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Saint-Jean-de-Braye : à 96 ans, un déporté de la Seconde Guerre mondiale publie ses mémoires

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C'est la toute première fois que René Pelletier fait lire ses mémoires au grand public. Survivant de la déportation, il a passé deux ans dans le camps nazi de Mauthausen, en Autriche. Son ouvrage vient d'être imprimé pour les établissements scolaires et la bibliothèque de Saint-Jean-de-Braye.

Un esprit vif, souvent un mot pour rire : René Pelletier, 96 ans, publie ses mémoires pour que "l'on oublie pas".
Un esprit vif, souvent un mot pour rire : René Pelletier, 96 ans, publie ses mémoires pour que "l'on oublie pas". © Radio France - Cyrille Ardaud

Les élèves de Saint-Jean-de-Braye vont désormais apprendre une partie de l'Histoire avec les mémoires d'un habitant de la commune. Avec le soutien de la ville, René Pelletier, 96 ans vient d'éditer ses mémoires. Dans un livre de 80 pages, il retrace ses deux années passées dans le camp nazi de Mauthausen en Autriche. Les 250 exemplaires du livre ont été distribués dans des établissements scolaires et à la bibliothèque.

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Détenu à Compiègne avant d'être envoyé en Autriche

Pour René Pelletier, l'enfer commence en avril 1943, il a alors 20 ans. Le jeune Orléanais est convoqué au bureau du Service du Travail Obligatoire en vue de son départ en Allemagne.  "Je me présente avec la ferme intention de ne pas partir" écrit-il dans les premières pages. Une fois sur place, il ne parvient pas à se contrôler, se dispute avec les officiers, détruit plusieurs documents et parvient à s'enfuir. Il sera rattrapé et arrêté peu après par la Gestapo. Là, il sera emprisonné puis envoyé dans le camp de Compiègne (Oise) où il reste quelques semaines avant d'être déporté en Autriche.

"Des souvenirs, il y en a de trop..."

Le voyage en train va durer trois jours, dans des conditions épouvantables. Plusieurs personnes n'y survivront pas. Les mois suivants seront à l'image de ce convoi : la faim permanente (pour seuls repas, une soupe très claire et un petit morceau de pain), la peur des Blockführer (des prisonniers de droits communs chargés de surveiller les baraquements) et des SS. 

Mais aussi l'absence totale d'hygiène et de confort (les prisonniers dorment à 400 dans une pièce de 100 m²), les interminables journées de travail et la mort partout autour d'eux. La moitié des déportés au camp de Mauthausen ne reviendront pas. "Des souvenirs, il y en a de trop..." confie René Pelletier mais celui qui l'a le plus marqué c'est : "Le rassemblement, plusieurs fois par jour. Tout le monde était compté et il ne fallait pas qu'une personne manque à l'appel, sinon on restait des heures au garde-à-vous, il ne fallait pas bouger. Nous étions condamnés par des surhommes, et nous, nous étions des sous-hommes."

"C'est le sport qui m'a sauvé"

Malgré quelques maladies, René Pelletier survit à sa détention, et selon lui ce n'est pas complètement dû au hasard : "C'est parce que j'étais un grand sportif. J'étais un champion de natation, je jouais au rugby. C'est le sport qui m'a sauvé, je n'avais peur de rien !"

Le camp de Mauthausen est libéré en mai 1945, les survivants seront rapatriés par la Croix-Rouge. René Pelletier s'installe à Saint-Jean-de-Braye et reprend le travail en décembre de la même année. Dans les années 1950 il a envie de coucher ses souvenirs sur papier : "Je travaillais dans un bureau alors je me suis dit que j'arriverais facilement à trouver un peu de temps dans la journée pour écrire."

Il gardera secret son livre pendant plusieurs années, avant de le partager à ses proches. Dans le même temps il est invité par des établissements scolaires pour témoigner auprès des élèves : "Ils sont émus mais je ne sais pas s'ils arrivent à y croire. Ce n'est pas possible d'imaginer ce qui a pu se passer là-bas."

Pour ne pas oublier

Son livre, les nombreuses rencontres avec les enfants, René Pelletier l'a fait pour une même raison : "Ne plus jamais revoir ce que j'ai vu et surtout, que ceux qui viendront après moi n'oublient pas ce qu'il s'est passé dans les camps nazis."

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