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Jusqu'à deux ans de prison ferme pour avoir tenté de livrer de la drogue par drone dans une prison de Dordogne

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Deux habitants de la Charente-Maritime ont été condamnés ce lundi par le tribunal judiciaire de Périgueux pour avoir tenté de livrer de la drogue par drone à la prison de Neuvic. Un délit de plus en plus jugé par la justice.

Les utilisateurs de drones peuvent se cacher dans les nombreux espaces boisés autour du centre de détention de Neuvic. Les utilisateurs de drones peuvent se cacher dans les nombreux espaces boisés autour du centre de détention de Neuvic.
Les utilisateurs de drones peuvent se cacher dans les nombreux espaces boisés autour du centre de détention de Neuvic. © Maxppp - SOUNALET jean christophe

Elle a 46 ans, lui 39 ans et ils ont tous les deux été condamnés lundi 12 février à de la prison ferme pour avoir tenté de livrer jeudi 8 février un colis contenant un téléphone et 55 grammes de cannabis. Le tribunal judiciaire de Périgueux a condamné le principal suspect à deux ans de prison ferme. Sa complice a été condamnée à un an de prison ferme aménageable et un an de prison avec sursis.

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Face à une cascade de preuves accablantes, les deux prévenus ont pourtant tenté d'en dire le moins possible à la juge, quitte à ne pas se défendre. Jeudi soir, les gendarmes ont été alertés par la prison de Neuvic qui avait repéré un véhicule suspect. Les militaires trouvent dans la voiture, sur le siège passager, Angéla, 45 ans. À 20 mètres du véhicule, un drone relié à un colis par une corde jaune vient de s'écraser. Dans le colis : un téléphone et 55g de cannabis. Interrogée par la juge, Angéla assure qu'elle ne sait pas à qui est ce colis. Elle maintient sa version donnée en garde à vue : elle s'est juste arrêtée dans un champ en face de la prison... pour faire pipi. Même si toutes les preuves lui donnent tort, jusqu'aux données du GPS de son smartphone.

Les gendarmes ont trouvé aussi dans la voiture des papiers d'identité, ceux du principal suspect, Nicolas. Ils n'ont pas réussi à mettre la main sur l'homme de 39 ans jeudi soir. Ils l'interpellent, chez lui en Charente-Maritime, samedi 10 février. À son domicile, les militaires trouvent une télécommande de drone, un manuel d'utilisation de la marque du drone utilisé jeudi soir, le même scotch qui a emballé le colis et d'autres paquets remplis de drogue. Même l'historique internet de l'ordinateur de Nicolas est rempli de preuves : un tutoriel vidéo pour utiliser un drone ou encore un trajet Google Maps pour se rendre à la prison de Neuvic. L'homme, enfant placé, "sans entourage ni ami", décrit son avocate, et au parcours abimé par la drogue et les mauvaises fréquentations, a déjà été condamné de nombreuses fois, notamment pour détention, transports ou consommation de drogues.

Mais dans le box des prévenus, toujours le même silence. Les avocates de la défense ont reçu ordre de leurs clients de ne pas plaider sur les faits, pour ne pas trop en dire. Les avocates parlent donc de la personnalité des prévenus, évoquent l'omerta, le risque de représailles s'ils parlent. Après 20 minutes de délibération, les juges suivent les réquisitions du procureur et condamnent les deux prévenus, au visage impassible.

Le drone remplace la projection de colis classique

Ce n'est pas la première fois que le tribunal judiciaire de Périgueux traite ce genre d'affaire. Pas plus tard que début février, un homme de 18 ans et un autre de 21 ans ont, eux aussi, été condamnés à un an de prison ferme pour avoir, avec un drone, livré de la drogue à la prison de Neuvic. Ces nouvelles méthodes sont une inquiétude de longue date chez les syndicats, qui craignent pour leur sécurité.

Le drone a l'avantage énorme de pouvoir être lancé à plusieurs mètres, voire kilomètres, du centre pénitentiaire. Les "livreurs" n'ont donc plus besoin de s'approcher de l'enceinte pour projeter le colis. Ils prennent moins de risques. En 2022, le centre pénitentiaire de Neuvic a comptabilisé 71 projections de colis. Une seule a été recensée en 2023. Impossible de savoir combien de drones ont été interceptés dans la prison de Neuvic l'année dernière, "mais comme les substances illicites n'ont pas diminué" au sein de la prison, Thomas Niemczura, surveillant pénitentiaire et délégué régional Force ouvrière, devine avec ses collègues que les livraisons se font désormais par drone.

Sauf que sans outil spécifique, il est pratiquement impossible pour le service pénitentiaire de les repérer. "On a bien vu quelques parachutages par drone, mais ça reste minime par rapport à ce qu'on suppose", ajoute Thomas Niemczura. Son syndicat, FO Justice, a fait la demande d'un brouilleur de drone il y a un an. Toujours rien à la prison de Neuvic, alors que le déploiement national de cet outil efficace est piloté par le ministère de la Justice. En France, en 2023, plus de 600 tentatives de livraison par drone ont été enregistrées par le ministère de la Justice.

Contactée pour avoir des informations auprès du centre pénitentiaire de Neuvic, la direction interrégionale des services pénitentiaires Sud-Ouest - Bordeaux a décliné nos demandes d'interview.

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