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Feux de forêt : "Pour vivre tranquilles l'été, débroussaillons l'hiver !"

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Alors que plus d'un habitant sur deux dans le Gard habite dans une zone boisée, la préfecture, l'ONF, le SDIS 30 et des élus présentent une opération "débroussaillement : tous concernés !" pour inciter à l'emploi de cette technique jugée très efficace pour lutter contre les incendies.

Thierry Mamalet, de l'ONF Remoulins, prend l'exemple de la résidence Odalys de Calvisson, pour montrer que le débroussaillement peut sauver des habitations. Thierry Mamalet, de l'ONF Remoulins, prend l'exemple de la résidence Odalys de Calvisson, pour montrer que le débroussaillement peut sauver des habitations.
Thierry Mamalet, de l'ONF Remoulins, prend l'exemple de la résidence Odalys de Calvisson, pour montrer que le débroussaillement peut sauver des habitations. © Radio France - Arthur Fradin

"Mal débroussaillée, une maison sur deux sera détruite par le feu". Message diffusé par la préfecture, plusieurs élus ou encore l'ONF en ce début de mois de novembre 2023, alors que plus d'un habitant sur deux dans le Gard habite dans une zone boisée. Le débroussaillement, une technique qui a fait ses preuves pour ralentir la progression des incendies : cela permet de faire baisser la puissance du feu, et cela facilite l'intervention des pompiers par rapport à un site non entretenu.

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Le lieutenant colonel Eric Guiboud-Ribaud, du SDIS 30, explique "qu'il vaut mieux débroussailler en automne ou en hiver. D'abord, les végétaux sont en descente de sève : on ne les abîme pas. Débroussailler, ne veut pas dire détruire toute la végétation et toute la forêt autour de la maison. C'est bien de faire attention, c'est bien de séparer les bouquets d'arbres. C'est bien de nettoyer toute la strate qui est vraiment le plus bas, c'est-à-dire qui va propager le feu sur les autres végétaux, et surtout tout autour de sa maison pour la mettre en sécurité. On est dans une zone où il y a de la végétation : si on veut se protéger, on doit débroussailler ! C'est vraiment notre assurance !"

"Si on veut se protéger, on doit débroussailler ! C'est vraiment notre assurance !"

Parmi les bons réflexes à adopter : débroussaillement dans un rayon de 50 mètres autour des constructions, mettre à distance les arbres entre eux d'au moins trois mètres, et à trois mètres de la maison, éliminer la végétation au sol. La technique a par exemple fait ses preuves à la résidence Odalys, à Calvisson, au début de ce mois de septembre 2023. Thierry Mamalet, de l'ONF Remoulins, tend le doigt : "Vous voyez la différence entre la partie qui a été débroussaillée et celle qui ne l'a pas été. Ce qui est important, ce sont les maisons, ne pas avoir de branche à trois mètres à proximité".

Un terrain bien débroussaillé à proximité des habitations de la résidence Odalys de Calvisson, dans le Gard.
Un terrain bien débroussaillé à proximité des habitations de la résidence Odalys de Calvisson, dans le Gard. © Radio France - Arthur Fradin

Il ajoute qu'il faut absolument "laisser 5 mètres de gabarit (dans la largeur comme dans la hauteur) pour faciliter l'intervention des pompiers". Un exemple bien suivi ici donc, ce qui a permis de contenir le feu. En cas de manquement à l'obligation légale de débroussaillement (OLD), l'ONF peut distribuer des PV. Dans un contexte d'aggravation du risque incendie, les sanctions ont été renforcées cet été : le non-respect des OLD est maintenant puni par l'amende prévue par les contraventions de cinquième classe, soit 1.500 euros maximum, ou 3.000 euros en cas de récidive. Sur son secteur, Thierry Mamalet distribue une vingtaine de PV chaque année.

Seules 30% des obligations de débroussaillement aujourd'hui respectées

Reste que le débroussaillement, qui est une obligation légale, est aujourd'hui assez peu respecté. Le Sénat évoquait un chiffre d'environ 30% au mois de juin, alors qu'il rejetait une proposition de crédit d'impôt pour les particuliers. Plusieurs facteurs expliquent ces négligences. Pour la maire de Fons Maryse Gianaccini, l'un des principaux soucis avec le débroussaillement, c'est la méconnaissance de la loi : "Les gens comprennent bien le danger. Ce qu'ils ne comprennent pas, c'est que la loi les oblige à débroussailler chez le voisin". Tout le monde s'attache ainsi à la notion de propriété privée, alors que le code forestier le dit, si le rayon de 50 mètres de débroussaillement obligatoire déborde de votre propriété, vous devez débroussailler chez le voisin.

À la fin, on s'y met à plusieurs, et on est plus efficaces dans les zones difficiles à nettoyer. Autre problème, le cout des opérations. Cédric Clemente, maire de Lirac et président des Communes et collectivités forestières du Gard : "Ça peut aller de 1.000 à 10.000 euros, si vous avez du relief, un terrain accidenté. Donc quand vous devez faire 10.000 euros de travaux de débroussaillement, je comprends que ce sont des sommes très onéreuses, parfois irréalisables pour certains ménages".

Des ménages, des communes qui n'ont pas les moyens, et qui ne peuvent plus compter comme autrefois sur les agriculteurs, pour entretenir les terrains, précise Irène Lebeau, maire de Dourbies : "les pratiques agricoles ont vraiment diminué, typiquement le pâturage, alors que le pâturage, c'est l'entretien des milieux ouverts, et cela fait diminuer le risque incendie". Dans les petites communes, il y a également de nombreuses personnes âgées, qui ne peuvent tout simplement pas débroussailler, car elles sont trop fatiguées physiquement.

La mutualisation, une solution

Pour lutter, certains se regroupent, comme l'Union Langladoise de Prévention Incendie (U.L.P.I), crée au début des années 80 à Langlade. Une fois par mois, le week-end, des bénévoles se relaient pour nettoyer de nombreuses parcelles qui appartiennent à des multitudes de propriétaires. Michel Delay, son président, précise que cela permet "d'entretenir environ 5 hectares par an".

Par le biais du Fonds vert, plus d'un million d'euros ont également été engagés dans le Gard pour favoriser le débroussaillement. Cédric Clemente, lui, est force de proposition. En plus d'une éventuelle rediscution au parlement de l'idée d'un crédit d'impôt pour les particuliers, il évoque un "revenu compensateur" qui pourrait être redistribué des grandes métropoles vers les petites communes et territoires ruraux (qui bénéficient de ces "poumons verts"), pour financer des opérations de débroussaillement.

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