Béziers recrute 16 policiers municipaux et augmente de 14% ses effectifs à deux ans des prochaines élections

En 2014, Béziers comptait une trentaine de policiers municipaux. Depuis, le service s'est considérablement étoffé. La capitale biterroise comptait 110 agents à la fin du premier mandat de Robert Ménard en 2020. A deux ans des prochaines municipales, l'élu poursuit ses investissements. Il est sur le point de recruter 16 policiers municipaux supplémentaires soit une hausse de 14% de ses effectifs pour assurer une meilleure présence sur le terrain.

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Béziers est plutôt bien dotée si l'on en croit les chiffres de l'Insee avec en moyenne 5.3 policiers municipaux pour 10.000 habitants. Le ratio par habitant est ici trois fois plus élevés.  "Il y a une vraie demande de la population" explique Robert Ménard qui souhaite multiplier ses patrouilles à pieds dans certains quartiers. "Il n'y a aucun lien avec une hausse ou pas de la délinquance. Je souhaite une meilleure visibilité de la police municipale afin de rassurer ceux qui ont besoin de l'être, et d'inquiéter ceux qui auraient de mauvaises intentions."

"L'État n'a pas respecté ses engagements"

Il y a trois ans, l'État a promis de renforcer la police nationale. "Deux des 17 fonctionnaires de police promis ont rejoint le commissariat de Béziers. J'attends toujours les autres. Il ne s'agit pas de taper sur l'État, ni sur la police nationale, mais le compte n'y est pas. Quand vous avez besoin d'appeler les forces de l'ordre, qui vous répond en premier ? La police nationale ou la police municipale ?  La police municipale vient normalement en complément et ne fait pas à la place de... Si on ne fait pas attention, la police municipale sera en remplacement de la police nationale. Ce n'est pas normal."

D'après nos renseignements, le commissariat a bien été doté de 17 policiers en 2021 à l'arrivée du commissaire Eric Hermenier. Mais depuis, 15 d'entre eux ont notamment été mutés et n'ont toujours pas été remplacés.

"Le commissariat de Béziers compte 240 policiers nationaux. On devrait les voir plus souvent dans les rues"

"Nous sommes dans un pays qui favorise les métropoles, plutôt que les villes moyennes. Regardez les chiffres à Montpellier : il y a 65 policiers nationaux supplémentaires. Ils ont réussi à les trouver, dixit le maire de Béziers. Ce n'est pas Robert Ménard, ni Béziers qu'on pénalise. C'est tout simplement les villes moyennes. Je ne suis pas le seul dans ce cas de figure en France. Il y a les Français qu'on veut séduire, les métropoles proches des pouvoirs politiques et les communes qui n'ont pas le même pouvoir, pas le même impact. Si on veut plus de sécurité, forcément nous devons adapter nos services."

"Ce n'est pas aux collectivités comme la ville de Béziers de pallier les carences de l'État"

"Le commissariat de Béziers compte 240 policiers nationaux. On devrait les voir plus souvent dans les rues. Ce n'est pas une réalité. Il ne s'agit pas de taper sur la police nationale. Je suis le premier à la défendre. Elle fait notamment des enquêtes. Ce que nous ne sommes pas en mesure de faire mais ce n'est pas aux collectivités comme Béziers de pallier aux carences de l'État."

Le recrutement vient de débuter et se poursuivra en janvier prochain. Douze des seize policiers patrouilleront à pieds en allant à la rencontre du public. Il est important d'être présent en dehors du centre-ville. Les autres, des contractuels, seront affectés au centre de vidéosurveillance.

Béziers dispose aujourd'hui de 440 caméras. La ville compte en déployer davantage. Il n'y en avait qu'une trentaine en 2014. Forcément, il faut du personnel derrière les écrans. "Je suis ravi que la gendarmerie et la police nationale utilisent à longueur de temps nos caméras pour les besoins d'une enquête, mais trouvez-vous normal que ce soit la ville de Béziers qui paie la totalité de cet équipement ?"

"A mon arrivée en 2014, confie Robert Ménard, la police municipale s'arrêtait à 23h et ne travaillait pas les week-ends, ce temps-là est révolu. Ce renfort des équipes au sol était nécessaire. Même si nos équipes tournent partout en ville en voiture. Nous ne sommes pas assez présents à pieds dans certaines rues, certains quartiers. Il y a une demande des habitants et des commerçants, encore plus en cette période de fêtes."

Même s'il n'est pas candidat à sa propre succession en 2026, Robert Ménard prépare les prochaines élections municipales.

C'est un secret de polichinelle : son épouse la députée Emmanuelle Ménard devrait être candidate pour lui succéder. L'un et l'autre sont favorables à davantage de sécurité en ville. Alors en augmentant les effectifs de la Police municipale Robert Ménard répond ainsi aux attentes de son électorat et prépare la campagne de son épouse. (Le maire de Béziers a été réélu en 2020 dés le premier tour avec quasiment 70 % des suffrages).

"Si je pouvais, je mettrais encore davantage de policiers dans les rues, pour que chaque Biterrois soit rassuré. Mais c'est aussi une question de budget. Evidemment, c'est un choix politique. J'assume. Je renforce la police municipale au détriment de certains services administratifs. Je pense que nous pouvons encore réaliser des économies à certains endroits. On ne peut pas faire autrement sauf d'augmenter les impôts. Je ne l'ai pas fait à Béziers depuis 10 ans. La seule part qui a augmenté, est celle de l'État."

En 2014, la ville de Béziers comptait 1.800 salariés. Elle en compte 200 de moins. De nombreux départs à la retraite n'ont pas été remplacés