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Guerre en Ukraine : l'évacuation des civils de Marioupol "reportée", la Russie a repris l'offensive

- Mis à jour le
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  • France Bleu

Report de l'évacuation des civils de Marioupol et Volnovakha, blocus des médias indépendants et internet en Russie par le Kremlin, 1,37 million d'Ukrainiens réfugiés... Suivez les principales informations de cette dixième journée d'offensive russe en Ukraine.

L'évacuation de la ville de Marioupol est "reportée" car l'armée russe continue ses bombardements assure la mairie de la ville ukrainienne. L'évacuation de la ville de Marioupol est "reportée" car l'armée russe continue ses bombardements assure la mairie de la ville ukrainienne.
L'évacuation de la ville de Marioupol est "reportée" car l'armée russe continue ses bombardements assure la mairie de la ville ukrainienne. © AFP - Aleksey Filippov

Au dixième jour de l'offensive russe en Ukraine, le Kremlin a annoncé ce samedi matin un cessez-le-feu pour permettre l'évacuation des civils de deux villes de l'est de l'Ukraine : Volnovakha et le port stratégique de Marioupol sous blocus. Moscou a promis "un régime de silence (des armes) et l'ouverture de couloirs humanitaires pour l'évacuation des civils de Marioupol et Volnovakha", via son ministère russe de la Défense. 

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Mais l'évacuation est "reportée" a annoncé à la mi-journée la mairie de Marioupol, pour non-respect du cessez-le-feu. Les forces russes "continuent de bombarder Marioupol et ses environs" assure la mairie. 200.000 personnes devaient quitter la ville en plusieurs étapes jusqu'à Zaporojie, à 220 kilomètres au nord-ouest. C'est là que se trouve la centrale nucléaire attaquée par les forces russes vendredi. 

De son côté, l'armée russe accuse Kiev de ne avoir respecté le cessez-le-feu et a donc repris "l'offensive" en conséquence, a déclaré le porte-parole du ministère russe de la Défense, Igor Konachenkov. "En raison de la réticence de la partie ukrainienne à influencer les nationalistes ou à prolonger le cessez-le-feu, les opérations offensives ont repris depuis 18H00, heure de Moscou", soit 15H00 GMT, a-t-il déclaré dans un message vidéo.

"Pas un seul civil n'a pu quitter Marioupol et Volnovakha le long des couloirs de sécurité annoncés. La population de ces villes est détenue par des formations nationalistes comme boucliers humains", a ajouté le porte-parole du ministère de la Défense russe. Il a également déclaré que des "bataillons nationalistes" avaient utilisé le cessez-le-feu pour "se regrouper et renforcer leurs positions".

Marioupol, un des objectifs prioritaires de la Russie

Le port stratégique de Marioupol est depuis plusieurs jours un objectif prioritaire des plans d’invasion de l’Ukraine par la Russie. La prise de Marioupol, assiégée et bombardée par les Russes depuis près d'une semaine et largement privée ces derniers jours d'électricité, de nourriture et d'eau notamment, serait un important tournant dans le conflit. Elle permettrait en effet, à l'est, la jonction des forces russes venues de la Crimée annexée, qui ont déjà pris les ports clés de Berdiansk et Kherson, avec les troupes séparatistes et russes dans le Donbass.

Le maire de Marioupol, Vadim Boïtchenko, avait déclaré quelques heures plus tôt que sa ville, située sur la mer d'Azov et comptant en temps normal 450.000 habitants, était soumise à un "blocus" de l’armée russe et à des attaques "impitoyables". Le cessez-le-feu permettrait de "rétablir les infrastructures vitales et mettre en place un couloir humanitaire pour faire venir des aliments et des médicaments dans la ville" a dit Vadim Boïtchenko.

Sans cessez-le-feu, les civils doivent faire face à de plus de plus de pénuries. "On en est à des bombardements dans des zones densément peuplées, avec des gens qui sont effrayés, qui se terrent depuis des jours, et avec des pénuries grandissantes, que ce soit en terme médical ou en besoins essentiels", a indiqué ce samedi sur franceinfo Frédéric Joli, le porte-parole du Comité international de la Croix-Rouge (CICR).

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Dans les terres, l'armée russe continue de bombarder intensément les alentours de Kiev au nord-ouest et à l'est notamment. A l'est de l'Ukraine, les séparatistes pro-russes ont pris le contrôle de six localités dans la région de Donetsk. Les forces russes disent aussi avoir progressé dans le sud, prenant dix villages et localités. Entre Marioupol et Kiev, l'armée russe occupe depuis vendredi la centrale nucléaire de Zaporojie où des frappes de son artillerie, selon les Ukrainiens, ont provoqué un incendie dont Moscou nie être à l'origine.

Le président ukrainien presse l'OTAN d'interdire le survol de son espace aérien

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky continue de mettre la pression sur l'Otan pour interdire à l'aviation russe de survoler le ciel ukrainien. Ce vendredi, l'Otan a refusé d'imposer "une zone d'exclusion aérienne au-dessus de l'Ukraine", par crainte d'entrer en conflit direct avec l'aviation russe, si un avion russe survolait malgré tout le ciel ukrainien. Une décision vivement critiquée par Volodymyr Zelensky dans une vidéo postée par le président ukrainien. 

Le président russe Vladimir Poutine a souligné ce samedi que la Russie considérerait comme "cobelligérant" tout pays tentant d'imposer une zone d'exclusion aérienne au-dessus de l'Ukraine. Toute mesure en ce sens serait considérée par Moscou "comme une participation au conflit armé".

Les Etats-Unis s'activent

Le secrétaire d'État américain Antony Blinken a rencontré samedi le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kouleba, à la frontière entre la Pologne et l'Ukraine, en signe de solidarité. "J'espère que le peuple ukrainien pourra y voir une manifestation claire du fait que nous avons des amis qui se tiennent littéralement à nos côtés", a déclaré M. Kouleba après leur rencontre au poste-frontière de Korczowa-Krakovets, sous haute sécurité.

Les deux hommes se sont entretenus pendant 45 minutes en tête-à-tête à la frontière, évoquant la livraison d'armes supplémentaires aux forces ukrainiennes et les moyens d'exercer des pressions sur Moscou.

Une troisième séance de pourparlers

Une troisième séance de pourparlers entre l'Ukraine et la Russie se déroulera lundi, a annoncé samedi un membre de la délégation ukrainienne, David Arakhamia. "Le troisième round de négociations se tiendra lundi", a-t-il écrit sur sa page Facebook.

Les Russes n'ont plus accès aux médias indépendants et internet

La Russie a décidé ce vendredi de se couper des médias indépendants et des réseaux sociaux, pour faire cesser toute voix dissonante sur le conflit ukrainien, pour faire face à une "guerre de l'information" dit le Kremlin ce samedi matin. Moscou a ordonné le blocage de Facebook, à qui il reproche de bloquer des médias proches du pouvoir (la chaîne RT et le site Sputnik) en Europe. La Russie entre ainsi dans le club très restreint des pays interdisant le plus grand réseau social au monde, avec la Chine et la Corée du Nord. 

Le Kremlin annonce de lourdes peines de prison pour toute diffusion d'"informations mensongères sur l'armée". Un amendement introduit diverses peines pouvant aller jusqu'à 15 ans de prison en cas de propagation d'informations visant à "discréditer" les forces armées russes.

Avec cette nouvelle loi drastique contre les médias indépendants, la population russe n'a désormais quasiment plus accès qu'aux discours officiels. Le président Vladimir Poutine entend ainsi imposer son récit officiel sur l'invasion de l'Ukraine. "L'étau se resserre sur la liberté d'expression des médias", a expliqué ce samedi sur franceinfo Cécile Coudriou, présidente d’Amnesty International France.

Les correspondants français en Russie ont commencé à se préserver. Ils annoncent les uns après les autres suspendre pour l'instant leurs comptes sur les réseaux sociaux, comme ci-dessous le correspondant du Monde Benoît Vitkine et celui de Radio France Sylvain Tronchet.

Les chaînes publiques allemandes ARD et ZDF suspendent elles leur couverture depuis la Russie, tout comme la chaîne de télévision publique italienne RAI. Radio Canada a décidé également de suspendre le travail de ses journalistes en Russie, tout comme Bloomberg News & la BBC. La chaîne américaine d'informations CNN suspend la diffusion de ses programmes en Russie.

Une équipe d'une chaîne de télévision britannique a été attaquée en début de semaine aux alentours de Kiev et un des journalistes a été blessé par balle, a annoncé leur employeur, Sky News. Leur voiture s'est trouvée prise sous les tirs au moment où elle se dirigeait vers la capitale ukrainienne lundi, a précisé la chaîne, qui n'a rendu publique la nouvelle que vendredi soir, une fois son équipe rapatriée au Royaume-Uni. Selon Sky News, un "commando de sabotage" russe est soupçonné d'avoir été responsable de l'attaque.

Combien d'Ukrainiens reviennent au pays pour se battre ?

C'est un tweet publié ce samedi matin par le ministre de la Défense ukrainien Oleksii Reznikov. Selon ses écrits, 66.224 Ukrainiens sont revenus de l'étranger pour "défendre le pays". "Cela représente 12 brigades supplémentaires" précise-t-il, un chiffre non vérifiable. Mais sur place, les journalistes évoquent depuis plusieurs jours des hommes revenant au pays pour combattre.  

Sur France Bleu, nous vous avons déjà partagé des témoignages de Français sur le départ pour l'Ukraine, anciens militaires ou non. Ils ont décidé de prendre les armes aux côtés des Ukrainiens. "Nous avons beaucoup de Français qui nous appellent" pour aller se battre aux côtés des Ukrainiens, a confirmé lundi Alexandra Prysiazhniuk, porte-parole de l'ambassade d'Ukraine en France.

1,37 million de réfugiés ont quitté l'Ukraine

1,37 million de personnes ont quitté l'Ukraine depuis le 24 février 2022, selon le dernier décompte du Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) ce samedi. La majorité d'entre-elles a trouvé refuge en Pologne où les réfugiés étaient samedi 756.303 soir. La Hongrie a accueilli 157.004 personnes, la Moldavie 103.254 personnes, 101.529 personnes sont arrivées en Slovaquie et 63.192 réfugiés sont en Roumanie. Le HCR a aussi précisé que 133.876 personnes ont poursuivi leur route, une fois la frontière ukrainienne franchie, vers d'autres pays européens.

"1.900 Ukrainiens sont arrivés en France", a indiqué ce vendredi à France Bleu Occitanie le président de France Urbaine et maire de Toulouse Jean-Luc Moudenc, à la sortie d'une réunion au ministère de l'Intérieur en tant que représentant des métropoles et des grandes villes.

Plus d'un million d'Ukrainiens ont déjà quitté leur pays après dix jours de conflit.
Plus d'un million d'Ukrainiens ont déjà quitté leur pays après dix jours de conflit. © Visactu

La France, par la voix de son ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, a critiqué samedi la "réponse totalement inadaptée" et le "manque d'humanité" du Royaume-Uni à l'égard des réfugiés ukrainiens refoulés à Calais, dans une lettre adressée à son homologue britannique Priti Patel.

Cherchant à rejoindre leurs familles outre-Manche, quelque 150 Ukrainiens fuyant leur pays envahi par la Russie ont été invités ces derniers jours par des représentants britanniques "à faire demi-tour" et à "se rendre à Paris ou Bruxelles" pour obtenir leurs visas dans les consulats, affirme le ministre dans ce courrier consulté par l'AFP.

L'Europe augmente son niveau d'alerte face aux cyberattaques russes

"La France et l'ensemble des pays européens ont augmenté leur niveau d'alerte. Nous restons extrêmement vigilants" face aux cyberattaques russes, a tweeté Cédric O, secrétaire d’Etat chargé de la Transition numérique et des Communications électroniques. "L'invasion de l’Ukraine par la Russie est aussi une agression cyber. De nombreuses cyberattaques russes ont touché l'Ukraine et ses infrastructures", a-t-il expliqué sur franceinfo.

Mardi et mercredi prochains, Cédric O recevra ses homologues européens à Nevers pour un Conseil dédié à la cybersécurité et la lutte contre la désinformation. "Le soutien que le secteur du numérique peut apporter au peuple ukrainien sera aussi évoqué" explique le secrétaire d’Etat chargé de la Transition numérique et des Communications électroniques.

Des milliers d'internautes sont privés d'internet en Europe, dont 9.000 en France, après une probable cyberattaque sur un réseau satellitaire, survenue au début de l'offensive russe en Ukraine.

Des rassemblements partout en France ce samedi

De nouveaux rassemblements de soutien à l'Ukraine ont eu lieu ce samedi un peu partout en France. Le ministère de l'Intérieur a recensé 41.600 manifestants dans 119 défilés.

Des conséquences économiques "dévastatrices" 

Une escalade du conflit en Ukraine aurait des conséquences économiques "dévastatrices" au niveau mondial, a prévenu le Fonds monétaire international (FMI) samedi. Outre le conflit lui-même, les sanctions imposées à la Russie "auront aussi un impact substantiel sur l'économie mondiale et les marchés financiers, avec des effets collatéraux pour d'autres pays", a également averti le FMI.

Ukraine : l'avancée des troupes russes (point de situation samedi 5 mars à 19h30)
Ukraine : l'avancée des troupes russes (point de situation samedi 5 mars à 19h30) © Visactu - Visactu

Ma France : Améliorer le logement des Français

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