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194 faits reconnus et 200 victimes, le serial casseur de vitres de voitures de Pessac jugé à Bordeaux

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Jugé pour des centaines de vols et tentatives de vols à la roulotte commis cet hiver près de chez lui, à Pessac, le prévenu est condamné à 3 ans d'emprisonnement dont 2 ferme. Plus d’une vingtaine de parties civiles étaient présentes au tribunal judiciaire de Bordeaux.

Sur le bureau de l'huissier de la 7e chambre correctionnelle, l'épais dossier concernant l'affaire du serial casseur de vitres de voitures de Pessac. Sur le bureau de l'huissier de la 7e chambre correctionnelle, l'épais dossier concernant l'affaire du serial casseur de vitres de voitures de Pessac.
Sur le bureau de l'huissier de la 7e chambre correctionnelle, l'épais dossier concernant l'affaire du serial casseur de vitres de voitures de Pessac. © Radio France - Jules Brelaz

194 faits commis entre novembre 2023 et janvier 2024, plus de 200 parties civiles... Le serial casseur de vitres de voitures de Pessac comparait ce jeudi devant la 7ᵉ chambre correctionnelle du tribunal judiciaire de Bordeaux. Le prévenu âgé de 20 ans s’en prenait aux déflecteurs, ces petites vitres triangulaires permettant d’ouvrir les véhicules, sans toutefois dérober systématiquement des biens. Suivant les réquisitions du parquet, le tribunal a condamné le jeune homme à 3 ans trois ans de prison dont deux ferme. Une peine assortie du sursis probatoire pendant 24 mois avec obligation de soins, de formation, d'indemnisation des victimes et d'une interdiction de paraître à Pessac.

Vice-procureure : « Une affaire extraordinaire par le nombre de victimes »

"Madame Caroline S. est-elle présente dans la salle ? Et Monsieur Lucas C. ? Mme Carole D. ? M. Mounir. S., M. Maxime C., Mme Leila E., Mme Ella D., M. Jean-Olivier D… " En ouvrant l’audience, le président du tribunal énumère les noms des innombrables victimes. Un étudiant arrivé en retard à son partiel après avoir déposé plainte, une maman solo, un agent de sécurité, une retraitée, une puéricultrice traumatisée. Certaines de ces victimes sont présentes dans la chambre correctionnelle. "Bonjour Madame., souhaitez-vous vous porter partie civile?"

"Ma voiture, je m’en sers tous les jours pour aller aider ma maman malade, je suis aidante, indique Leila E.. Moi je ne réclame pas de dommages et intérêts, l’assurance avait pris en charge la vitre brisée dans la nuit du 25 au 26 décembre. Mais j’aimerais que le prévenu prenne conscience que ses actes ont des conséquences sur la vie des gens". Les objets volés sont la plupart du temps de faible valeur, à l’exception de quelques ordinateurs et parfums. Les parties civiles réclament le remboursement de leur franchise et tiennent pour la plupart à faire part de leur préjudice moral. "Ma cliente ne peut plus mettre un pied dans son parking sans être effrayée", a déclaré l’avocat d’une victime.

Avocat du prévenu : "On est quand même dans le bas de la délinquance"

Dans le box vitré, le prévenu souffle et semble s’ennuyer. "Hum", se contente-t-il parfois de répondre aux questions du tribunal. "Veuillez juste enlever les mains de vos poches", lui demande le président. Connu des services de police mais ayant un casier judiciaire vierge, le jeune homme a arrêté sa scolarité au collège avant de suivre un éphémère apprentissage de mécanicien. Visiblement en proie à un désœuvrement, ce Bordelais d’origine explique avoir commis ces vols par "manque d’argent", afin de payer sa consommation de cannabis, "10 grammes par jour en moyenne avec parfois de la cocaïne".

"Dans la nuit du 31 décembre 2023, vous êtes soupçonnés de vol et tentative de vols à la roulotte au préjudice de M. Guillaume D., dans la nuit du 2 au 3 janvier 2024, c’est au préjudice de Madame… Je ne peux pas énumérer les 194 faits reprochés dans le détail sinon on y est toujours à 4h du matin". Plus de 20 minutes plus tard, le prévenu indique reconnaître les faits. "Oui, ça correspond bien à mon secteur", plus précisément sur un trajet entre le domaine universitaire, proche de son domicile, et le centre-ville de Pessac.

Votre travail dans la vie ? "Je suis voleur"

"J’opérais après 2h car il n’y avait plus de police municipale", explique le jeune homme qui s’en prenait à "une dizaine de voiture par nuit". Après son interpellation, des objets volés, des parfums, des gants, des montres, sont retrouvés lors des perquisitions.

"Vous vous rendez compte que pour beaucoup de personnes, la voiture c’est l’outil pour aller travailler, lui fait remarquer le tribunal. Vous réalisez l’impact que ça a sur le quotidien des gens, des victimes qui ne gagnent pas forcément énormément ?" Réponse du prévenu : "Oui je sais, mais c’est fait, c’est comme ça".

Lors de l’expertise psychiatrique effectuée lors de sa détention, un médecin lui demande ce qu’il fait dans la vie. "Je suis un voleur" répond-il tout sourire. "C’est pas un projet dans la vie, voleur", fait remarquer le président du tribunal. L’expert indique que vous n’avez "pas beaucoup de compassion pour les victimes de ces vols" À l’écoute du témoignage de l’une des parties civiles, de profession coordinatrice petite enfance, le jeune homme va même jusqu’à sourire.

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