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TEMOIGNAGE - Infirmière tuée à Reims : "Ce qu'on a vécu n'a servi à rien" dit une ancienne victime du suspect

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Corinne Langlois, blessée en 2017 par l'agresseur présumé qui a tué une infirmière du CHU de Reims il y a une dizaine de jours, témoigne ce mardi sur l'antenne de France Bleu Besançon. Elle dénonce un manque de moyens en psychiatrie et s'interroge sur le diagnostic d'irresponsabilité pénale.

Un hommage solennel a été rendu à l'hôpital Maison-Blanche à Reims en mémoire de l'infirmière tuée à l'arme blanche. Un hommage solennel a été rendu à l'hôpital Maison-Blanche à Reims en mémoire de l'infirmière tuée à l'arme blanche.
Un hommage solennel a été rendu à l'hôpital Maison-Blanche à Reims en mémoire de l'infirmière tuée à l'arme blanche. © Radio France - Philippe Peyre

Elle était à l'époque cheffe de service de l'Etablissement et Service d'Aide par le Travail en 2017 (ESAT) dans la Marne, Corinne Langlois, qui vit aujourd'hui en Haute Saône témoigne ce mardi sur France Bleu BesançonIl y a 5 ans, en juin 2017, elle a été attaquée par l'homme qui a tué Carène Mezino, une infirmière, à Reims, le 22 mai. Franck F. a été mis en examen pour assassinat mais son avocat parle d'un homme malade, pour qui la question de l'irresponsabilité pénale se pose.

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Corinne Langlois s'interroge sur cette question d'irresponsabilité pénale, mais aussi sur les moyens alloués à la psychiatrie. 35 infirmières sont agressées chaque jour et le gouvernement va annoncer un plan pour renforcer la sécurité dans les hôpitaux cette semaine.

"Notre crainte c'était qu'il recommence"

En entendant parler de ce meurtre de Reims, Corinne Langlois a d'abord ressenti "une très grande colère, une incompréhension". Franck F, cet homme de 59 ans l'avait attaqué au couteau avec trois autres personnes en 2017. Une infirmière de 38 ans, était morte des suites de ses blessures.

"Nous, notre crainte, c'était qu'il recommence après les faits. Il a été un peu plus de un an en UMD, en unité pour malades difficiles. Et notre crainte, c'était, quand il va ressortir, qu'est ce qui va se passer ? Et on avait peur qu'il recommence"

Elle ajoute qu'il a eu les mêmes propos pour le meurtre de Carène Mezino que dans la précédente affaire : "Il était contre les soins, en colère contre la psychiatrie, et disait que la psychiatrie avait détruit sa vie".

Un manque de moyens en psychiatrie

Avant l'agression de l'infirmière à Reims, Franck F. avait arrêté son traitement depuis quelques jours. Il y a eu une rupture dans les soins, tout comme ça avait été le cas, il y a 5 ans. "En 2017, ça faisait environ un mois qu'il ne tenait plus son traitement et personne, à aucun niveau ,ne s'en était rendu compte".

Pour elle, la question des moyens est centrale, mais il faut voir au delà du niveau sécuritaire. C'est la prise en charge des schizophrènes qu'il faut notamment repenser. "Il faut voir aussi au niveau de l'accompagnement en psychiatrie. Bon, d'accord, on manque de psychiatres, on manque de moyens depuis des années, mais son psychiatre estimait qu'il était stabilisé. Il ne l'était pas puisqu'il est passé à l'acte. Donc c'est incompréhensible".

L'irresponsabilité pénale en question

Corinne Langlois s'interroge aussi sur la question de l'irresponsabilité pénale.  "On parle toujours d'agression, mais ce n'est pas une agression, c'est une tentative de meurtre".
Elle ne comprend pas pourquoi on parle de violences aggravées : "Je ne sais pas pourquoi c'est différent et c'est très difficile pour nous de vivre. Depuis, on survit. J'avais déjà du mal à m'en remettre moi avant personnellement, mais là, je m'en remettrai jamais".

Pour Corinne Langlois, "tout ça, ca n'a servi à rien".

Franck F. a été mis en examen pour violences avec arme en 2017 et il n’y a pas eu de non lieu pour irresponsabilité pénale dans cette affaire, justement la Chambre de l’instruction de la Cour d’appel de Reims devait statuer (audience de vendredi) et elle le fera en septembre sur son irresponsabilité dans l’affaire de 2017.

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