Le grand frisson en vallée d'Aspe avec la passerelle du fort du Portalet

Le fort du Portalet a été construit en 1842, sur la commune d'Etsaut,  pour protéger la route du col du Somport des invasions espagnoles. Il a ensuite servi de prison à différentes personnalités, comme Léon Blum ou le maréchal Pétain. Il était peu à peu tombé dans l'oubli, même si sa silhouette massive s'affichait comme un signal dans ce passage de la vallée qui se resserre entre les falaises. Il a été classé en 2005 et depuis, avec le soutien de la Direction Régionale des Affaires Culturelles il a été réhabilité. En face du fort, de l'autre côté des gorges d'enfer, il y a le chemin de la mature, un autre élément fort du patrimoine de la vallée d'Aspe. C'est par ce chemin creusé dans la roche qu'à partir de 1772 on descendait les troncs d'arbres pour fabriquer des mâts de navire. L'idée est de relier ces deux éléments forts.

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Le fort du Portalet se doit d'être inaccessible et ça complique sa vocation touristique

Pour accéder au fort, il faut stationner sur un délaissé de la nationale 134 et marcher sur 400 mètres, au bord de la Nationale. Les visites sont donc organisées par petits groupes d'une vingtaine de personnes. Le département veut s'appuyer sur ce monument historique pour développer le tourisme dans la vallée. Il est donc indispensable de faciliter l'accès. Vendredi 3 juin, une réunion s'est tenue à Etsaut avec les élus concernés et le sous-préfet d'Oloron Samuel Bouju. La réflexion est engagée depuis deux ans. Un inspecteur de l’État est venu sur place étudier les différentes hypothèses d'aménagement, il doit rendre son rapport courant juin.

Pour le département, c'est un enjeu considérable.

En zone de montagne il n'y a pas 36 000 sujets sur lesquels s'appuyer. Là, on a deux sujets qui ont beaucoup de sens, du fait de leur force d'évocation , du fait de leur commodité future. Jean- Jacques Lasserre, président du conseil départemental.

La présidente de la communauté de communes de la vallée d'Aspe, et maire d'Etsaut, Elisabeth Médard espère que ces aménagements, permettront aussi d'attirer dans le secteur les pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle, qui ont peur de marcher au bord de la nationale 134, pour rejoindre le chemin de la mature, et retrouver ensuite le GR10. Deux difficultés majeures qui disparaîtraient avec la réalisation des passerelles.

L'accessibilité est limitée alors que la demande est forte. On est à 4 000 visiteurs par an, on pourrait passer à 60 000 et plus. Élisabeth Médard

Une passerelle à travers le temps et au dessus des gorges d'enfer

Le chantier se ferait en deux phases. D'abord le cheminement piéton entre la gare d'Urdos et le portail d'entrée du fort, grâce à des passerelles ou des passages, pour traverser la voie ferrée, le gave, et la nationale 134.  Et puis le signal fort , la grande passerelle de près de 200 mètres de long dans sa version la plus haute, entre le fort et le chemin de la mature. (La passerelle d'Holzarte, en Pays Basque ne fait que 70 mètres). Une passerelle entièrement sécurisée, mais avec une vue stupéfiante.

Il y a plusieurs points d'ancrage possibles pour cette passerelle, qui faciliterait le passage des randonneurs et des pèlerins vers le GR10, il faut tenir compte des activités d'escalade, et des interventions éventuelles des hélicoptères de secours en montagne.

Dès le départ de la réflexion, les services de l’État ont été associés, parce qu'il y a des contraintes fortes sur l'environnement, et la sécurité, on est dans un site classé.

Le rôle de l’État est d'accompagner les élus pour les conseiller, sécuriser le projet juridiquement, leur permettre de gagner du temps, pour aboutir à une solution qui corresponde bien aux obligations, à la fois en terme de site et d'environnement. Samuel Bouju, sous-préfet d'Oloron Sainte-Marie.

L'hypothèse la plus recevable actuellement en termes de respect du site, est évaluée à environ deux millions d'euros pour le cheminement piétonnier, entre la gare d'Urdos et le portail du fort ; et un million d'euros pour la passerelle suspendue. Le département espère que l'Europe pourra participer au financement. L'installation pourrait être terminée à l'horizon 2020.