À Bordeaux, les pompiers fêtent la fin de la caserne de la Benauge

"Ici, ici, c'est La Benauge", "Allumez le feu", chantent les pompiers bordelais ce mardi matin. Ils posent pour la photo de famille, juste avant, ce 2 avril 2024, de quitter leur quartier général historique de la rive droite, après 70 ans passés au débouché du pont de Pierre. C'est la fin d'une époque donc, celle de cette caserne de cinq étages aux balcons orange sur pilotis de bétons, qui avait d'abord fait polémique car beaucoup de Bordelais trouvaient son architecture trop moderne. Finalement adoptée, et classée monument historique en 2004, la caserne, devenue trop vétuste et trop étroite, sera rénovée pour accueillir un hôtel et des logements.

"Quand on y met les pieds dans cette caserne, confie Jonathan Berthot, président de l’Amicale des sapeurs-pompiers de la Benauge. On sent qu'il s'y passe quelque chose d'assez extraordinaire. c'est une caserne qui a une âme. Il y a des bonhommes qui l'ont faite pendant des années, ah si les murs pouvaient parler. On avait une mascotte, notre chatte Minette, qui a passé des années avec nous. Et la nouvelle caserne n'est pas forcément appropriée pour la garder. Du coup, un collègue pompier l'a accueilli chez lui dans le Sud-Gironde."

La nouvelle maison des pompiers est à quelques centaines de mètres à peine. Plus grande et plus moderne, elle est situé au 56 rue de la Garonne dans le nouveau quartier du Belvédère, toujours sur la rive doite, mais près du pont Saint-Jean.

"C'est un mélange d'émotions, de l'excitation de rejoindre des locaux neufs et un peu plus adaptés aux besoins d'aujourd'hui. Et puis, un peu de tristesse de laisser cette caserne où l'on a vécu des centaines, des milliers d'anecdotes, témoigne Christophe Debons, ex-chef de centre de la Benauge, désormais aux commandes de la Bastide. Ce qu'il faut retenir de cette caserne, c'est qu'elle était ouverte sur le quartier de la Bastide. Les gens venaient s'abriter dans les dépôts quand il pleuvait. Il y a eu toutes ces fêtes qui ont été organisées avec la population ces bals du 14 juillet, les guinguettes que nous avons organisées cette année. Il y a des familles entières qui ont vécu ici,. On a même un agent qui est né et a grandi ici et qui est aujourd'hui pompier ici."

Et pour ne pas abandonner leur caserne comme cela, les 300 soldats du feu ont fait un dernier tour d'honneur, un défilé, sirènes hurlantes sur la rive droite et sur le pont de pierre ce mardi matin. "Un évènement majeur. C'est extraordinaire !", pour Patrick, 33 ans de carrière à la Benauge. "Un mélange d'émotion et de fierté et un accueil plus que chaleureux de la population", souligne le commandant Matthieu Jomain, et chef du service communication du Sdis 33, au milieu d'une haie d'honneur sur le pont de pierre.