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20 ans après AZF : quand de jeunes couvreurs bretons sont venus prêter main forte à Toulouse

Après l'explosion de l'usine AZF à Toulouse le 21 septembre 2001, l'aide afflue pour soulager les sinistrés. En décembre, six apprentis couvreurs descendent de Brest pour réparer les toitures soulevées, pendant trois semaines. Ils ont 16 ans, l'expérience les marquera à vie.

Les six garçons avec deux accompagnants, avant de partir en camionnette direction le Sud-Ouest. Les six garçons avec deux accompagnants, avant de partir en camionnette direction le Sud-Ouest.
Les six garçons avec deux accompagnants, avant de partir en camionnette direction le Sud-Ouest. - Archives du Télégramme

Il y avait Greg, Romain, Xavier et les trois Sébastien. Six garçons, élèves en deuxième année de CAP au lycée Dupuy-de-Lôme à Brest (Finistère). En 2001, ils ont 16-17 ans et apprennent les métiers du bâtiment. Quand l'usine AZF explose en septembre 2001, leur professeur de couverture, Christian Le Goff, leur propose de remplacer leur stage de trois semaines de fin d'année par une mission à Toulouse pour prêter main forte. Ces adolescents vont alors passer trois semaines sur les toits d'une agglo défigurée, chaperonnés par des artisans locaux. Souvenirs.

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Mieux qu'un simple stage

Quelques milliers de francs du Conseil général du Finistère dans la poche, et près de 900 kilomètres parcourus en fourgonnette. Romain Simon a 36 ans aujourd'hui, il s'est reconverti dans le maritime à Brest et ses souvenirs sont intacts même si il ne se rappelle pas du nom du village où il atterri, au nord de Toulouse chez un couvreur, un certain Monsieur Pugens, un "ancien qui avait déjà de la bouteille" alors que ses camarades étaient dans de grosses boites comme Roussel à Saint-Orens. Lui n'est pas allé en ville, il partait sur les toits soufflés des communes rurales aux alentours. Trois mois après la catastrophe, le gros du sauvetage avait été assuré par les professionnels, mais il y avait encore du boulot.   

"On a filé un coup de main aux sinistrés, avec nos petits bras d'apprentis. On a gagné en expérience, c'était super, y a rien de mieux pour des étudiants. Ca m'a marqué toute ma vie. J'aimerais bien retrouver ce Monsieur Pugens s'il est encore en vie..." — Romain Simon

"On passait nos journées à évacuer les tuiles et à faire des allers-retours à la déchèterie" détaille Grégory Mazé, un autre de six apprentis. "On était là pour apprendre et pour le coup dans le Sud, vous avez les tuiles alors que nous on était habitués à l'ardoise bretonne". Parfois en ville, parfois à la campagne, tantôt sur des toits abîmés par le blast, tantôt sur d'autres chantiers sans rapport avec AZF mais qui avaient pris du retard. "Il y a avait un tel besoin de main d'œuvre à ce moment-là qu'on était utiles partout", revient Grégory, qui depuis a fait de la couverture son métier, avec ses propres entreprises du côté de Saint-Brieuc (Côtes d'Armor).

Les artisans n'ont pas chômé fin 2001 à Toulouse, et les mois qui suivirent.
Les artisans n'ont pas chômé fin 2001 à Toulouse, et les mois qui suivirent. © Maxppp - Frédéric Charmeux

L'histoire des couvreurs bretons s'ébruite

Sébastien Put lui travaille désormais dans les travaux publics à Quimper. Il se souvient des nuits à l'internat du lycée Bayard (devenu Urbain-Vitry, route de Launaguet). Il se souvient aussi de cette insouciance d'adolescent, les soirées en ville, la visite de la cité de l'Espace le week-end. Et ces quelques moments poignants qui l'ont ramené à la réalité de la tragédie que venait de vivre Toulouse. Lors d'une soirée organisée par les Bretons de Toulouse, les garçons sont invités. 

Il y a avait une dame discrète. Je crois qu'elle avait perdu quelqu'un dans l'explosion. Elle n'a rien dit mais j'ai bien senti qu'elle voulait nous remercier, avec ses larmes.  — Sébastien Put

L'histoire de ces garçons venus de Bretagne jusqu'en Haute-Garonne pour aider les sinistrés d'AZF  a vite fait le tour de Toulouse à l'époque. Ils ont été invités dans les studios improvisés de la radio éphémère de Radio France, M' Toulouse, à Empalot. L'expérience les a marqués. D'autres reportages ont fleuri, à la télévision, dans la presse régionale. Sébastien conclut, "Les gens nous prenaient pour des héros. Mais nous du haut de nos 16 ans, on n'avait pas conscience de ça. On voulait juste aider à notre petite échelle".

La photo d'archives a été publiée par le quotidien breton le Télégramme le 4 décembre 2001.

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