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Au procès Picasso, des témoignages accablants pour le deuxième jour d’audience

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Les témoins se succèdent à la barre ce mercredi 11 février, deuxième jour du procès des époux Le Guennec pour recel de 271 œuvres inédites de Picasso. Un ami, le fils de l’une des anciennes domestiques, une salariée de la Picasso Administration… Tous sauf une, contredisent la version des prévenus.

Une invitée surprise pour la défense : la fille du dentiste de Picasso.
Une invitée surprise pour la défense : la fille du dentiste de Picasso. © Radio France

"Tous disent que ce n’est pas possible " . Le prévenu, Pierre Le Guennec, résume lui-même ce deuxième jour de procès, à la fin de l’audience. Un à un à la barre, sept des huit témoins ont détricoté la version des époux Le Guennec, ce mercredi devant le tribunal correctionnel de Grasse. L’ancien électricien de Picasso et son épouse sont jugés pour le recel de 271 œuvres inédites de l’artiste.

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Un cadavre exquis avec Picasso

Seul un témoignage vient soutenir les prévenus . Un témoin surprise : Danielle Baudot-Laksine, la fille d’un ancien dentiste de Pablo Picasso. Elle a contacté elle-même les avocats des prévenus, lundi, à la veille du procès. Cette azuréenne de 74 ans a connu le peintre dans sa jeunesse. A la barre, la voix tremblante, elle esquisse les souvenirs de ses "années Picasso", fin 1950 - début 1960. A 16 ans, elle peint dans sa chambre-atelier avec sa sœur. Le cabinet dentaire de son père se trouve dans l’appartement familial.

"Quand Jacqueline était en soin avec mon père, Picasso venait nous voir. Il m’a appris à faire un blanc ! " Danielle Baudot-Laksine sort un dessin du peintre . Un souvenir d’une corrida à Nîmes. Elle avait fait le voyage en voiture avec Pablo et ses enfants, Claude et Paloma. L’ancienne étudiante des Beaux-Arts tend aussi aux juges un "cadavre exquis". Ce jeu des surréalistes, où chacun griffone sur une feuille, la plie, et la passe au voisin qui continue l’œuvre. Son dessin succède à celui du maitre espagnol.

"Nous allions avec lui à la plage du Midi à Cannes. Un après-midi, il a donné un dessin à un marin américain. Il donnait à des inconnus !

Vous a-t-il donné une oeuvre, à vous ou à votre famille ?, interroge le Président.

Non. Non, il nous donnait des conseils de peinture, ce qui était plus que des œuvres pour nous !"

Un éclairage sur le peintre, mais qui peine à convaincre face aux récits des autres témoins. Ceux des parties civiles et du parquet. Accablants, pour le couple Le Guennec. Le fils d’une domestique de Pablo Picasso raconte son enfance dans les ateliers de Picasso. Des pièces immenses où les cartons, les boites à dessins, les œuvres s’amoncèlent. "_*_Il y en avait partout, mais Picasso savait s’y retrouver* ** ", décrit Gérard Sassier, âgé maintenant de 68 ans.

Tout était signé, dédicacé

Chaque année, l’artiste peignait un portrait de sa mère, Inès. "De moi aussi, poursuit cet homme au crâne dégarni*. Il donnait beaucoup, mais tout était signé, dédicacé * . "

"Il gravait lui- même les céramiques ! » confirme un ami de longue date de Pablo Picasso. "Impossible" donc, pour Dominique Sassi, d’imaginer le maître donner ce carton de 271 œuvres à Pierre Le Guennec sans les signer. D’autant plus que ce sont des esquisses, des travaux préparatoires. "L’artiste en a besoin , clame-t-il_. Il ne s’en débarrasse pas ! Picasso gardait tout. Même les pièces ratées, pour se corriger_ ."

Des travaux préparatoires

Justement, le carton des Le Guennec contient essentiellement des travaux préparatoires. "C’est un outil de travail ", tranche Christine Pinault , salariée de la Picasso Administration. Images des esquisses à l’appui, cette historienne de l’art le démontre : "ici, Picasso travaille l’ombre autour d’un pied. Là, il cherche la position des mains pour une œuvre plus grande, La Communiante. "

C’est cette experte qui a reçu Pierre et Danielle Le Guennec en 2010 à Paris. Les époux de Mouans-Sartoux voulaient faire authentifier certains de leurs dessins. Un rendez-vous inoubliable, pour Christine Pinault. Elle se souvient de son "émotion étonnée, à la découverte de ces dessins ." Et plus encore en constatant qu’ils sont en parfait état. "Certains dessins datent de 1900 ! S’ils avaient été stockés n’importe comment ces 40 dernières années, les uns sur les autres dans un carton, ils n’auraient pas été si bien conservés ! ".

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Elle souligne aussi le "décalage très perturbant ", entre les courriers envoyés par les prévenus et leur attitude . "Ce sont des vieux papiers, je n’y connais rien… " assurait Pierre Le Guennec ce jour-là, selon l’experte. Pourtant, la liste descriptive des œuvres qu’il avait envoyée à la Fondation Picasso – au cœur des débats du premier jour d’audience – est très détaillée. Et les œuvres sont emballées précautionneusement dans du papier de soie.

"Ça ne colle pas ", conclut Christine Pinault.

Pas plus que l’hypothèse d’un don par Jacqueline, pour Dominique Sassi. Selon cet ami, qui a travaillé dans l’atelier de céramique de Picasso dès 1954, la dernière épouse de l’Espagnol "*avait un grand cœur, mais elle était très prudente. Elle ne donnait pas n’importe quoi à n’importe qui * ."

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Souvent, même, elle se plaignait. "On me vole, dans cette grande maison " , lui confiait-t-elle, après la mort de son mari en 1973, alors qu’elle ne retrouvait plus certaines esquisses. "Elle me les a données. " maintient Pierre Le Guennec, mercredi soir.

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