7 agents GRDF jugés à Valenciennes pour des dégradations lors d'une manifestation contre la réforme des retraites

7 agents de GRDF étaient jugés, ce mardi, par le tribunal correctionnel de Valenciennes pour des dégradations. 6 sont syndiqués à la CGT et 1 à FO, ce qui fait dire aux avocats de la défense qu'on a orienté ce dossier pour cibler des personnes considérées comme des enquiquineurs. Sofian Boukhezza, l'avocat des agents membres de la CGT a annoncé avoir déposé plainte, ce mardi, pour "discrimination syndicale et dénonciation calomnieuse". Les 7 prévenus sont soupçonnés d'avoir endommagé un poste de distribution de gaz, rue de Lille, à Valenciennes, le 15 mars 2023 lors d'une manifestation contre la réforme des retraites qui avait rassemblé entre 3 000 et 9 000 personnes.

Images de vidéosurveillance

A l'issue des débats, la procureure de la République a requis des condamnations pour 4 d'entre eux (3 pour "dégradations" et 1 pour "complicité de dégradations") avec 210 heures de travail d'intérêt général. Elle a estimé que les preuves étaient insuffisantes contre les 3 autres hommes jugés dans cette affaire et n'a donc pas réclamé leur condamnation. Les débats ont ressemblé au jeu de société "qui est-ce ?" Devant des captures d'écran grossies et donc pixelisées, il est difficile de reconnaître des visages. "Il y a un an, vous portiez la barbe ?" demande la présidente à un prévenu. "Cela dépend, j'ai une pilosité qui évolue, parfois je me rase", répond le délégué CGT. La procureure pense reconnaître un mis en cause parce qu'il a "la même couleur de peau un peu rouge". Pour un autre, "la corpulence, la taille et le bouc correspondent" dit la magistrate mais il est difficile d'être affirmatif au milieu de manifestants qui portent tous les mêmes vestes, sont masqués ou cagoulés et qui vont même se cacher sous une bâche bleue, telle une chenille processionnaire, pour atteindre le fameux poste de distribution de gaz. Aucun prévenu ne reconnaît avoir participé aux faits. La présidente retente sa chance : "je ne suis pas physionomiste, mais on peut dire que c'est vous là ?" Réponse de l'agent : "euh, j'ai toujours un doute". Le ton monte un peu : "la bâche bleue, vous la voyez, qu'est-ce qu'elle fout là ?" s'agace la présidente. En face, un agent tombe dans la mauvaise foi en contestant même qu'il y ait une bâche !

Mensonges

Les avocats de la défense dénoncent les mensonges d'un cadre de l'entreprise qui a identifié certains prévenus sur ces mêmes images mais a aussi accusé un syndicaliste CGT qui était à Lille le jour des faits. "Ce dossier était donc orienté", dénonce maître Boukhezza qui nie la notion juridique de dégradation. La loi a bien été changé il y a quelques années pour punir des coupures d'électricité mais pas de gaz. L'avocat de GRDF, François Voiron, précise que la porte et la serrure ont été cassées et que cet acte de vandalisme a entrainé "une baisse de pression en gaz qui aurait pu avoir des conséquences graves" pour un millier de foyers. Le tribunal rendra sa décision le 7 mai prochain.