite à Vassieux-en-Vercors depuis Charles De Gaulle
Paul Jallifier (à gauche) salue la venue d'Emmanuel Macron, premier Président en visite à Vassieux-en-Vercors depuis Charles De Gaulle © Radio France

Marinette Beguin est née à Vassieux-en-Vercors, en juin 1944. Un mois plus tard, son père et son oncle étaient tués, devant sa mère, par des soldats allemands. Le 21 juillet 1944 marquait le début du massacre du Vercors : au total 73 habitants (civils) mouraient sur la commune ce mois-ci, ainsi que 101 maquisards. Quatre-vingts années plus tard, Marinette a toujours du mal à raconter ce que les anciens, qui en parlaient peu, lui ont transmis. "Ma maman tenait ma sœur, mon papa me tenait moi. Les nazis m'ont attrapée et m'ont donné à ma maman. Elle nous tenait toutes les deux. Les nazis ont tué mon papa et son frère devant mes yeux et ceux de maman."

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"J'y serai"

Ce mardi 16 avril, elle sera à la cérémonie en présence d'Emmanuel Macron. Elle a été émue d'apprendre sa présence : "ça veut dire qu'il y a quelque chose en lui qui lui a fait dire 'il faut y aller, c'est important, j'y serai'", sourit cette bientôt octogénaire. "C'est important d'entretenir la mémoire" dit-elle. Elle en a parlé à ces petits-enfants qui connaissent tous le destin tragique de leurs ancêtres dans le Vercors.

"Merci d'être venu nous voir, c'est important pour nous"

Tous les 21 juillet, date de commémoration, elle est présente à Vassieux-en-Vercors, où elle n'habite plus. "Quand j'y suis, j'ai l'impression d'être à ma place, de faire mon devoir", explique-t-elle, même si les cérémonies deviennent un peu lourdes à supporter, la mémoire des atrocités surtout. Marinette a rencontré Charles de Gaulle en 1963, dernière visite présidentielle, "il m'a touché la main, j'en tremblais", raconte-t-elle. Si elle voit Emmanuel Macron, elle lui dira "merci d'être venu nous voir, parce que c'est important pour nous."

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"J'espère un ministre le 21 juillet"

Paul Jallifier, lui aussi pupille de la Nation, a perdu son père, pendu par les pieds par les assaillants allemands en juillet 1944. Il salue également la venue du Président de la République, mais espère que pour la date officielle du 80e anniversaire de l'attaque nazie sur le plateau, un membre du gouvernement sera présent.

"C'est très très bien, parce qu'on est quand même une des cinq communes 'Compagnon de la Libération' en France. On n'a jamais eu un président qui est venu commémorer le 60e ou 70e anniversaire... C'est bien qu'on ait un président qui vienne. C'est dommage que ce ne soit pas le 21 juillet en revanche, ça a été le jour le plus dur du massacre de Vassieux. (...) Ce que j'espère c'est que pour le 21 juillet on ait un ministre ou un secrétaire d'État."

Lucien Frel, un habitant de Vassieux-en-Vercors
Lucien Frel, un habitant de Vassieux-en-Vercors © Radio France - Alexandre Wibart

Des parents qui se cachaient dans la forêt avec leur bébé

Lucien Frel était bébé lors du massacre du 21 juillet 1944. Né le 29 avril, soit trois mois plus tôt, il connaît le récit des "événements", comme le disaient ses parents, grâce à leurs mots, ses parents qui ne lui ont jamais trop parlé de la guerre. Pour lui, cette venu d'Emmanuel Macron, c'est important, "parce que ça nous rappelle un peu ce que nos parents ont pu vivre", explique-t-il. "J'ai perdu des arrière-grands-parents, grands-parents, fusillés. On se rappelle aussi de notre jeunesse, les jeux à travers les les ruines du village, parce que tout le village a été détruit."

Ses parents se sont enfuis dans la montagne lors du bombardement du 14 juillet. "Mes parents sont d'abord partis dans le hameau des Granges, à trois kilomètres, à l'orée de la forêt. (...) La nuit, ils allaient se planquer en forêt, ma mère lavait les biberons dans les flaques d'eau. Ma mère avait amené une chèvre pour pouvoir tirer du lait pour me nourrir, avec du sucre... Les Allemands avait même piqué la chèvre..."

"Mes parents ne parlaient pas de la guerre"

Le père de Lucien Frel était maquisard. Après guerre, quand Vassieux était en ruines, incendié, rasé, on ne parlait plus beaucoup de la guerre, histoire de ne pas trop se rappeler des mauvais souvenirs. "Mes parents ne parlaient pas de la guerre. D'abord, ils n'appelaient pas ça 'la guerre', c'était 'les événements'. Il a fallu que j'attende environ l'âge de 15-16 ans pour arriver à avoir un petit peu des des informations. Ma mère est décédée en 2017, on en a quand même parlé tous les deux. C'est aussi pour ça que c'est important que le chef de l'État soit là aujourd'hui."

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