80e anniversaire du Débarquement : la Russie invitée aux commémorations, mais pas le président russe Vladimir Poutine

La Russie sera invitée aux célébrations du 80e anniversaire du Débarquement allié en Normandie le 6 juin 2024. C'est ce qu'a annoncé la Mission Libération, ce mardi 16 avril 2024, à nos confrères de l'AFP. Une information confirmée par France Bleu Normandie, tout en précisant que le président russe Vladimir Poutine n'est en revanche pas invité, "en raison de la guerre d'agression en Ukraine", en ajoutant que "la Russie sera toutefois invitée à être représentée pour que l’importance de l'engagement et des sacrifices des peuples soviétiques, ainsi que sa contribution à la victoire de 1945, soient honorées".

La Mission Libération est le groupement d’intérêt public chargé d’organiser le cycle commémoratif 2024-2025 des débarquements, de la Libération de la France et de la Victoire. Pour rappel, la cérémonie internationale se déroulera à Saint-Laurent-sur-Mer (Omaha Beach) le 6 juin 2024.

Vladimir Poutine présent au 70e anniversaire

Vladimir Poutine avait été convié aux célébrations du 70ᵉ anniversaire en juin 2014, malgré l'annexion de la Crimée trois mois plus tôt. En revanche, le président russe n'était pas invité au 75ᵉ anniversaire D-Day en 2019, alors que la situation était sous-tension dans l'est de l'Ukraine. "Aucune précision n'a été donnée sur le niveau auquel la Russie pourrait être représentée à ces commémorations en Normandie", ajoute la Mission Libération.

"Une invitation cohérente si on regarde l'aspect historique"

Jean Quétier, le président du Comité du Débarquement, estime que cette invitation est logique sur le plan historique. Il faut dire que malgré la guerre en Ukraine et une situation géopolitique tendue, il est difficile de se passer totalement de la présence de la Russie.

L'URSS n’a pas directement participé au Débarquement, mais elle l’a rendu possible puisque près de 27 millions de Soviétiques sont morts sur le front de l'Est, pour combattre l'Allemagne nazie : "ça ne me paraît pas un non-sens historique, bien au contraire. Il ne faut pas nier le rôle historique de la Russie pendant la Seconde Guerre mondiale. C'est un élément extrêmement important dans la libération de l'Europe. On ne va pas réécrire l'histoire, mais il y a des moments où on a été alliés avec la Russie et il ne faut pas nier ces pages d'histoire non plus. Ce n'est pas choquant pour moi qu'effectivement, la Russie soit invitée".

Un rapprochement avec la Russie ?

C'est une invitation qui a des allures de main tendue pour Chrisitan Lequesne, politologue et professeur de science politique à Sciences Po Paris. Pour lui, cette décision de la Mission Libération est aussi celle du gouvernement : "du côté français, on rêve secrètement d'une reconnexion avec la Russie, c'est-à-dire d'une reprise de dialogue. Tout ça montre que du côté français, on est très embêté quand on ne parle plus à la Russie. Malgré notre soutien à l'Ukraine, je pense qu'il est indéniable, sur le plan militaire, sur le plan financier, il y a toujours cette idée très française que quelque part, si on pouvait retrouver à canal, une voie de dialogue avec Moscou, ce serait formidable. C'est une vieille histoire de la diplomatie française".