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Deux ans de prison pour l'incendiaire de Cimiez

De
  • Lise Tavelet
Par

Le jeune homme de 29 ans a été reconnu coupable d'avoir provoqué volontairement l'incendie de 13 véhicules au mois de mars. Interpellé le 2 avril, il était jugé ce lundi après-midi au tribunal correctionnel de Nice.

Palais de justice de Nice. Palais de justice de Nice.
Palais de justice de Nice. © Maxppp - Francois Glories

"Sans encourager le fait de se rendre justice à soi-même, le bon sens aurait été de s’en prendre à ceux qui vous ont agressé…" Au tribunal correctionnel de Nice, la procureure soupirerait presque. Il est bientôt 15h. Depuis plus d’une heure, celui qu’elle surnomme "l’incendiaire de Cimiez" se tient dans le box, attend son jugement. Derrière la vitre, l’homme frêle porte un pull gris et des lunettes. Il a 29 ans, vit avec sa mère. Dylan, c’est son prénom, s’est dit quelques instants plus tôt "abandonné par la justice".

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Harcelé par ses voisins

Dans son quartier résidentiel, à Cimiez, ses voisins du dessus le "harcèlent, l’intimident". Il dépose une main courante, une plainte à la mairie, sans amélioration de son quotidien. Il ne mange plus, ne dort pas, dit qu’il se maintient en vie "pour sa mère, ses chiens et lui-même". En octobre 2023, il se fait agresser. "Blessé de partout". À son interpellation le 2 avril 2024, **cela allait faire un an et demi "d'enfer", selon le terme de son avocat. En garde à vue, il affirme avoir "l’impression que les rues sont dangereuses et qu’on n’est pas en sécurité".

Entretemps, au mois de mars, le jeune homme a provoqué pas moins de 13 incendies de véhicules. Des voitures, des scooters, un sapin aussi. À chaque fois, il apparaît non-loin sur les images de vidéosurveillance, promenant l’un de ses chiens.

Il se fait passer pour un témoin, fait partie du groupe d’entraide de voisins, veut assurer des rondes et la sécurité de son quartier. Les policiers le suspectent, son casier judiciaire est vierge. Dans son téléphone sont retrouvées des photos de véhicules "ventouses", c’est-à-dire délaissés sur des parkings. Une photo d’une haie, aussi.

« J'ai perdu le contrôle »

"Non, là j’ai juste pris la photo pour mon chien, ça n’avait rien à voir", assure-t-il. Qu’en est-il des autres photos de véhicules incendiés ? "Je ne saurais pas comment expliquer. Ce n’est pas vraiment moi. J’ai aussi beaucoup de pertes de mémoire". Il est 15h passées.

Le hic, c’est que la procureure peine à voir la corrélation entre ces incendies et un trop-plein émotionnel. "Un manque de sommeil surtout", réitère le prévenu. Pourquoi, lui demande-t-on à plusieurs reprises, mettre le feu à des véhicules ? En somme, en quoi ces actions radicales auraient-elles pu améliorer sa situation ? Pas de réponse. Quid d’un déménagement ? "Le prix des loyers…", commence-t-il avant de détailler avec difficultés ses sources de revenus ; il touche 500 euros par mois, dont 300 en tant qu’aide à domicile pour sa mère, suicidaire, son père les a abandonnés.

Les deux expertises psychiatriques qualifient la personnalité du jeune homme de "frustrée, immature, dépendante, introvertie", relèvent des traits narcissiques et un fond dépressif. Tony, venu assister au procès, n’a lui pas souhaité se constituer partie civile. "Je suis venu entendre ses motivations", dit-il à la barre.

Dans le box, les "je ne saurais pas vous dire" et "j’ai perdu le contrôle" se multiplient. "Laconique", pour la présidente. Le jeune homme trébuche sur les mots, hésite. "Je suis dyslexique".  Et présente ses excuses aux parties civiles ainsi qu’aux pompiers représentés. Il n’a voulu "faire de mal à personne".

De la prison et des obligations

L’absence de lien de causalité persiste. La procureure interroge une vengeance. Les photos sont prises après l’incendie, comme pour "admirer son œuvre, ce n’est pas un acte impulsif" tranche-t-elle. Elle pointe des "incendies presque tous les deux jours à la fin", provoqués hors du champ des caméras. "Lorsqu’on voit Dylan, on a l’impression d’un garçon gentil. Je dis bien garçon et pas un homme", assène-t-elle. Elle requiert 30 mois d’emprisonnement ; la défense insiste sur la "vulnérabilité" du presque trentenaire, souligne "l'impact dévastateur sur sa santé mentale". Il est 15h30.

Le jugement est rendu sur les coups de 16h. Dylan ne bouge pas, a les mains croisées derrière son dos. Il est condamné à deux ans de prison, dont un avec sursis. Sa peine sera effectuée sous bracelet électronique, au domicile de sa tante, et assortie pendant deux ans de multiples obligations. De soins d’abord, de travail ensuite, enfin de réparer les préjudices. Côté dommages et intérêts, les sommes varient entre 1.900 euros pour le service départemental d’incendie et de secours et 336 euros pour la franchise d’une habitante. "Un soulagement", sourit l’avocat de la défense, Maître Florian Rugo. L’audience est terminée.

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