Sologne : "Il faut stopper le ball-trap sur le gibier en forêt de Sologne", affirme Christophe Béchu

Christophe Béchu, le ministre de la Transition écologique et Hervé Berville, secrétaire d'État à la Biodiversité, étaient ce vendredi en Sologne et notamment à Sainte-Montaine dans le nord du Cher. Ils sont venus constater la situation après le vote de la loi contre l'engrillagement il y a un an. Au terme de cette loi votée début 2023, les grillages les plus récents doivent être démontés dès à présent, les plus anciens devront être mis en en conformité pour laisser passer les animaux. L'État ne veut plus de ces enclos où on fait du "ball-trap" sur le gibier, selon l'expression même du ministre de la Transition écologique. On estime à 4.000 le nombre de kilomètres de clôture en forêt de Sologne.

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Une soixantaine de contrôle en un an

Ne pourront subsister que les clôtures de plus de 30 ans et encore, elles devront être adaptées : "Pas plus d'1,20 mètre de haut, précise Oriane Le Port, directrice régionale adjointe de l'Office français de la biodiversité. L'espace doit rester libre au moins 30 centimètres au dessus du sol pour laisser passer les plus petits animaux. Ici, on voit clairement que ce grillage n'est pas conforme. Les clôtures posées récemment doivent être immédiatement démontées. Pour les plus anciennes, de plus de 30 ans, on fait encore de la pédagogie mais elles devront être mises aux normes pour 2027."

Christophe Béchu a donné des directives très claires aux agents de l'Office français de la biodiversité : "Je leur ai demandé de multiplier les contrôles. Il y en a déjà eu une soixantaine depuis le début de l'année. Ça va continuer et on m'a dit que les agents étaient très réactifs aux signalement qui leur été remontés. C'est très bien. Une dizaine de procédures ont été diligentées auprès des procureurs de la République. Les propriétaires devront se mettre rapidement en conformité et des amendes pourront être prononcées. Depuis le vote de la loi, on me dit que les engrillagements se sont multipliés. Ce n'est pas normal. Je le redis : ces clôtures n'ont pas lieu d'être. Certains invoquent des raisons de sécurité routière pour éviter que les animaux, lors de chasse, traversent les routes. Je rappelle que seules les autoroutes doivent être engrillagées. Certainement pas les routes où on circule à 80 km/h. Ça n'a pas de sens !", pour le ministre.

Bertrand Cassé vient de racheter un domaine et chaque jour, il enlève quelques dizaines de mètres de grillage. "C'est un gros travail puisqu'il faut déterrer des gros piquets parfois. J'essaie de faire 'mon 50 mètres chaque jour', explique le chasseur. Je vois déjà des coulées nouvelles, c'est-à-dire des passages établis par les chevreuils, les cerfs ou les sangliers. C'est extraordinaire."

Pour Hervé Berville, secrétaire d'État à la mer et à la biodiversité, il fallait que la Sologne retourne dans le droit commun de la chasse : "Il n'y a pas de droit de la chasse exceptionnel ici en Sologne. Il fallait remettre l'église au centre du village. C'est ce que nous faisons. Et nous allons mettre sur pied un comité de suivi de l'application de cette loi sur le désengrillagement pour qu'elle s'applique au mieux."

Les enclos de chasse privée sont dans le collimateur : jusqu'à 20.000 euros la journée de chasse. Pour le député du Cher, François Cormier-Bouligeon, cet abattage sauvage n'a plus de raison d'être : "Il y aura des rappels à la loi, des amendes, des peines de prison et des retraits du permis de chasse pour les propriétaires qui ne joueront pas le jeu. C'est prévu dans la loi. Je tiens aussi à leur tendre la main pour leur dire d'agir dès maintenant puisque ce travail de démontage prendra du temps et il faut qu'ils se lancent dès à présent dans cette tâche pour être en conformité en 2027. Un guide pratique sera également conçu car certains sont un peu perdus dans la réglementation."

Raymond Louis, président de l'association des amis des chemins de Sologne, se bat depuis des années contre l'engrillagement. Il reste vigilant car certains propriétaires d'enclos de chasse vont essayer de contourner la loi. "Certains veulent créer des parcs d'entraînement de chiens pour justifier ces enclos, mais logiquement la loi va interdire d'en créer de nouveaux. Seuls les anciens pourront subsister. Et il était prévu qu'aucun coup de fusil ne pourrait être tiré dans ces parcs d'entraînement. C'est vrai qu'on a des gens très puissants en face de nous qui cherchent des prétextes pour contourner cette loi. D'autres expliquent qu'ils ont mis des clôtures parce qu'il y avait des intrusions sur leurs domaines. La loi autorise aujourd'hui les agents de l'environnement à verbaliser ces intrus. Ce ne sera donc plus une excuse."

La partie n'est pas encore gagnée. certains propriétaires envisagent de saisir le conseil constitutionnel au travers d'une QPC, question prioritaire de constitutionnalité, portant sur la violation de la propriété privée.