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Exercice de sûreté nucléaire : un avion se crashe sur Framatome à Romans-sur-Isère

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Un exercice de sûreté nucléaire sur le site de Framatome à Romans-sur-Isère (Drôme) a simulé, ce mercredi, le crash d'un avion de tourisme sur un fût de matières radioactives. Le système FR Alert sur les téléphones portables de la population a été testé pour la première fois dans la Drôme.

Le centre opérationnel départemental qui regroupe en préfecture des représentants de tous les services concernés lors d'une catastrophe d'importance majeure. Le centre opérationnel départemental qui regroupe en préfecture des représentants de tous les services concernés lors d'une catastrophe d'importance majeure.
Le centre opérationnel départemental qui regroupe en préfecture des représentants de tous les services concernés lors d'une catastrophe d'importance majeure. © Radio France - Nathalie de Keyzer

C'est l'un des pires scénarios possibles qui a été choisi ce mercredi 1er mars par les autorités sur le site de Framatome à Romans-sur-Isère dans le cadre d'un exercice de sûreté nucléaire. Le déclenchement s'est fait aux environs de 9 heures du matin et les premières informations qui "remontent" en préfecture évoquent un avion tombé sur le site nucléaire. Y a-t-il des victimes ? Combien ? Quel est le danger immédiat pour la population voisine ? Autant de questions auxquelles il va falloir répondre et vite.

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On apprend dans les minutes qui suivent qu'un incendie est en cours à l'extérieur de l'usine avec, visibles de loin, de hautes flammes et un panache de fumée noire qui laissent imaginer le pire. Immédiatement, la directrice de cabinet du préfet active le COD (centre opérationnel départemental). Il est installé provisoirement, pour cause de travaux (bien réels), au rez-de-chaussée du bâtiment préfectoral. Personne ne connait à l'avance la nature de la catastrophe à gérer ce mercredi matin. Il faut donc en urgence à la fois comprendre ce qui se déroule sur le site, prendre les premières mesures de précaution pour la population et bien sûr essayer de joindre tout le monde. Le directeur du site nucléaire, les pompiers, les policiers l'agence régionale de santé les autorités de sûreté nucléaire, la mairie etc. afin qu'un représentant de chaque service se déplace jusqu'au COD. Et tout cela le plus vite possible mais aussi le plus calmement possible.

Identifier les "couacs" pour mieux les éviter ensuite

L'objectif de ces exercices est de tout tester. Depuis la première minute de l'accident jusqu'à la levée de toute alerte ou restriction. Comment l'industriel Framatome réagit-il ? Déclenche t-il au bon moment toutes les procédures de sécurité que la loi lui impose ? Ses salariés sont-ils mis en sécurité immédiatement ? Qui alerte t-il ? Dans quels délais ? Quand les pompiers partent-ils sur le site ? Avec combien d'hommes et quels équipements de protection ? Pourquoi le CODIS, centre opérationnel départemental d'incendie et de secours, n'a t-il pas encore officiellement appelé la préfecture alors que l'accident s'est produit depuis une vingtaine de minutes déjà ?

Sirène et message FR Alert

En moins d'une demi-heure, le centre opérationnel est actif ce mardi matin, même si l'incrédulité se lit sur tous les visages. Ce scénario d'une chute d'un avion de tourisme pile sur un chariot élévateur transportant un fût de matière radioactive est "hautement improbable". Mais il faut désormais tout mettre en œuvre pour gérer cette catastrophe comme si elle était réellement en cours. Après les premières confirmations de Framatome sur la présence dans l'air d'un nuage irritant toxique et contenant des particules radioactives, la décision est prise par la préfecture de confiner (fictivement) la population dans un rayon de 600 mètres autour du site.

Pourquoi cette distance ? Parce que selon les spécialistes c'est le rayon maximum où l'on court un risque immédiat compte tenu du scénario. Dès le crash, Framatome a fait retentir sa sirène d'alarme. Un hurlement bien réel vers 9h 07 ce mercredi, mais qui n'a guère suscité de reflexe de mise à l'abri auprès des passants ou des clients sur le parking du centre commercial voisin. Une demi-heure plus tard, la décision est prise en préfecture d'envoyer (en vrai) un message d'information à la population via le système FR Alert sur les téléphones portables. C'est la première fois que ce dispositif d'alerte est testé dans le département. Il est mis en place au niveau national depuis juin dernier et permet d'envoyer en même temps un message à toutes les personnes qui sont présentes dans un secteur concerné par un danger immédiat (incendie, inondation, attaque terroriste, accident nucléaire ou chimique).

La directrice de cabinet vérifié le message FR Alert avant qu'il soit envoyé à la population via les téléphones portables
La directrice de cabinet vérifié le message FR Alert avant qu'il soit envoyé à la population via les téléphones portables © Radio France - Nathalie de Keyzer

Un système qui a réservé quelques surprises ce 1er mars. Dans la zone des 600 mètres où tout le monde devait recevoir le message, certains ne l'ont pas eu. Malgré des modèles de téléphones récents. Alors que d'autres personnes, en dehors du secteur concerné par l'exercice, ont entendu leur téléphone sonner. A l'image de certains élèves du lycée Triboulet dont les portables se sont déclenchés en cours alors qu'ils étaient sur mode silencieux. Première conséquence cocasse, la confiscation des appareils par les professeurs et plus sérieusement l'inquiétude bien réelle des responsables de l'établissement scolaire qui ont dû contacter la préfecture pour savoir s'ils devaient confiner les élèves ou non.

La raison de ce hiatus ce sont les bornes téléphoniques dont le périmètre d'action est parfois "à cheval sur la zone à alerter et sur la zone non concernée. Plus embêtant dans le cadre de l'exercice, les personnes présentes dans le périmètre de danger mais qui n'ont jamais reçu l'alerte. Là, une des explications de ce "raté" semble tenir à la nature du message. A Romans, il s'agissait seulement d'un message d'exercice pour lequel il faut avoir activé des notifications spécifiques. Au contraire d'un véritable message d'alerte qui serait bien plus intrusif selon les spécialistes. Ce dernier s'afficherait sur nos écrans même en mode "ne pas déranger" ou "mode avion" d'après la préfecture de la Drôme.

Le message FR alerte envoyé sur les téléphones portables lors de l'exercice de sécurité nucléaire chez Framatome à Romans.
Le message FR alerte envoyé sur les téléphones portables lors de l'exercice de sécurité nucléaire chez Framatome à Romans. © Radio France - Nathalie de Keyzer

La mairie de Romans-sur-Isère alertée pas assez tôt

Un autre enseignement "à chaud" de cet exercice nucléaire, c'est le "cafouillage" dans les débuts de l'alerte, aux autorités concernées par cet accident. Par exemple, lorsque la directrice de cabinet de La préfète de la Drôme qui dirigeait les opérations, est en contact pour la première fois avec un responsable de Framatome à 9h 30 ce mercredi matin, elle lui demande s'il a bien alerté la mairie de Romans. Réponse : "oui bien sûr".

Sauf que la mairie de Romans-sur-Isère n'est pas du tout prévenue à ce moment là. Il faut attendre  9h43 pour qu'un membre du cabinet du maire reçoive un appel. Une personne qui ne précise pas si elle travaille chez Framatome ni quelle est sa fonction exacte, mais indique qu'un avion s'est crashé sur le site romanais. Une communication téléphonique de mauvaise qualité sonore. Et lorsque la mairie tente de rappeler le numéro pour vérifier qu'il ne s'agit pas d'un appel malveillant, personne ne décroche ni ne rappelle. Il faut donc attendre 10 heures 27 pour que la maire et son directeur général des services soient enfin prévenus par la préfecture. Une heure et demi de délai entre un accident d'une telle ampleur et l'alerte aux responsables municipaux…c'est évidemment anormal, incompréhensible et beaucoup trop long. Mais c'est bien à cela que servent ces exercices, mettre en lumière ce qui ne fonctionne pas correctement pour améliorer les procédures et ne pas commettre ces erreurs si une réelle catastrophe nucléaire venait à se produire.

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