Deux ans de prison ferme pour le chauffard de Carhaix

Il n'avait pas de permis de conduire et circulait à vive allure à bord d'une voiture volée, ce samedi 26 août dans le centre de Carhaix-Plouguer. Vers 14h40, un homme de 50 ans percute deux jeunes filles qui traversaient sur un passage piéton au niveau d'un rond-point avenue Victor-Hugo. Sérieusement blessées, les victimes passeront trois et quatre jours à l'hôpital.

ⓘ Publicité

"Je m'excuse pour les deux filles", bredouille-t-il en préambule ce vendredi devant le tribunal de Brest, où il comparaît pour blessures involontaires et vol. Crâne rasé, ce grand gaillard apparaît d'emblée nerveux, agité. Il ne semble pas vouloir se soumettre aux ordres de la présidente Marie-Anne Kerisit : "J'arrête de parler, ça m'énerve", s'emporte le prévenu. Sous curatelle, en détention provisoire depuis deux mois, il reconnaît avoir provoqué l'accident mais nie le vol.

39 condamnations

L'expertise psychiatrique note des "troubles de type psychopathiques" et un sujet "immature et dangereux, qui ne perçoit pas les conséquences de ses actions" mais aucune altération du discernement. A l'énoncé de son très lourd casier judiciaire (39 condamnations pour des ports d'arme, des violences, des délits routiers, une atteinte sexuelle, une exhibition sexuelle...), l'intéressé se bouche ostensiblement les oreilles.

A la barre, Maissem et Nolwen témoignent courageusement de leurs douleurs physiques et morales depuis l'accident. Elles ont eu respectivement 90 et 6 jours d'ITT, et doivent encore subir de nombreux examens en plus des soins réguliers. Les adolescentes évoquent leur quotidien bouleversé, leur peur des voitures. Le prévenu les transperce de son regard glaçant.

Le chauffeur de poids-lourds poursuit ses vociférations, allant jusqu'à assurer qu'il n'y a pas de passages piétons à Carhaix. Même expulsé par la présidente et reconduit dans les geôles du palais, il continue de perturber l'audience en frappant contre les grilles au point de faire trembler les murs de la salle. C'est en son absence que le représentant du parquet livre ses réquisitions. Il demande 30 mois de prison dont six mois avec sursis, une interdiction de conduire et de paraître à Carhaix pendant trois ans.

Commise d'office, l'avocate de la défense Me Julie Courtin a du mal à masquer son embarras face à un cas qui "relève de la psychiatrie : il n'est pas dans la même réalité que nous". Après une brève délibération, le tribunal condamne Daniel Nazaret à deux ans de prison ferme et une interdiction de paraître sur la ville de Carhaix pendant trois ans. A sa sortie, il prévoit de s'installer à Lannion, dans les Côtes d'Armor.