Saint-Jean-de-Losne : quatre étudiants traversent la Saône et le Rhône en bateau pour faire avancer la science

Quatre jeunes et un bateau. Amandine, Apolline, Jean-Loup et Valentin sont étudiants des Ecoles Normales Supérieures de Paris et Lyon, et ils se sont lancés dans un projet un peu fou. Traverser la Saône et le Rhône en bateau pour faire de la recherche scientifique sur l'état de nos rivières. Ils sont partis le 16 mars 2024 de Pont-sur-Saône, en Haute-Saône, en direction d'Arles. Tout au long de leur périple, ils s'arrêtent dans les villes et villages pour faire découvrir leur travail au grand public. Ils ont posé l'ancre ce samedi 6 avril 2024 à Saint-Jean-de-Losne à l'occasion du Salon fluvial de la commune. Ils nous font visiter l'embarcation et nous racontent leur voyage entre moments heureux et galères.

Un projet scientifique

Les quatre étudiants ont chacun leurs projets de recherche dans quatre domaines, la géographie, l'anthropologie, la sociologie et les géosciences. "Apolline travaille sur la pollution plastique sur comment est-ce qu'on peut la retrouver le long des fleuves, explique Valentin. Moi, je travaille en anthropologie sur la perception de la nature par les naturalistes, donc les chasseurs, les pêcheurs, les personnes qui observent les oiseaux, les plantes. Jean-Loup travaille sur la structure des îles, comment est-ce qu'elles évoluent sur la Saône. Et Amandine, elle, travaille sur la construction, d'un point de vue plus académique, des projets de restauration écologique. C'est vraiment quatre projets qu'on pense de façon un peu collective." Le tout permet de se questionner, en résumé, sur l'état des cours d'eau. Durant leurs nombreuses escales, ils vont à la rencontre des écoles pour les sensibiliser aux problématiques liées à nos rivières.

À quatre dans 20 mètres carrés

Au-delà du travail scientifique mené par les étudiants, il y a aussi le quotidien à gérer. Vivre à quatre dans un bateau, cela ne paraît pas si évident. Et pourtant, tout se passe visiblement à merveille. L'embarcation fait entre 15 et 20 mètres carrés habitables et aucun espace n'est perdu, tout est optimisé. Une pièce au fond de la cale sert de chambre pour deux d'entre eux, mais aussi de cuisine et de salle à manger. Quelques marches à monter pour se retrouver dans le laboratoire aménagé pour que chacun puisse avancer sur son projet. Une autre petite chambre, à l'opposée de la première permet de loger les deux autres étudiantes. À côté du moteur situé sous le plancher, un espace permet de ranger les valises. Enfin, une petite terrasse sert de poste de commandement. On est loin du confort d'un yacht, et ce n'est d'ailleurs pas vraiment l'objectif.

Un naufrage et une belle frayeur

Mais il ne faut pas croire, cette aventure n'est pas toujours un long fleuve tranquille. Deux jours après leur départ, ils se sont fait très peur. Ce jour-là, les quatre matelots partent de Seille-sur-Saône, en Haute-Saône, pour deux heure de navigation. Ils arrivent alors à une écluse. "Pour ouvrir la porte, on doit tourner une perche, raconte Jean-Loup. On arrive avec le bateau vers la perche et là le courant de la rivière prend l'arrière du bateau sur le côté. Le bateau se retourne. On met la marche arrière à fond, ça ne répond pas trop et en on se prend la berge." La collision ouvre l'un des flotteurs, et l'eau rentre dans le bateau. Après un amarrage d'urgence et un appel aux pompiers, les quatre occupants s'en sortent sans égratignures. On ne peut pas en dire autant du bateau,

Mais ce qu'ils retiennent de cet événement, c'est l'après. "On a été beaucoup aidé et puis on a su retrouver un bateau, rebondir et reprendre le projet, ajoute Jean-Loup. Et ça, je trouve ça vraiment très chouette." Si tout va bien, les quatre aventuriers des rivières termineront leur périple le 29 juin 2024 à Arles. Ils rendront le résultat de leurs travaux dans les mois qui suivent.