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Sécheresse : en attendant le plan du gouvernement, zoom sur les initiatives locales visant à économiser l'eau

- Mis à jour le
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  • France Bleu

Le gouvernement a promis un plan pour améliorer la gestion de l'eau alors que la France traverse une période de sécheresse historique. À l'occasion de la journée mondiale de l'eau, tour d'horizon des initiatives et solutions déjà mises en œuvre localement.

La Loire, victime de la sécheresse, le 26 février 2023. La Loire, victime de la sécheresse, le 26 février 2023.
La Loire, victime de la sécheresse, le 26 février 2023. © Maxppp - Josselin CLAIR

Le gouvernement promet un plan "très complet". Le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, doit dévoiler prochainement "une cinquantaine de mesures" pour améliorer la gestion de l'eau alors que la France traverse une période de sécheresse historique, appelée à se répéter en raison du réchauffement climatique. Près de 20 départements sont déjà en vigilance, alerte ou alerte renforcée sécheresse, en totalité ou partiellement, selon le site officiel Propluvia. Et d'après le Bureau des recherches géologiques et minières, quelque 80% des nappes souterraines de métropole étaient à des niveaux inférieurs à la normale en février, contre moins de 50% en février 2022.

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Parmi les pistes évoquées par le ministère pour préserver la ressource : "lutter contre tous les types de gaspillage, y compris les fuites" ou réutiliser les eaux usées. Des mesures déjà testées par certaines collectivités locales, organisations professionnelles et particuliers qui développent des solutions, partout dans le pays. Tour d'horizon.

Réutiliser les eaux usées

En France, "moins de 1%" des eaux usées sont réutilisées "quand les Italiens sont à 10% ou quand les Espagnols sont presque à 20%", rappelait le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, le 14 mars sur France Bleu Azur. Invité de France 2 le 24 février, le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau, s'est déjà engagé à "changer la législation" pour "assouplir et clarifier un certain nombre de choses", laissant entendre que la réglementation sanitaire pourrait évoluer.

Une levée des "freins réglementaires" anticipée à Antibes, où la communauté d'agglomération Sophia Antipolis a investi 150.000 euros dans une installation dédiée à nettoyer les eaux usées afin qu'elles soient réutilisées pour laver la voirie - une première en France -, et irriguer les parcs publics. "Aujourd'hui, on prélève de l'eau potable dans la nappe, demain, on n'utilisera plus cette eau potable", s'est félicité Olivier Bérard, directeur "Eau potable et assainissement" de l'agglomération, sur France Bleu Azur. Selon lui, 70.000 m³ - sur les 8 millions de m³ d'eau consommés chaque année par la ville d'Antibes - vont pouvoir être recyclés grâce à ce dispositif. L'agglomération envisage également de réutiliser les "eaux grises" et l'eau de pluie, pour les toilettes des bâtiments publics.

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Une mesure déjà mise en œuvre dans la Creuse. Depuis 16 ans, dans l'agglomération du Grand Guéret, l'eau de pluie est collectée et traitée dans un bassin de 8.000 m³. Les pompiers, la Ville et quelques entreprises d'assainissement l'utilisent. Jacques Velghe, vice-président de l'agglomération en charge de l'eau aimerait désormais convaincre des entreprises de l'acheter : "Notre volonté, c'est de développer cet usage de l'eau non noble. Actuellement, si nous distribuons 4.000 à 5.000 m³ par an, c'est un grand maximum", regrette-t-il. Cette eau est vendue "quatre à cinq fois moins cher" que l'eau potable assure Eric Correia, président de l'agglomération, qui espère séduire des acteurs du secteur du bâtiment notamment.

Encourager la sobriété

Selon le baromètre annuel Kantar/CIEAU, "Les Français et l'eau", publié en décembre 2022, 79% des Français se disent prêts à modifier leurs habitudes et à faire preuve de davantage de sobriété. Actuellement, "nous consommons 149 litres d'eau potable par jour et par personne" rappelait encore Christophe Béchu, fin janvier. Pour inciter leurs habitants à être plus économes, certaines collectivités expérimentent la tarification progressive à l'image de la Métropole de Montpellier : depuis janvier, plus on consomme, plus on paie. Un système “plus juste et plus solidaire” estime René Revol, maire de Grabels et président de la Régie publique de l'eau à la Métropole de Montpellier.

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D'autres ont choisi de miser sur l'incitation financière, comme à Orléans : depuis le 20 mars, la Métropole distribue 1.500 bons d'achat d'une valeur de 50 euros afin d'encourager les particuliers à s'équiper de récupérateurs d'eau de pluie pour laver leur voiture ou arroser leurs potagers. Idem dans la Creuse où depuis trois ans le parc naturel régional de Millevaches (PNR) propose des commandes groupées à des prix attractifs.  "Les dernières cuves étaient à 112 euros, alors qu'elles sont à 160 ou 200 euros sur le marché", précise Manon Campenet, chargée de mission du parc, à France Bleu Creuse. Plus de 300 récupérateurs ont déjà été installés.

Certains, enfin, ont fait le choix de la coercition. À Elne (Pyrénées-Orientales) par exemple, où les nappes superficielles sont quasiment toutes asséchées, le maire a interdit début mars la construction de piscines et les nouveaux forages. Un arrêté municipal pris "au titre de la salubrité et de la santé publique", compétence du maire. "On peut considérer qu'en prélevant de l'eau pour des usages qui ne sont pas humains, on affaiblit les nappes et on peut se retrouver dans une situation où toute la population manquerait d'eau", défend Nicolas Garcia sur France Bleu Roussillon.

"Mon devoir de maire, responsable de la santé publique, c'est de faire en sorte que les nappes dans lesquelles on pompe pour l'eau potable soient protégées." Et d'ajouter : "quand on fait des forages et qu'on n'est pas un professionnel, on risque aussi de polluer les nappes (...) Tout le monde doit changer de mentalité, de philosophie. Si on ne prend pas conscience collectivement, personne n'aura d'eau."

L'agriculture tenue de s'adapter

En France, les particuliers consomment en moyenne 21% de la ressource en eau, contre 34 % pour l'industrie et 45 % pour l'agriculture (jusqu'à 80 % en plein été). Préserver la ressource passera donc aussi par la révision des "modèles de transition sur le plan industriel et le plan agricole", a prévenu le ministre de la Transition écologique.

Mickael Lepage, producteur de lait bio à Changé (Mayenne) rencontré par France Bleu, a déjà commencé à faire évoluer sa façon de travailler. "Ne pas laisser les sols nus, les travailler au minimum, remettre des haies etc. c'est un travail qu'on fait déjà, mais qu'il va falloir renforcer" pour éviter le ruissellement et favoriser l'infiltration des eaux, explique-t-il.

Micro-irrigation, outils dédiés à optimiser l'usage de l'eau… À plus de 600 km au sud, dans la Drôme, la chambre d'agriculture a lancé plusieurs projets expérimentaux pour mesurer le stress hydrique et protéger les cultures. Mais ces solutions ont un coût. Pour soutenir les exploitants, l'office FranceAgriMer a notamment ouvert le 13 février un guichet doté d'un budget de 20 millions d'euros visant à financer des matériels de lutte contre les aléas climatiques (document PDF). Une aide réservée aux agriculteurs assurés contre le risque climatique.

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