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Le bac version Blanquer : "une pression excessive en début d'année" pour le délégué départemental SNES-FSU

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A quelques jours de la fin du bac et de la fin de l'année scolaire, Florian Stocker, secrétaire départemental du SNES-FSU en Isère est l'invité de France Bleu pour faire un point sur cette première année pleine "post réforme Blanquer".

Salle de classe dans un lycée - Illustration Salle de classe dans un lycée - Illustration
Salle de classe dans un lycée - Illustration © Radio France

Covid et mise en place progressive aidant, cette année scolaire 2022-2023 est la première année au cours de laquelle s'applique pleinement la réforme du bac telle que voulue par l'ancien ministre de l'éducation nationale Jean-Michel Blanquer. Qu'est-ce que ça donne sur le terrain ? On en parle avec Florian Stocker, enseignant en science et vie de la terre (SVT) à Vienne et secrétaire départemental SNES-FSU en Isère.

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France Bleu Isère : Florian Stocker, il a beaucoup été question en mars-avril, de ces élèves qui dessertaient les établissement, assurés déjà d'avoir le bac. C'est quelque chose que vous avez constaté de votre côté ?

Florian Stocker : Oui, c'est effectivement le cas qu'on a chez certains élèves. Ceux qui avaient le plus de difficulté à être déjà réguliers dans leur travail, on va dire, et présents au lycée, sont ceux qui en sont le plus victimes. Ensuite, on peut aussi voir chez des bons élèves, qui sont présents jusqu'à la fin de l'année, qu'ils sont physiquement présents mais qu'ils ont des fois un peu la tête ailleurs. Donc c'est vrai qu'il y a une difficulté puisqu'on est censé terminer le programme de l'année scolaire, qui a été découpée en deux entre la partie à faire pour les écrits du bac et la partie à faire après. On voit que c'est très difficile quand même de les impliquer et de se projeter dans la poursuite des études.

C'est ce qui est le plus gênant finalement dans l'application de cette réforme ?

C'est vrai qu'on a du coup une pression qui est excessive en début d'année où les programmes qui sont indispensables pour les écrits sont un peu faits à marche forcée, c'est à dire qu'on n'a pas le temps de revenir en arrière. Ce qui fait que si l'élève a de la chance, qu'il suit parfaitement, ça se passe bien pour lui. Si on tombe sur un élève qui a besoin d'un peu de soutien, d'accompagnement là, on n'a pas du tout le temps de s'attarder. Donc du coup, à la fin, il n'y a plus que le week-end ou la nuit pour travailler. Ce n'est pas satisfaisant pour les élèves. Donc on passe d'une phase de très grosse pression, très rythmée, à une phase où d'un coup, ça décompresse et c'est difficile à gérer pour les élèves. Nous, pédagogiquement, on préférait avant quand on avait les épreuves en fin d'année, une épreuve qui était certificative, qui disait "ok, vous avez acquis un niveau". Maintenant on évalue les acquis des élèves à la fin de la fin d'un cycle de deux ans. Au final, on évalue le contrôle continu, c'est à dire non seulement le résultat des élèves, mais vraiment, au final, ce qu'ils savent déjà travailler.

Et est ce qu'il y a quand même, dans cette réforme, des choses un peu qualifiantes ? Le grand oral c'est une épreuve positive ?

Alors il y a des bons côtés parce qu'effectivement, la pratique de l'oral. Alors, c'est quelque chose qu'on pouvait déjà travailler avant. Ce qui est un peu frustrant pour nous, au final, c'est peut être le peu d'enjeux qu'elle représente pour les élèves. C'est à dire que c'est censé être un "grand oral", certes il y a 10% de coefficient, mais l'épreuve est relativement courte et peu soutenue. C'est vrai qu'à titre de professeur de sciences moi je regrette un petit peu les travaux pratiques encadrés qui existaient avant où on avait un oral, mais avec des supports et de l'argumentation fournis. Parce que c'est vrai que là, on est des fois un petit peu dans le discours facile à l'oral et pas forcément dans le travail sur l'argumentation et qu'est-ce qu'un argument ce qui est très important en sciences, comme on a pu le voir ces dernières années. Une bonne compréhension des sciences et des arguments, ça peut faciliter les débats ultérieurs.

Il n'y a pas que le bac dans la vie. Est ce que vous avez passé finalement une bonne année en tant qu'enseignant ? On a parlé notamment d'augmentation de salaire, de revalorisation. Vous l'avez pris comment ?

C'est un bon début, on va dire. C'est à dire qu'effectivement, il y a un début de prise de conscience de la part du ministère, que les enseignants sont effectivement sous payés puisque on peut rappeler les chiffres : dans les années 80, on commençait à deux fois le SMIC en début de carrière, aujourd'hui on est à 1,05 si je ne dis pas de bêtises. Donc effectivement, on commençait à vraiment sentir le déclassement chez les enseignants. Alors le problème de la revalorisation promise par le ministère, c'est que on a une première part qui se fait, qui est pour tous, ça c'est une bonne nouvelle. Le problème c'est qu'elle se fait sur des primes. Donc on entend déjà des personnels du gouvernement nous annoncer qu'il va déjà falloir une prochaine réforme des retraites parce que le problème c'est que les primes ne se comptent pas dans les cotisations sociales. Ensuite, il y a un deuxième aspect qui est ce qu'on appelle le "pacte" qui passe très mal chez les enseignants...

Pour être payé plus il faut travailler plus c'est ça ?

Exactement. Sauf que le ministère lui même, l'année dernière, dans une étude nous disait que les enseignants travaillent déjà entre 35 et 65 h avec une moyenne à 43 h par semaine. Donc nous, ce qu'on reproche à ça, c'est que non seulement on est déjà largement sous l'eau. Quand vous demandez à beaucoup d'enseignants, ils sont en général la plupart à dire qu'ils trouvent que c'est dur de tenir le rythme actuellement. D'autant plus avec le rythme des réformes qui s'enchaînent et qui sont modifiés chaque année. Parce que faut pas oublier aussi la grande précarité dans laquelle s'est faite la réforme Blanquer par exemple. Elle n'a pas été consultée et il a fallu improviser chaque année et corriger les erreurs de tir qui n'avaient pas été pensées en amont

Effectivement les réformes sont fréquentes dans l'éducation nationale, et d'autres arrivent ?

Nous, on a eu un exemple en sciences, avec également des réformes des épreuves pratiques. Au collège, on change le programme sans consultation, on supprime une discipline sans avertir personne. Donc, au delà des conséquences terribles pour les personnels qui découvrent que leur poste va être supprimé, on a aussi une absence de réflexion sur le long terme. Quel est l'objectif pédagogique du cursus du collège, du coup celui du lycée. Et au final, c'est aux chefs d'établissement et aux équipes pédagogiques de compenser cette improvisation.

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