"On ne dort plus, on a peur" : le quartier Monclar à Avignon choqué par la fusillade de dimanche soir

Après la nuit d'horreur dans le quartier Monclar d'Avignon ce dimanche soir, les habitants sont sous le choc. Un homme de 36 ans est mort et un autre est blessé à la jambe, transporté à l'hôpital Henri-Duffaut. Ses jours ne sont pas en danger. Trois suspects sont toujours en fuite ce lundi soir. Ils étaient entrés avec leur scooter et ont tiré à proximité du point de deal "Le Ponzo". Leurs deux-roues ont été retrouvés incendiés quelques heures plus tard.

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Les dealers visés... nous interpellent en plein reportage

Les tireurs présumés sont entrés dans l'immeuble pour tenter de forcer le local qui fait office de point de deal qui se situe au rez-de-chaussée. Les impacts de balle - en plus de celles qui ont traversé la porte d'entrée - dans le hall témoignent de cette volonté de forcer la porte. Les dealers pris pour cible nous ont d'ailleurs interpellé ce lundi midi pendant que nous étions sur place. L'un d'eux, sûr de lui, s'avance et lance : "Ils ont essayé de rentrer mais ils ont pas réussi. Il faut qu'ils mangent un peu plus de soupe ! Frérot, on a un système : c'est impossible de rentrer". Ils mettent en garde : "C'est du spectacle ce qu'ils ont fait là, mais on va les montrer aussi".

Un échange lunaire, de plusieurs minutes, sous le regard des habitants dont certains sont terrifiés par cette escalade de la violence. Ils ont tous préféré conserver l'anonymat : "Quand on voit ça, on ne dort pas. Franchement, je n'ai pas mangé hier soir. Quand je sors pour travailler à quatre heures du matin, je ne suis pas serein." Ce dernier a assisté à la scène depuis sa fenêtre. Il pointe une tâche de sang. "Ils ont tiré ici sur le gars et après ils sont repartis en scooter", se remémore-t-il alors qu'une autre flaque de sang, plus importante, témoigne de la violence de l'acte.

"J'habite ici depuis 56 ans, ça fait 15 ans que la situation est comme ça"

L'autre sentiment qui prédomine est celui de la résignation pour certains habitants. Ils habitent depuis plusieurs décennies dans un quartier qu'ils ont vu évoluer au fil des années. "C'est de pire en pire", regrette l'un d'eux avant d'être secondé par un de ses amis : "J'habite ici depuis 56 ans, ça fait 15 ans que la situation est comme ça".

Pendant notre discussion, des clients continuent de se rendre au point de deal, comme si les rafales de la veille n'avaient jamais existé. L'un des dealers les rassurent en s'excusant pour les désagréments de la nuit. "C'est un monde de fou", conclut l'un des habitants, médusé.