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LGV Bordeaux-Toulouse : la députée Nupes/EELV Christine Arrighi ne croit pas au début des travaux en 2024

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Elle a créé le buzz la semaine dernière : après son passage remarqué sur France Bleu, la députée EELV/NUPES de Haute-Garonne Christine Arrighi a fait le tour des plateaux pour plaider la cause du train de nuit. Elle réagit à la polémique sur le financement de la LGV lancée par le maire de Bordeaux.

Christine Arrighi, députée NUPES/EELV de Toulouse-Ramonville-Portet (Haute-Garonne). Christine Arrighi, députée NUPES/EELV de Toulouse-Ramonville-Portet (Haute-Garonne).
Christine Arrighi, députée NUPES/EELV de Toulouse-Ramonville-Portet (Haute-Garonne). © Radio France - Jeanne Marie Marco

Le sujet n'a cessé de rebondir ces derniers jours. Dans un article du 26 juin, France Bleu Occitanie exposait la position des députés Nupes de Haute-Garonne sur l'usage des transports. Eux qui sont amenés à faire un aller-retour Toulouse-Paris par semaine, François Piquemal, Christophe Bex et Christine Arrighi expliquaient préférer prendre le TGV ou le train de nuit, certes plus long mais moins polluant. Depuis, le sujet de l'usage de l'avion sur les courtes distances est revenu sur la table, tandis que le dossier de la LGV Sud-Ouest a connu des soubresauts le 30 juin après la déclaration fracassante du maire EELV de Bordeaux.

Vous avez fait le tour des médias après l'article de France Bleu Occitanie sur le boycott de l'avion par les députés Nupes au profit du train. C'est une bonne chose ?

Pouvoir en parler oui, nous avons l'intention de poursuivre la valorisation du train. Nous ne boycottons pas l'avion, mais il convient de privilégier le train par rapport à l'avion, notamment sur les vols intérieurs. La loi Climat interdira les vols quand il existe une alternative train de moins de 2h30 (Paris-Strasbourg par exemple, ndlr). Sur le Paris-Toulouse, on peut prendre le TGV ou bien le train de nuit, un train couchette. Je suis partie hier à 21h45 de Paris-Austerlitz et je suis arrivée à Toulouse-Matabiau à 6h42 ce matin. Et pendant le trajet, on dort... on va dire "relativement" bien. Je plaide d'ailleurs pour un aménagement des wagons qui ne sont pas assez confortables.

Vous serez donc la députée qui défendra le train, mais pas l'aéronautique ?

Je ne mets pas en concurrence l'un et l'autre. Je dis que dans un contexte de dérèglement climatique, nous devons prendre des dispositions. Le transport c'est 30% des gaz à effet de serre. Le train est bien moins polluant que l'avion au décollage et à l'atterrissage. Bien sûr, la question de l'emploi aéronautique est toujours un sujet qui nous est opposé. Cela fait également plus de travail pour le train et la construction de trains. À un moment donné, dans le cadre d'une bifurcation écologique, nous devons prendre les bonnes décisions, anticiper les bifurcations industrielles aussi. Et il y a beaucoup de compétences qui peuvent être utilisées, celles des ingénieurs, pour le développement du train sans que cela soit la mort de l'aéronautique. 

"On voit bien que le vote RN est massif dans les zones mal desservies par le train."

Qu'est ce qu'il faut faire ? Lancer un plan Marshall des trains ? 

Oui il faut lancer un plan Marshall des trains. Aujourd'hui, on investit 2,8 milliards d'euros pour 28 .000 kilomètres de réseau en France. C'est 3 milliards en Autriche pour 6.100 kilomètres, on voit bien que nous sommes pas du tout du tout au rendez-vous.

Quel regard portez vous sur l'ouverture à la concurrence, avec l'entrée possible d'opérateurs privés dans le ferroviaire ?  

La SNCF a abandonné des lignes, parce que son budget n'est pas suffisant. Donc la question de la concurrence n'est pas un sujet en soi. La question qui est véritablement prégnante, c'est celle du service public du train qui doit effectivement irriguer l'ensemble de notre territoire. Je signale que si on met en relation la carte du réseau et du train par rapport à la carte du vote RN, on s'aperçoit que c'est là où c'est le moins bien desservi que le vote RN est le plus fort. Donc ça veut dire que quand il n'y a pas de service public, pas de transports, eh bien les gens se sentent délaissés. Ils n'ont pas la possibilité de faire autrement que par la voiture. C'est la voiture qui est le plus facteur de pollution.  

Vous avez vu hier que le maire EELV de Bordeaux a mis le feu aux poudres en annonçant qu'une partie du financement européen du projet GPSO, dont fait partie la future LGV entre Bordeaux et Toulouse, n'était pas assurée. Vous êtes d'accord avec lui ?  

Ce n'est pas Pierre Hurmic qui a mis le feu aux poudres. La réalité, c'est que le plan de financement tel qu'il a été présenté à l'ensemble des collectivités locales, dont certaines ne l'ont pas voté, n'est pas un plan sincère puisque les 20 % qui devaient être pris en charge par l'Europe semblent ne pas l'être.

La subvention refusée en question, c'est 17,3 millions d'euros, soit 0,1% du coût total de ce grand projet...

Selon les chiffres dont on dispose, qui devront être actualisés, 14 milliards d'euros, 20% la subvention attendue de l'Europe, c'est 2,8 milliards d'euros. Ce chiffre, c'est le financement de SNCF Réseau pour toute l'année, ça n'est pas rien.

"Le plan de financement de cette LGV présenté aux collectivités n'est pas sincère."

Êtes-vous farouchement opposée à la LGV Toulouse Bordeaux ?

On est farouchement opposés à rien. Nous sommes pour des transports de proximité, pour l'aménagement de la voie existante qui permettra de gagner une heure sur le trajet actuel, contre 1h15 pour la LGV. Notre proposition d'investissement est de 4,5 milliards, contre 14 pour la LGV. Je veux qu'on rénove l'existant, pas contre la LGV.

Donc le début des travaux de cette LGV en 2024, comme l'a promis Jean Castex, vous n'y croyez pas ? 

Non, je n'y crois pas. Et tous les signaux tels qu'ils nous sont donnés, et sur lesquels nous avions alerté, semblent démontrer que nous avions raison une fois de plus.

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