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Sidaction : des lycéens de Bobigny estiment qu'on ne leur parle pas assez du VIH

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A l'occasion de l'édition 2022 du Sidaction, l'institut Ifop a réalisé une étude sur la connaissance du VIH auprès des moins de 25 ans. Ils sont moins nombreux qu'en 2020 à s'estimer bien informés sur le sujet. Au lycée Louise Michel de Bobigny, beaucoup manquent d'informations sur le virus.

Dans un sondage réalisé par l'institut Ifop à l'occasion du Sidaction, un quart des jeunes interrogés disent ne jamais avoir bénéficié d'un enseignement sur le VIH au cours de leur scolarité. Dans un sondage réalisé par l'institut Ifop à l'occasion du Sidaction, un quart des jeunes interrogés disent ne jamais avoir bénéficié d'un enseignement sur le VIH au cours de leur scolarité.
Dans un sondage réalisé par l'institut Ifop à l'occasion du Sidaction, un quart des jeunes interrogés disent ne jamais avoir bénéficié d'un enseignement sur le VIH au cours de leur scolarité. - Vincent Isoré - Sidaction

"On est assez mal informés" au sujet du VIH, estime Ami. A 18 ans, cette élève du lycée Louise Michel, à Bobigny, n'a suivi qu'un atelier d'éducation sexuelle depuis le début de sa scolarité. "Et encore, on ne nous a pas prévenu qu'il avait lieu", ajoute-t-elle. "Ca a duré trois heures, et ça s'est fait un peu à la va-vite." Ami n'a pas retenu un des éléments essentiels à savoir sur le VIH : comment se transmet-il ? 

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Cette lycéenne est loin d'être la seule dans ce cas. Dans un sondage mené par l'institut Ifop, du 2 au 9 février 2022, auprès de 1 002 jeunes de 15 à 24 ans, à l'occasion du Sidaction 2022, 31% des jeunes interrogés estiment être mal informés sur le VIH. C'est vingt points de plus qu'en 2009. 

Le préservatif n'est plus automatique

Ryan, en classe de première, ne se souvient pas avoir eu de cours ou d'atelier consacré à l'éducation sexuelle et aux infections sexuellement transmissibles. "Je trouve que c'est aberrant, parce qu'en famille, je ne peux jamais en parler. Ce serait mal vu. A 16 ans, je ne suis pas censé avoir eu des relations sexuelles", explique-t-il. "L'école est le seul lieu où ce serait possible d'en discuter, et d'en savoir plus." 

Il faut qu'au lycée, on apprenne à mettre un préservatif, à éviter de le déchirer, à savoir l'enlever aussi. J'ai l'impression qu'on nous apprend tout sauf la sexualité.

Un peu plus âgé, Lenny assure lui aussi ne rien avoir appris sur le VIH à l'école. Il s'est informé sur les réseaux sociaux, et sur Internet. Des recherches que ses camarades n'ont pas forcément menées de leur côté. Lenny entend ainsi régulièrement des amis lui dire qu'ils "ne mettent pas de préservatif" lors d'une relation sexuelle

Dans ma génération, on se sent moins concerné, peut-être plus à l'abri du VIH que les générations précédentes. Mais personne n'est intouchable.

"On pense que ça n'arrive qu'aux autres, et que quand le partenaire assure qu'il n'est pas porteur du VIH, on peut lui faire confiance. Mais ça ne se passe pas comme ça, il faut faire un test de dépistage", rappelle-t-il. Seuls 34% des jeunes interrogés par l'institut Ifop déclarent avoir utilisé systématiquement un préservatif lors d'un rapport sexuel, neuf points de moins qu'en 2020.

Pas assez d'ateliers en collège et lycée

Cette statistique, malheureusement, n'étonne pas les infirmières du CeGIDD de Bobigny. Le centre gratuit d'information, de dépistage et de diagnostic des infections sexuellement transmissibles accompagne de nombreux jeunes, parfois déboussolés, souvent mal informés. "En général, ce sont les personnes qui posent le moins de questions qui sont les plus vulnérables", constate Fadila. Son bureau est le premier par lequel passe les usagers du CeGIDD. "Elles ne savent rien des infections sexuellement transmissibles, comment mettre un préservatif, malgré les actions de sensibilisation que la PMI, le planning familial mène, et que nous menons dans les écoles."

Tassadit et Amélie, infirmières au CeGIDD de Bobigny, constatent le manque d'informations qu'ont les jeunes sur le VIH et les infections sexuellement transmissibles.
Tassadit et Amélie, infirmières au CeGIDD de Bobigny, constatent le manque d'informations qu'ont les jeunes sur le VIH et les infections sexuellement transmissibles. © Radio France - Thomas Giraudeau

Quand les personnels du CeGIDD vont parler de sexualité dans les lycées, les jeunes "n'osent pas prendre les plaquettes d'informations, craignent que leurs parents les découvrent", ajoute Amélie, infirmière au centre de Bobigny. "Il existe des barrières culturelles dans certaines familles", précise Tassadit, une de ses collègues. "Et puis, des garçons ne veulent pas mettre de préservatif, alors on dit aux filles que le préservatif féminin existe."

Selon la responsable du CeGIDD de Bobigny, Agnès Despoisse, il n'y a pas assez de cours et/ou d'ateliers d'éducation sexuelle dispensés tout au long du cursus scolaire, notamment au collège et au lycée. Elle déplore qu'ils "ne soient pas récurrents. Il y a _à peine deux heures obligatoire au collège, en 4e et 3e__, selon la bonne volonté et la disponibilité des équipes éducatives". _

Dans les pays scandinaves, cette éducation à la vie affective est incluse dans tout le parcours scolaire. Dispensé dès la primaire, de manière adaptée bien sûr, puis au fur et à mesure des années.

En outre, Agnès Despoisse estime que les ateliers d'éducation sexuelle à l'école ne sont, en quelque sorte, qu'une première étape. Les élèves ne sont parfois "pas réceptifs" aux informations qui leur sont données en classe, ou n'osent pas parler devant des enseignants qu'ils vont ensuite avoir en cours pendant des mois. Les discussions sont souvent plus enrichissantes, dans un second temps, lorsque les lycéens viennent par petits groupes, parler de sexualité dans les locaux du CeGIDD. 

En 2021, 173 000 personnes étaient séropositives en France, dont 40% rien qu'en Île-de-France.

Pour faire un don au Sidaction :
- Par téléphone : appelez le 110 (numéro d’appel gratuit) jusqu’au 7 avril
- Par Internet : www.sidaction.org
- Par SMS, au 92 110 : envoyez le mot « DON » pour faire un don de 5€ (coût d’envoi du SMS gratuit ou inclus dans les forfaits SMS)
- Par courrier : Sidaction - 228, rue du Faubourg Saint-Martin, 75010 Paris

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