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La fête de la lamproie annulée à Sainte-Terre, les habitants inquiets pour leur avenir

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Organisée depuis 33 ans à Sainte-Terre, capitale autoproclamée de la lamproie, la fête prévue du 26 au 28 avril est annulée. Depuis un an, la pêche du poisson emblématique du sud-ouest est suspendue en Gironde. Il n'y en avait donc pas assez pour le repas, et pour assurer l'avenir des habitants.

L'un des 37 derniers pêcheurs professionnels de lamproie en Gironde, David Durand, ici sur son embarcadère. L'un des 37 derniers pêcheurs professionnels de lamproie en Gironde, David Durand, ici sur son embarcadère.
L'un des 37 derniers pêcheurs professionnels de lamproie en Gironde, David Durand, ici sur son embarcadère. © Radio France - Jules Brelaz

Depuis près d'un an, les pêcheurs traditionnels de lamproie de Sainte-Terre sont dans l'incertitude quant à leur avenir. La pêche du poisson emblématique du sud-ouest, qui les fait vivre en partie, est interdite dans le département. Une suspension qui fait suite à une décision du tribunal administratif, saisi par des associations de défense de l'environnement pour préserver l'animal. Conséquence : le stock de poissons ne suffisait pas pour le repas, d'où la décision du comité d'organisation de supprimer l'évènement.

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Avenir local en jeu

Pour les habitants, c'est un coup de massue, mais ils n'avaient pas vraiment le choix, selon Sabine Durand. Elle et son mari tiennent Le Cabestan, une ferme de pêcheurs de lamproie en bords de Dordogne, qui propose aussi une offre de restauration. Jusqu'à l'année dernière, ils fournissaient la fête en poisson : "Pour nous, au-delà de la fête de la lamproie, c'est notre propre avenir qui est en jeu. Pour qu'il y ait une fête, il faut encore qu'il y ait des pêcheurs. Rappelons que notre village est un village de pêcheurs depuis le 14e siècle. Aujourd'hui, on ne sait même pas si notre entreprise est encore viable."

Une pénurie locale que le comité d'organisation de la fête a bien essayé de contrer, en allant chercher la lamproie du côté de la Loire, mais sans succès : un prix trop élevé pour une quantité qui, elle, ne l'était pas assez. Alors pour soutenir les pêcheurs locaux, il valait mieux annuler selon Agnes Alfonso-Chariol, la maire de la commune. "Faire la fête sur une petite catastrophe économique, patrimoniale et culturelle, je trouvais que c'était mal à propos. Pour moi, cela revenait à danser sur des cendres toutes fraîches."

Discuter pour alerter ?

Un point de vue que nuance Joël Duporge, membre de la Confrérie de la lamproie. Chaque année, il cuisine devant de nombreux visiteurs la lamproie à la bordelaise sur un stand de la fête. Maintenir l'évènement était, pour lui, l'occasion d'alerter sur un désastre local. "On avait décidé de mettre en place un forum pour discuter avec les visiteurs sur place. C'est une occasion manquée de pouvoir expliquer dans quelle situation on se trouve."

Un désastre économique qui n'empêche pas de prendre en compte les arguments des associations de défense de l'environnement. Pour Patrice Laguillon, le président du comité d'organisation, cette annulation démontre surtout l'urgence d'organiser un débat entre les services de l'État, les associations et les pêcheurs. Un dialogue pour évoquer notamment d'autres causes possibles de la disparition de la lamproie : la prédation du silure, un autre poisson qui peuple les cours d'eau.

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