Passer au contenu
Publicité

Espèces invasives : les écosystèmes bretons fragiles sous haute surveillance

Par

Une étude internationale vient de montrer que les espèces invasives jouent un rôle important dans l'extinction des espèces autochtones. La Bretagne n'est pas épargnée. Le surmulot, l'écrevisse américaine, la Craasule de Helms ou la baccharis sont très surveillés.

Des bénévoles de Bretagne Vivante participent à un chantier d'arrachage de Baccharis, une plante invasive particulièrement tenace Des bénévoles de Bretagne Vivante participent à un chantier d'arrachage de Baccharis, une plante invasive particulièrement tenace
Des bénévoles de Bretagne Vivante participent à un chantier d'arrachage de Baccharis, une plante invasive particulièrement tenace © Radio France - Bretagne Vivante

L'étude internationale publiée cette semaine sur l'impact des espèces invasives sur la biodiversité est édifiante. Les chercheurs de l'IPBES, l'équivalent du GIEC sur la biodiversité, estiment que ces espèces exotiques ont un rôle majeur dans l'effondrement de la biodiversité des espèces autochtones et/ou endémiques (même si ce n'est que la 5ᵉ cause de l'effondrement).

Publicité

Surmulots et visons menacent les oiseaux

La Bretagne n'est pas épargnée par ce phénomène. Sur le plan des espèces animales, on suit particulièrement les ravages du surmulot sur les populations d'oiseaux nicheurs sur les iles bretonnes. Ces rats qui vivent près des cours d'eau, peuvent nager jusqu'aux îlots et manger les œufs des oiseaux. Les populations de sternes et notamment la sterne de Dougall, très rare et protégée, sont grandement menacées.

Un rat surmulot photographié sur un îlot breton
Un rat surmulot photographié sur un îlot breton - Bretagne Vivante

Il y a donc une action de régulation menée notamment par Bretagne Vivante dans le Finistère, les Côtes-d'Armor et la ria d'Etel dans le Morbihan.

Une autre espèce peut faire des ravages dans les populations d'oiseaux : le vison d'Amérique. Après l'effondrement des élevages de visons au XXe siècle, certains ont été relâchés dans la nature. Ils sont responsables d'un véritable carnage chez les populations de sternes. "Le vison d'Amérique a tué 150 sternes de Dougall en une vingtaine d'années alors que la population de cette espèce est aujourd'hui estimée à une cinquantaine de couples" explique Barbara Deyme de Bretagne Vivante.

La population de sternes de Dougall ne compte plus qu'une cinquantaine de couples en Bretagne
La population de sternes de Dougall ne compte plus qu'une cinquantaine de couples en Bretagne - Bretagne Vivante

Une soixantaine de végétaux invasifs répertoriés

Bretagne Vivante enquête également sur l'écrevisse à pattes blanches, présente dans nos rivières et nos cours d'eau du côté des Côtes-d'Armor et de l'Ille-et-Vilaine. Cette espèce autochtone est décimée par l'écrevisse américaine qui prend sa place dans les écosystèmes, car elle se reproduit plus vite et résiste mieux aux maladies. Parmi les actions mises en place : le nettoyage des chaussures pour ne pas transporter de maladies.

La plupart des espèces invasives répertoriées en Bretagne sont des espèces végétales qui peuvent avoir des conséquences économiques, sanitaires et/ou environnementales. "Les espaces les plus fragiles sont les îles ou les zones littorales" explique Marion Hardegen du Conservatoire botanique national de Brest. Les îlots, car les écosystèmes y sont plus fragiles, fermés et concurrentiels ; et les zones littorales parce que le climat plus doux favorise le développement de plantes venues de zones plus chaudes. À ce titre, les landes bretonnes sont plus préservées puisque les sols y sont plus pauvres (les espèces invasives préfèrent les sols enrichis).

"On suit actuellement une soixantaine d'espèces problématiques dans la région qui peuvent concurrencer des espèces autochtones ou avoir des impacts sur la santé ou l'économie" poursuit Marion Hardegen. Cette liste qui sera réactualisée à la fin de l'année est d'ailleurs appelée à s'étendre, signe que la problématique est de plus en plus présente dans la région.

"On peut se retrouver avec des îlots sans biodiversité"

La baccharis est une jolie plante aux effets redoutables sur les écosystèmes
La baccharis est une jolie plante aux effets redoutables sur les écosystèmes - Bretagne Vivante

Ainsi, la spartine se taille la part du lion en rade de Brest. Cette plante herbacée menace directement la statice, la "petite lavande de mer". On peut citer aussi les griffes de sorcières qui colonisent les falaises littorales ou la baccharis, un arbuste qui se développe rapidement sur les îles avec ses milliers de graines et qui étouffe le milieu d'origine, plantes et insectes : "La baccharis va tout simplement uniformiser le paysage et priver les insectes de gîtes et de couvert, on peut se retrouver avec des îlots avec une seule espèce, sans biodiversité" explique Barbara Deyme de Bretagne Vivante. Récemment, le préfet du Morbihan a renouvelé pour 5 ans l’arrêté du 31 juillet 2020 pour définir les modalités de lutte contre le Baccharis dans le département.

Suivies de près également : l'herbe de la pampa très visible dans le sud Bretagne ou la jussie rampante, plante aquatique au développement rapide dans les marais.

La brûlure de la berce, l'allergie à l'ambroisie

Certaines espèces menacent aussi l'intérieur des terres comme la renouée du Japon dans les Monts d'Arée qui apprécie les milieux frais ou la crassule de Helm qui pullule sur les berges des étangs et des mares et qui menace la coléanthe subtile, une graminée qui ne vit quasi exclusivement qu'en Bretagne, en France.

Certaines espèces de végétaux pourraient également menacer la pêche ou la navigation dans les canaux, à terme. Et d'autres peuvent avoir de graves impacts sur la santé, comme la berce du Caucase qui cause des brûlures photosensibles ou l'ambroisie qui peut provoquer de sévères allergies. Elles ne sont pas encore trop présentes en Bretagne grâce à un système de veille et d'intervention coordonné par l'Agence régionale de santé.

Les opérations de décapage, d'arrachage ou de fauchage répété de ces plantes peuvent être efficaces à condition de s'y prendre tôt. Une fois que l'invasion est étendue, il n'y a plus de chance d'éliminer la plante.

Le Conservatoire botanique national de Brest suit particulièrement l'arrivée de plantes exotiques invasives en Pays de la Loire et dans les régions d'Europe au climat similaire à la Bretagne, pour anticiper les futures menaces sur les écosystèmes.

Ma France : Améliorer le logement des Français

Quelles sont vos solutions pour aider les Français à bien se loger ? En partenariat avec Make.org, France Bleu mène une consultation citoyenne à laquelle vous pouvez participer ci-dessous.

Publicité

undefined