Escroquerie au permis de conduire : à Gardanne, une cinquantaine de victimes s'organisent pour défendre leurs intérêts

C'est une escroquerie d'ampleur nationale qui a "bénéficié" à 1.165 candidats venus de 11 régions de France et qui ont déboursé entre 150 et 1.000 euro pour "se payer" leur code de la route. Les profits de cette fraude sont estimés à 350.000 euros.

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L'enquête a duré neuf mois avec une vague d' interpellations survenue le mois dernier. Au total, 19 individus ont été auditionnés par les enquêteurs. Quatre personnes soupçonnées d'avoir organisé ce vaste réseau devaient être jugés devant le tribunal correctionnel d'Aix-en-Provence le 12 avril pour "escroquerie en bande organisée", "blanchiment" et "corruption", mais vu l'ampleur du dossier, le procès a été reporté au 7 juin prochain.

Une cinquantaine de familles victimes ont créé un collectif et sont à la recherche d'un avocat

Au cœur de cette arnaque, il y a l'auto-école "Express permis" et le centre d'examen agréé Dekra-Le Code (une filiale de l'enseigne Dekra, qui n'a rien à voir avec les centres de contrôle technique auto-moto de la marque) qui faisait passer le code de la route. Tous les deux étaient basés à Gardanne et sont désormais fermés. De très nombreuses familles honnêtes étaient inscrites dans cette auto-école et ce centre d'examen, et ont payé pour les leçons de conduite et le passage du code de la route. Elles ignoraient tout de ce trafic parallèle : aujourd'hui elles sont très inquiètes et surtout sans informations.

"On se sent complètement abandonnés"

Sophie, originaire de Gréasque avait inscrit son fils de 17 ans dans cette auto-école les yeux fermés : "Les avis sur internet étaient excellents et une amie me l'avait recommandée" explique-t-elle. Elle va alors débourser 1.190 euros pour un forfait de 24 heures de conduite et le passage de l'examen du code, mais fin mars, c'est la douche froide :"Mon fils est arrivé devant l'auto-école et le rideau était fermé. Un voisin lui  a dit  qu'il y avait eu une descente de police".

Cette maman s'estime chanceuse, car son fils avait pratiquement fait toutes ses heures. "Certaines familles avaient tout payé et venaient juste de commencer les heures, elles ont tout perdu. Certaines personnes ont besoin du permis pour aller travailler". Sophie a réussi à trouver une nouvelle auto-école, mais là encore ce n'est pas le cas de toutes les familles.

"Certaines auto-écoles nous refusent, car nous venons d'Express permis et de Dekra-Le Code, d'autres disent qu'elles n'ont pas de preuves, car certaines familles n'ont pas pu récupérer leurs livrets de conduite, et enfin d'autres auto-écoles veulent qu'on paient à nouveau la totalité des heures".

Mais surtout cette maman, comme toutes les autres victimes, dénonce un manque total d'informations : "On ne nous dit rien, on apprend les choses par la presse, ou les 'on dit', et surtout on ne sait même pas si nos enfants vont pouvoir s'inscrire pour l'examen du permis de conduire. On est en colère et surtout on se sent totalement abandonnés."

Après avoir lancé un appel sur le groupe Facebook de la ville de Gardanne, une cinquantaine de victimes sont désormais regroupées dans un collectif et elles espèrent que d'autres personnes vont les rejoindre. Elles sont aussi à la recherche d'un avocat qui puisse défendre leurs intérêts.