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PORTRAIT - Bertrand, le prêtre de Verdun, fan de jeux vidéo et de musique metal

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Bertrand Monnier embrasse pleinement ses passions. Fan de jeux vidéo, amoureux de musique metal et fervent catholique, il se joue des clichés et assume être à la fois prêtre, gamer et métalleux.

Bertrand Monnier passe difficilement inaperçu. Cet imposant quadragénaire porte, par tous les temps, des tee-shirts aux couleurs de ses groupes de metal préférés. Fan de jeux vidéo, du Seigneur des Anneaux et autres mondes imaginaires, nous le rencontrons alors qu'il arbore sur le torse la créature du groupe Iron Maiden, surmontée d'un col romain.

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Il faut dire que Bertrand Monnier est prêtre à Verdun.

Le père Bertrand Monnier dans la salle de jeux vidéo de son presbytère
Le père Bertrand Monnier dans la salle de jeux vidéo de son presbytère © Radio France - Cédric Dumaine

Prêtre, gamer et métalleux

Bertrand Monnier est l'ainé d'une famille de sept enfants. La fratrie est élevée avec une éducation très stricte. Chez les Monnier, il n'y pas de télé, on vouvoie ses parents et on n'a pas le droit d'écouter n'importe quelle musique. Par chance, le jeune Bertrand, à peine âgé de 11 ans, a déjà trouvé sa voie : il éprouve une passion pour Jésus-Christ et souhaite devenir prêtre.

Le père Bertrand Monnier en plein homélie
Le père Bertrand Monnier en plein homélie © Radio France - Cédric Dumaine

La même année, en entrant en classe de sixième, il fait une rencontre décisive pour lui :

"Un jour, un de mes très bons amis m'a dit : 'Viens voir, j'ai trouvé un truc.' Et là, il m'a sorti une cassette de Guns N' Roses. C'était l'époque des cassettes. Sur le coup, j'ai dit : 'Au secours ! Quelle horreur !'

Mais il m'a dit : 'Attends, écoute.' Dès qu'il a mis la musique, ça m'a pris tout de suite et j’ai dit : 'Ça, c'est clair, c'est ma musique !' Je m'y suis retrouvé tout de suite."

Bertrand se passionne donc pour la musique metal et il affine ses goûts. Il découvre des groupes au son très épique, mélodique, inspiré de la musique classique ou de traditions folkloriques, "ce qui ne l'empêche pas d'être parfois assez brutal" s'amuse-t-il. "Je suis plutôt dans le metal fédérateur."

Cette nouvelle passion, Bertrand la partage. Il porte haut et en toutes circonstances les couleurs de ses groupes préférés. Il s'engage dans une association qui organise des concerts autour de Verdun. Il propose même des rencontres entre ses paroissiens et des spécialistes du metal pour faire tomber les barrières et les clichés. Lors de ses séances cathogeek, des ateliers jeux vidéo qu'il propose dans son presbytère, il en profite pour diffuser du metal en fond sonore et faire découvrir la richesse de cette musique aux jeunes de la paroisse.

Vitrail à l'église St Jean Baptiste de Verdun
Vitrail à l'église St Jean Baptiste de Verdun © Radio France - Cédric Dumaine

Juste un homme de son temps

Le père Bertrand Monnier est un homme très occupé. Sa paroisse compte 28 chapelles et plusieurs collèges, repartis sur 400 km². Il vient de publier un livre intitulé Les dix commandements des jeux vidéo (Salvator) et prépare un nouvel ouvrage consacré aux tatouages. Il a même repris un cycle de formation artistique à Paris.

Quand on demande au père Bertrand Monnier où trouve-t-il le temps de jouer, il élude le problème. Selon lui, on trouve toujours du temps à offrir à ses passions, qu'il s'agisse de Jésus-Christ, de la musique ou des jeux vidéo. Et pour récompenser les plus curieux de ses paroissiens, il n'hésite pas à caser des répliques de films ou de séries cultes dans ses homélies.

Par le biais de la pop culture, le père Bertrand tente de faire communiquer des mondes qui se regardent avec dédain. À titre personnel, il se sert également de ses passions pour leur valeur récréative :

"Quand j'ai fait un enterrement un peu difficile, avec une famille très éplorée qu'il a fallu accompagner, on n'est pas fait de bois, je suis aussi touché par leur situation. Ensuite, il faudra enchaîner avec le catéchisme au collège et donc, si entre les deux, j'ai dix minutes ou un quart d'heure, j’écoute un peu de musique, je fait une partie d’Hearthstone. Ça me fait un peu un sas de décompression pour passer d'une situation émotionnelle à une autre."

"C'est aussi pour ça que j'aime beaucoup aller dans le monde associatif, metal ou geek, parce que je retrouve des gens de mon âge, avec qui je partage les mêmes passions. Finalement, que je sois prêtre, boulanger ou architecte, ça ne leur fait ni chaud ni froid, et ça, pour un prêtre, ça peut faire du bien parce qu’on n'est pas constamment avec notre étiquette ou notre responsabilité sacerdotale" confesse-t-il.

Pour Bertrand Monnier, la conclusion va au-delà des étiquettes : "Je suis seulement quelqu'un de mon époque avec les passions de gens de ma génération."

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