Passer au contenu

Prostitution : un vaste réseau international démantelé en France, trois personnes mises en examen

- Mis à jour le
Par

Douze personnes, soupçonnées d'avoir animé un réseau international de prostitution en France, ont été interpellées mardi, simultanément en France, en Espagne et en Colombie, selon France Inter. Trois ont été mises en examen et incarcérées. L'enquête a identifié une cinquantaine de victimes.

Un vaste réseau de prostitution démantelé entre la France, l'Espagne et la Colombie Un vaste réseau de prostitution démantelé entre la France, l'Espagne et la Colombie
Un vaste réseau de prostitution démantelé entre la France, l'Espagne et la Colombie © AFP - Michele Spatari

L'Office central de lutte pour la répression de la traite des être humains (OCRTEH) a interpellé douze personnes mardi, soupçonnées d'avoir animé un vaste réseau international de prostitution en France, selon les informations de France Inter et du Parisien ce vendredi. Deux hommes et une femme ont été mis en examen et incarcérés à Paris. Interpellés mardi dans le Haut-Rhin, ils sont mis en examen pour proxénétisme aggravé, traite d'êtres humains en bande organisée, blanchiment aggravé et association de malfaiteurs.

Le coup de filet a été mené simultanément en France, en Espagne et en Colombie par des policiers des trois pays. Quatre personnes ont été interpellées en France et six en Espagne, ainsi que, en Colombie, un couple composé d'une Vénézuélienne et d'un Colombien, considérés comme étant à la tête de cette sordide pyramide. Une cinquantaine de victimes, âgées de 20 à 40 ans, ont, à ce stade, été identifiées.

Selon les informations de franceinfo, une information judiciaire avait été ouverte à Paris en septembre 2021 par la Juridiction nationale chargée de la lutte contre la criminalité organisée (Junalco) pour traite des êtres humains en bande organisée, proxénétisme en bande organisée, association de malfaiteurs et blanchiment en bande organisée.

Une organisation "quasi-industrielle"

Les victimes ont quitté la Colombie, le Venezuela, le Paraguay ou le Pérou avec la promesse d'une vie meilleure et d'un emploi légal en France. A l'arrivée, loin du confort et de la quiétude espérée, au moins une cinquantaine de femmes se sont vues contraintes de se livrer à de la prostitution "à un rythme très soutenu", par une "organisation quasi-industrielle", détaille à France Inter Elvire Arrighi, qui dirige l'OCRTEH.

L'enquête a démarré il y a deux ans après que deux femmes sont venues déposer plainte à Bordeaux. Les profils des prostituées sont proposés aux clients sur Internet, via des petites annonces sur des sites dédiés, où elles sont proposées "comme de la vulgaire marchandise", précise Elvire Arrighi. Une fois que le client a fait son choix, il contacte un numéro de téléphone français, mais lié à un appareil situé en Espagne. 80 lignes ont été identifiées en tout, sur une quarantaine de téléphones à doubles puces. Les personnes à l'autre bout du fil fixent les rendez-vous ou le prix des prestations et maîtrisent ainsi de bout en bout l'agenda des femmes soumises à la prostitution.

Des "petites mains" sont chargées des contingences logistiques : gardes-du-corps, cuisiniers, chauffeurs. Tout est fait pour que les victimes se consacrent exclusivement à la prostitution. A cette emprise vient s'ajouter la dépendance financière. Contraintes, dans un premier temps, de rembourser le prix de leur voyage, ces femmes se retrouvent vite soumises aux autres exigences de leur "employeur", notamment l'obligation de partager la moitié de leur recette. Des collecteurs sont chargés de récolter l'argent liquide qui sera reversé au réseau, via l'Espagne, ce qui laisse supposer une volonté de blanchir les sommes récoltées. Les enquêteurs estiment que le couple soupçonné d'être à la tête du réseau obtenait cinq millions d'euros par an, une "fourchette basse".

"Plus d'une dizaine de passes quotidiennes"

Ces 50 victimes identifiées "sont vraiment en situation de vulnérabilité extrême. Elles ne parlent pas la langue du pays où elles ont été envoyées par l'organisation criminelle", explique Elvire Arrighi à franceinfo. "Elles sont soumises à des rythmes de prestations intenses. C'est plus d'une dizaine de passes quotidienne." La patronne de l'OCRTEH souligne que s'il n'y a pas "une démarche proactive pour aller à leur rencontre dans ces appartements et leur proposer d'être prises en charge par des associations partenaires, elles n'auront jamais accès à la possibilité de se libérer du joug des malfaiteurs".

Le couple a été placé en détention provisoire en Colombie, les six suspects en Espagne font l'objet d'un mandat d'arrêt européen et doivent être remis à la France, et les quatre personnes interpellées dans l'Hexagone ont été placées en garde à vue.

Ma France : Améliorer le logement des Français

Quelles sont vos solutions pour aider les Français à bien se loger ? En partenariat avec Make.org, France Bleu mène une consultation citoyenne à laquelle vous pouvez participer ci-dessous.

L'info en continu

undefined