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Le confinement amplifie le phénomène de décrochage scolaire des étudiants de Poitou-Charentes

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En Poitou-Charentes, environ 30% des étudiants de première année de licence, toutes filières confondues, ne se sont pas connectés sur les plateformes de cours en ligne depuis le début du confinement.

Près d'un étudiant sur trois en Poitou-Charentes ne se connecte plus sur la plateforme de cours en ligne de son université. Près d'un étudiant sur trois en Poitou-Charentes ne se connecte plus sur la plateforme de cours en ligne de son université.
Près d'un étudiant sur trois en Poitou-Charentes ne se connecte plus sur la plateforme de cours en ligne de son université. © Maxppp - Laurent THEVENOT

Suivre des cours à distance pendant le confinement peut s'avérer très compliqué. A La Rochelle comme à Poitiers, environ 30% des étudiants en première année de licence ne se connectent plus sur les plateformes de cours en ligne depuis la mise en place du confinement, le 17 mars dernier. 

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Un décrochage scolaire dû à deux raisons principales selon Yves Jean, président de l'université de Poitiers.

D'une part, nous sommes dans une académie rurale avec des zones blanches où les étudiants n'ont pas accès à internet. D'autre part, certains d'entre eux n'évoluent pas dans un milieu social leur permettant de disposer de conditions favorables pour étudier à distance.

Le président de l'université de Poitiers ajoute que la majorité de ces étudiants "décrocheurs" faisaient déjà face à des difficultés lorsque les cours étaient encore donnés en présentiel. Il estime que la crise sanitaire actuelle ne fait "qu'accentuer les inégalités sociales". Pour lutter contre ce décrochage scolaire, l'université de La Rochelle a lancé un dispositif d'appels massif. 

Le sentiment d'être livré à soi-même

Environ 80 enseignants et membres du personnel de l'université de La Rochelle ont passé une semaine a tenter de joindre les 1 400 étudiants de première année de licence pour prendre de leurs nouvelles, comme Romane Gony, 20 ans.

Pour cette étudiante, l'arrivée à la faculté, au mois de septembre dernier, avait déjà été compliquée. "C'est très différent du lycée et ça ne convient pas à tout le monde", confie-t-elle. Avec seulement dix à vingt heures de cours en moyenne chaque semaine et le fait d’apprendre à travailler seule, elle se sent "livrée à elle-même". Une situation qui a empiré avec le confinement.

Au début du confinement, je le vivais mal. J'étais seule chez moi et je commençais à avoir un mauvais rythme de vie, en me couchant et me levant très tard. Je n'avais pas du tout la motivation de travailler.

Pour parvenir à se concentrer, étudier et réviser correctement, Romane dit avoir besoin d'un "cadre structuré", avec des enseignants, mais aussi d'être entourée.

1 400 étudiants rochelais appelés par l'université

Les deux premières semaines de confinement ont été difficiles pour Romane, jusqu’au jour où elle a reçu un appel de La Rochelle Université.

J'ai été contactée par une femme qui m'a demandé comment j'allais et comment les cours se passaient. Vu les circonstances, je lui ai demandé si je pouvais rentrer chez mes parents, à Saint-Jean-d'Angély, pour le reste du confinement. Et elle m'a dit que si ça pouvait m'aider à travailler, alors d'accord. 

A l'issue de cet entretien, Romane se dit contente mais également réconfortée. Un sentiment partagé par la centaine d’étudiants contactés pas Pascal Génot. Le responsable du pôle orientation et insertion de l’université de La Rochelle assure qu'ils ont particulièrement apprécié le "côté humain" de ces appels.

Prêts de clés 4G et ordinateurs portables

Chaque appel durait entre cinq et dix minutes. Et jusqu'à vingt minutes, si la situation le nécessitait. Pascal Génot prenait d'abord de leurs nouvelles, avant de leur poser des questions d'ordre technique.

Si les étudiants avaient une mauvaise connexion internet ou s'ils n'avaient pas d'ordinateur pour pouvoir accéder aux cours en ligne, nous avons pu réagir rapidement et leur envoyer une clé 4G voire un ordinateur portable. 

Malgré les efforts déployés par l’université, près d’un étudiant sur trois n’a jamais répondu ni aux appels, ni aux SMS, estime son président, Jean-Marc Ogier.

La période du confinement joue le rôle d'amplificateur dans le processus de décrochage. Mais je suis convaincu que le fait d'être allé chercher les étudiants individuellement va aider à lutter contre le décrochage de certains.

Jean-Marc Ogier ne peut, pour l'heure, établir un bilan quant à l'efficacité de ce dispositif d'appels. Mais il envisage d'ores et déjà d’institutionnaliser cette démarche. Confinement ou pas, il aimerait désormais que l’ensemble des étudiants soient appelés tous les trois ou quatre mois, pour éviter le décrochage et pouvoir les réorienter si besoin.

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