Des balles perdues inquiètent les riverains d'un stand de tir à Marseille

Ce vallon du 12e arrondissement de Marseille pourrait paraître paisible à première vue. Un quartier desservi par la confidentielle "impasse de la Platrière" qui débouche sur quelques villas accrochées à flan de colline. Mais très vite, les détonations se font entendre. "Depuis le Covid, on a l'impression que les calibres ont changé, qu'ils tirent avec des armes lourdes" confie Jean-Louis Foin, dont le jardin est séparé de quelques dizaines de mètres du stand de tir des Trois Lucs. "Avant la construction du lycée voisin, c'était supportable, mais désormais les bruits se répercutent, c'est infernal. Au point que l'on ne peut plus, parfois, déjeuner sur notre terrasse" poursuit le retraité.

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Les habitants de ce quartier ont créé le "comité de défense des riverains du stand de tir". Ce qui les inquiète le plus, ce ne sont pas les nuisances sonores, mais les projectiles retrouvés dans leurs propriétés depuis plusieurs semaines.

"Moi, j'ai retrouvé trois balles ces derniers mois, la dernière en date, en février dernier, est venue se ficher sur ma façade" raconte Robert. " J'ai déposé trois plaintes, la police est venue pour authentifier les projectiles, j'attends toujours les résultats de l'enquête." Robert ne profite plus de son jardin, il a peur d'être victime d'une balle perdue. "Je suis suivi médicalement" confie-t-il.

"À quelques centimètres près, j'étais raide mort" - Jean-Louis Foin, riverain du stand de tir

Jean-Louis raconte l'impensable : "L'été dernier, j'étais debout, sur ma pelouse. J'ai entendu un sifflement dans mon oreille droite. Je me suis retourné et j'ai vu le sol qui fumait. Je me suis penché et j'ai retrouvé une balle de 9mm (photo ci-dessous). Pour que je l'entende siffler c'est que ce n'est pas passé loin. À quelques centimètres près, je la prenais dans la tête et j'étais raide mort".

Six plaintes pour mise en danger de la vie d'autrui

Ces scènes se sont reproduites ces derniers temps. Douze projectiles auraient été retrouvés dans les propriétés de neuf riverains. Six plaintes ont été déposées pour mise en danger de la vie d'autrui. "Un voisin ne veut plus que ses enfants jouent dans le jardin, les promeneurs ont déserté le coin, et un jardinier qui venait planter une haie s'est jeté derrière son camion il y a quelques jours en entendant un projectile siffler" explique Jean-Louis.

Le comité de défense des riverains du stand de tir des Trois Lucs a écrit au ministre de l'intérieur, au préfet de police des Bouches-du-Rhône et au maire de Marseille. "Au moins, en cas d'accident grave, ils ne pourront pas dire qu'ils ne savaient pas" prévient Jean-Louis.

Un stand de tir en sursis ?

Une pétition a été lancée pour demander la suspension, à titre conservatoire, de l'activité du stand de tir. Une contre-pétition est également en ligne pour la défense du site, lancée par le président de la Ligue de Provence de tir sportif. "La convention d’occupation du stand de tir des Trois Lucs que nous entretenons avec la Ville de Marseille depuis 1976 arrivant à échéance le 3 Juillet 2023, ne nous étant pas renouvelée à ce jour et un collectif de riverains ayant rédigé récemment des pétitions pour nuisances sonores à notre encontre, nous avons des craintes quant à la continuité de notre activité sur le site. Pour ces raisons et à toutes fins utiles, nous vous demandons de bien vouloir signer cette pétition" précise le texte.

Le président de la Ligue, Marcel Pazos, renvoit la balle dans le camp de la mairie : "Nous ne sommes que les gérants pour le compte de la Cille de Marseille, nous ne voulons pas entrer dans cette polémique."