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Féminicide de Pannes ou comment l'ex-compagnon s'est acharné sur Johanna

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Le procès de Taha Zraibia s'est ouvert ce lundi devant la cour d'assises du Loiret. Ce Montargois de 36 ans comparait pour avoir assassiné son ancienne compagne, Johanna Dias, le 23 décembre 2018, à Pannes, près de Montargis. La victime avait reçu une cinquantaine de coups de couteau.

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Photo d'illustration © Radio France - Patricia Pourrez

Les cheveux courts, la barbe bien taillée, une allure athlétique : Taha Zraibia, 36 ans, semble plutôt sûr de lui lorsqu'il arrive devant les assises du Loiret ce lundi pour avoir assassiné son ancienne compagne, Johanna Dias, le 23 décembre 2018, à Pannes, près de Montargis. Ce Montargois a pourtant du mal à parler de lui et de son parcours. "J'ai toujours été un peu impulsif. Quand j'étais petit,  je pensais que tout le monde était contre moi". Ce fort caractère, avec des accès de violence, est aussi confirmé par les proches de l'accusé.

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Avec Johanna, sa première petite amie, ils vont vivre 12 ans ensemble avant de se séparer en juin 2017. "Je n'ai pas compris cette séparation. Elle disait en avoir marre de tout". Et il dénonce au passage l'influence des parents de la victime, " ils ne m'ont jamais accepté" explique Taha Zraibia sans étayer cette version et sans évoquer les violences qu'il faisait subir à Johanna depuis quelques années.

Une séparation après 12 ans de vie commune et des violences

Très vite après la séparation, Taha Zraibia dit avoir vécu une "descente en chute libre". Il ne dort plus, il ne travaille plus, il se met à boire et augmente aussi sa consommation de cannabis jusqu'à 20 joints par jour. Très vite, il menace Johanna directement ou pas SMS, il demande qui elle fréquente et où. Au printemps 2018, il part vivre quelques mois à Marseille où il trouve du travail. De fait, il n'assiste pas à son procès pour violences conjugales, en mai 2018, devant le tribunal correctionnel de Montargis. "J'en avais marre, j'avais envie de passer à autre chose". Quand il revient sur le Loiret, fin 2018, les relations semblent s'être apaisées avec Johanna. "On se revoyait, on dinait ensemble". Le couple reprend des relations intimes. Mais, en réalité, les violences et les pressions continuent.

"À l'époque, j'étais un petit con, je ne supportais rien"

"C'est vrai à cette époque, je pouvais mettre des claques facilement " reconnait l'accusé. Mais, "comment expliquez-vous cette violence ?" lui demande le président de la cour. Taha Zraibia bredouille. "À l'époque, j'étais un petit con, je ne supportais rien". Et l'accusé ajoute, "depuis la détention, j'ai bien conscience de beaucoup de choses, je suis suivi par un psychologue". Le président ne manque pas alors de rappeler un incident survenu avec une professeur de sport lors de sa détention au centre pénitentaire d'Orléans. Taha aurait lâché. "Elles mentent toutes ces salopes, elles méritent ce qu'elles ont".

Johanna dans une mare de sang et sa petite fille prostrée

À ce premier jour d'audience, la présentation des faits puis le déroulé de l'enquête par un gendarme ont déjà soulevé un certain émoi dans la salle d'audience. Ce matin du 23 décembre 2018, vers 7h30, Johanna appelle son frère jumeau en panique, expliquant que son ex-compagnon est devant chez elle. Quand le frère arrive sur place, il découvre qu’une fenêtre de chambre a été brisée. Sa petite nièce Lina, âgée de 4 ans à peine, est prostrée sur un lit avec un nounours dans les bras.

Au même moment, les gendarmes, prévénus par le frère, arrivent à leur tour et comprennent vite qu’un drame vient de se produire. Il y a des traces de sang partout, deux couteaux ensanglantés dans le couloir et dans le cellier, Johanna "baigne dans une mare de sang" selon les propres mots du chef d'enquête. La jeune femme est déjà morte, son corps comporte une cinquantaine de coups de couteau : un sur le visage, d'autres sur thorax, sur l'abdomen, dans le dos et sur les parties génitales. "Elle a dû agoniser pendant 15 à 20 minutes" précise le médecin légiste, avant de mourir d'une hémorragie combinée à une asphyxie.

L'accusé refuse de voir les photos de la victime

Dès la matinée du 23 décembre, les gendarmes sont sur la piste de Taha Zraibia qui, après les faits, est allé menacer les parents de Johanna, à Corquilleroy. Il sera finalement interpellé, en début d’après-midi, dans un hôtel de Nemours, en Seine-et-Marne, où il a été conduit par un ami (également poursuivi dans ce procès). Dans ses premières déclarations, il dira se souvenir "de cinq à six coups de couteaux seulement" et il affirmera que Johanna "était encore en vie quand il a pris la fuite". Ce qui est sûr, c'est que Taha Zraibia n'a pas souhaité voir les photos de la victime en garde à vue. Il s'est passé la même chose durant cette première journée d'audience. Il est resté la tête baissée durant toutes les explications du médecin légiste. Le procès se poursuit ce mardi et le verdict sera rendu mercredi soir.

En cas de violences conjugales, composez le 3919 pour demander de l'aide.
En cas de violences conjugales, composez le 3919 pour demander de l'aide. © Radio France

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