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Féminicide de Mérignac : "On ne peut pas oublier ces images horribles, Chahinez a souffert le martyr"

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Il y a un an, jour pour jour, Chahinez Daoud était tuée, brûlée vive par son ex-mari devant chez elle à Mérignac. "J'étais dans mon garage et j'ai entendu des cris", raconte un voisin qui a tenté de secourir la victime avant d'être mis en joue par le meurtrier.

Gérard, l'un des voisins de Chahinez Daoud, a tenté de secourir la mère de famille avant d'être menacé par le meurtrier. Gérard, l'un des voisins de Chahinez Daoud, a tenté de secourir la mère de famille avant d'être menacé par le meurtrier.
Gérard, l'un des voisins de Chahinez Daoud, a tenté de secourir la mère de famille avant d'être menacé par le meurtrier. © Radio France - Jules Brelaz

Le 4 mai 2021, Chahinez Daoud, mère de trois enfants, était blessée par balle par son ex-époux, avant d'être immolée par le feu en pleine rue de Mérignac, près de Bordeaux. Ce féminicide qui a choqué la France entière est devenu le symbole des violences faites aux femmes. Un an après, jour pour jour, les voisins témoignent de leur tristesse et de leur colère. 

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_"_Quand vous êtes à 30 cm d'une personne en train de brûler et qu'elle est en train de pleurer, ça vous marque définitivement"

"J'étais dans mon garage et puis j'ai entendu des cris", raconte Gérard, 73 ans, l'un des riverains de l'avenue Carnot à Mérignac. "J'ai entendu deux détonations. Je pensais que c'était des gamins qui jouaient avec des pétards. J'ai ouvert mon portail et  j'ai vu, juste en face, à 20 mètres, une femme étendue sur le dos, la tête dans le caniveau. Et il y avait ce taré, il n'y a pas d'autre mot, qui était en train de lui déverser du liquide inflammable dessus."

"Je n'étais pas préparé à voir ça"

Directeur commercial à la retraite, Gérard s'est alors précipité pour porter secours à Chahinez. "J'ai crié mais il a eu le temps de se baisser et d'allumer. Et quand il s'est relevé, il m'a braqué avec un pistolet dans la figure (...) avant de s'enfuir". Le retraité apprendra plus tard que l'ex-époux, caché dans sa voiture, attendait sa victime ce jour-là depuis 7h du matin. "Il avait son fusil de chasse, son bidon d'essence, son pistolet."

"Cette femme a vécu un calvaire, elle a souffert le martyr"

Pendant que d'autres voisins appellent la police, "moi, poursuit Gérard, j'ai foncé dans mon garage, j'ai pris des couvertures. Mais devant un tel feu, j'étais complètement démuni. Et au bout d'une minute, mes couvertures ont flambé."

"Sur le trottoir, le macadam avait commencé à fondre, il y avait son téléphone incrusté sur le sol quand la police est repartie"

Gérard, l'un des voisins de Chahinez : "C'est un drame qui aurait pu être évité."
Gérard, l'un des voisins de Chahinez : "C'est un drame qui aurait pu être évité." © Radio France - Jules Brelaz

Quand il raconte l'agonie de Chahinez, Gérard, bouleversé, peine à retenir ses larmes. "Je suis profondément marqué par ce que j'ai vu, mais je vous le dis, le plus à plaindre, c'est cette femme. Quand je me réveille la nuit, j'ai tout ça qui défile, je peux me refaire le film à chaque fois."

"C'est un drame qui aurait pu être évité"

"Révolté" par la souffrance endurée par Chahinez, écœuré par la défense du suspect qui "déclarait vouloir simplement lui donner une leçon", Gérard ne dissimule pas sa colère après "ce drame qui aurait pu être évité". La victime avait déposé plusieurs plaintes contre son mari. "J'ai su après le drame qu'il y avait eu des ratés dans la police", dit le retraité, en référence aux sanctions prises à l'encontre de plusieurs gardiens de la paix.

"Il y a eu des ratés au niveau de la police mais même au niveau de la justice : qu'est-ce qu'il foutait dehors ce gars-là ?"

L'ex-mari de Chahinez "avait quand même essayé de l'étranger une première fois, il lui avait cassé la moitié du larynx ! Et ce gars-là, il était en liberté", s'insurge le voisin avant de confier qu'il ne croit "plus en la justice".

Après la tragédie, Gérard est resté cloîtré chez lui. Il ne pouvait "même pas sortir chercher du pain", incapable de passer devant le trottoir où Chahinez a succombé à ses blessures.

Devant la maison de Chahinez à Mérignac.
Devant la maison de Chahinez à Mérignac. © Radio France - Jules Brelaz

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